A trois jours du scrutin présidentiel, la liste des prétendants au Palais de Carthage se rétrécit : deux autres candidats se retirent de la course. Après Abderrahmen Zouari du Mouvement destourien et Mohamed Hamdi de l'Alliance démocratique, c'est au tour des candidats indépendants Noureddine Hached et Mustapha Kamel Nabli de déclarer forfait. Alors que la campagne électorale entre dans sa dernière ligne droite, ce retrait aussi subit que surprenant suscite des interrogations. Pourquoi maintenant après avoir dépensé tant d'efforts et d'énergie ? Quelles sont les motivations des réfractaires et à qui profite leur retrait de la course ? A vrai dire et les deux candidats l'auraient constaté par eux-mêmes, un indépendant a peu de chances de tenir tête, et encore moins de battre les candidats de partis, disposant de moyens, d'une machine électorale huilée et d'assise électorale conséquente. C'est donc la hantise de l'échec, la peur de sortir la tête basse d'une course sur laquelle ils auraient bâti tant d'espoirs qui seraient derrière leur décision ? Ça pourrait être l'une des raisons, sinon la raison principale. Mais aussi Noureddine Hached que Mustapha Kamel Nebli évoquent d'autres motivations et avancent d'autres explications. Elles tournent essentiellement autour des risques de la bipolarisation, des dérapages de la campagne électorale, du rôle de l'argent dans l'orientation de l'opinion publique. Noureddine Hached va jusqu'à brosser un tableau sinistre, manifestant son pessimisme et ses doutes quant à la réussite de la transition démocratique, mais il ne va pas jusqu'à donner des consignes de vote. Sachant qu'il n'a pas d'électorat, il se limite à lancer un appel à chaque citoyen pour faire le bon choix le jour du scrutin. Ce n'est pas le cas de Mustapha Kamel Nabli qui, lui, soutiendrait selon certaines indiscrétions Béji Caïd Essebsi,le candidat de Nidaâ Tounès. C'est cette décision, justement qui alimente les spéculations. Mustapha Kamel Nabli aurait-il choisi le bon moment pour se redéployer sur la scène politique, sachant que ses chances pour accéder à la présidence sont minimes ? C'est fort probable, d'autant plus que cette stratégie lui offre l'opportunité de s'attaquer au candidat qu'il ne porte pas dans son cœur tout en gagnant la faveur de Beji Caïd Essebsi qui ne manquerait pas de penser à lui lors de la formation du prochain gouvernement. Le retrait de Noureddine Hached et de Mustapha Kamel Nabli est perçu en tout cas comme un acte intelligent permettant au premier d'éviter une humiliation et de sauver le mythe de son père et au deuxième de se maintenir sur la scène politique sans avoir entaché sa carrière, ni compromis son avenir.