C'était hier ? C'était il y a quatre-ans, mais tout cela semble si loin... Certaines émotions ont la vie courte, ou peut-être est-ce la mémoire ? De l'eau a coulé sous les ponts, mais pas que de l'eau hélas, même si le pays, a été relativement, épargné, et qu'au bout du compte, il convient d'avouer que nous n'avons pas, à proprement dire, raté le coche. L'espoir perdure. Il serait même, à portée de mains. Cela en vrac ; dans le détail, il y a à boire et à manger, mais ne nous précipitons pas, il y en aura pour tout le monde, il faut juste que les choses prennent le temps de se décanter. Laisser du temps au temps ? La formule est éreintée mais on devra faire avec puisqu'elle tombe à pic, à chaque fois qu'il est question de revoir un chemin à rebours, histoire de remettre certaines pendules à l'heure, juste, de préférence, tout en gardant les yeux rivés sur la route, pour éviter les dérapages. Persévérance et vigilance; et c'est toute la conjoncture mondiale qui l'exige. Et s'il est vrai que la date du 14 janvier, marque un tournant dans la vie des tunisiens, qui ont tous frémi, tremblé et exulté, de la même façon il y a quatre années de cela, il n'en demeure pas moins que l'enchantement aujourd'hui n'est plus le même. Tout au moins a-t-il pris un autre visage. Quelque peu désenchanté ? Il se trouve qu'il y a eu des promesses qui n'ont pas été tenues, des secrets, inavoués qu'il faudra lever, ainsi que des mensonges, gros comme des ficelles, qu'il faudra bien dénoncer, afin que le navire ne prenne pas l'eau de toutes parts. Afin aussi que la révolution, ou « printemps tunisien » s'il en est, ait un sens. L'on pourra mesurer cela, à l'aune des nouvelles décisions qui seront prises, et qui ne concerneront, pas seulement le volet économique, ou social -et c'est déjà deux chantiers énormes en soi-, mais aussi le volet éducatif et culturel. Nous avons trop pris l'habitude de niveler par le bas ; c'est simple, ça ne coûte rien, et ça serait même de tout repos, jusqu'à ce que cela nous p... à la figure. Et c'est alors que l'on prend la mesure de toutes les failles qu'il faudra colmater au plus vite, avant qu'elles ne s'élargissent dangereusement. Il faudra donc choisir un mode opératoire aux antipodes, et envisager l'éducation, et son corollaire la culture, comme étant les meilleurs antidotes à tous les extrémismes, avant que le travail de sape ne fasse son sale boulot, traitreusement, le terreau étant devenu favorable à son extension. La Tunisie d'aujourd'hui est encore, largement solvable. Il faut qu'elle le devienne encore plus demain. Pour que le 14 janvier 2011 ne devienne pas soluble dans l'eau. Pour que nos martyrs ne soient pas tombés pour rien. Pour que nous n'ayons pas honte de regarder nos enfants dans les yeux. Ils sont la Tunisie de demain...