L'Histoire est ponctuée de blancs ; et des pages entières sont encore à réécrire, pour que justice se fasse et que la vérité, bien souvent occultée pour des raisons obscures, ou tout simplement évidentes, soit rétablie, par devoir de mémoire, afin que l'avenir, puisse puiser dans le passé, le ferment de l'espoir toujours à rétablir, tant qu'il y aura des conflits dans le monde, dont l'humanité a assez payé le prix, et le prix fort... Pour la mémoire, il convient de ne pas oublier. Il a fallu attendre, la sortie du film de Rachid Bouchareb ; « Indigènes » en 2006 et le geste courageux et conséquent de Jacques Chirac, alors président de la République française, pour qu'il y ait, par exemple, après tant d'années d'iniquité, revalorisation des pensions des anciens combattants des ex-colonies. Chirac parlera alors d'un « acte de justice et de reconnaissance envers tous ceux qui sont venus de l'ex-empire français combattre sous notre drapeau... ». En cette année 2014 qui marque les débuts des commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale, revisiter l'histoire, la grande, à rebours, c'est permettre notamment aux jeunes générations de comprendre, ce qui s'est réellement passé, qui fonde leur appartenance à la grande nation des Hommes, puisque toute paix n'est possible que lorsque tous les murs de l'incompréhension seront tombés. « Abdallah, Tirailleur Tunisien en 14/18 », livre conçu par des élèves de la Seconde du Lycée Gustave Flaubert -(La Marsa)- sous la férule de leur professeur Monsieur Pierre Emmanuel-Gillet en est une belle illustration. Dédié « Aux combattants tunisiens de la Première Guerre mondiale », l'ouvrage vient rendre hommage, à travers l'histoire de Abdallah Ben Ahmed Ben Belgacem et ses frères d'armes, à tous les tirailleurs, zouaves et spahis tunisiens, et plus particulièrement ici au 8ème régiment de marche de Tirailleurs, tombés pour la France. Aujourd'hui, et comme le dira dans sa préface, l'Ambassadeur, son Excellence Monsieur François Gouyette : « ce livre permet d'imaginer les efforts et les sacrifices accomplis par ces hommes, à des milliers de kilomètres de chez eux, pour combattre dans un pays où ils ne sont pas nés, engagés dans une guerre dont ils ignoraient tout. Ces hommes ont aidé la France à retrouver sa souveraineté, ses valeurs et sa fierté. Elle en est éternellement reconnaissante ». Pour contrer l'oubli, cette publication qui prend également en compte la mémoire vivante, la mémoire familiale ainsi que la mémoire nationale, ne manque pas de mettre en exergue des lieux de mémoire, tels que le Carré musulman de la nécropole nationale de Douaumont, où sont enterrés les tirailleurs tunisiens « Morts pour la France », lesquels reposent également dans quinze autres nécropoles, à l'instar de la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette dans le Pas-de-Calais. Réalisé avec le concours de l'Ambassade de France en Tunisie, l'Institut Français de Coopération à Tunis, l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), l'Office National des Anciens Combattants et victimes de guerre (ONAC) et l'Etablissement Régional de La Marsa, ce présent ouvrage permet de mesurer, à l'aune du chemin parcouru, combien il importe de ne pas tourner le dos à sa propre histoire, chacun à sa mesure, pour pouvoir baliser la voie à un avenir, de préférence meilleur, pour qu'il ne soit plus jamais question d'un « morceau de fer qui entre dans un morceau de chair... ». Manière de rappeler aussi, qu'entre la Tunisie et la France, il y a une histoire commune ; et il importe de la transmettre. Sans avoir peur de défricher les zones d'ombre...