Selon les riverains de la Médina, du côté de Bab Mnara et les alentours, les ruelles et les culs-de-sac sont des parcs de détente...pour les junkies et différents accrocs qui se livrent sans se gêner à leur rituel au vu et su et de tout le monde. La zone est tellement complexe et imbriquée que le contrôle total est impossible. Ce qui laisse aux accros de certaines substances le temps et la planque pour se mettre à l'aise.
Plus exactement à l'entrée du souk El Blat, qui au hasard des choses est le souk des herbes médicinales et autres plantes, dans les indéfinies ruelles de ce labyrinthe qu'est la vieille cité, se situe le point de rencontre de ces jeunes et moins jeunes. Un endroit stratégique puisque c'est aussi l'accès au chemin qui mène aux différents lieux de la Médina tels que Dar Hassine et Dar Ben Abdallah. Dans la Médina, l'expression « tous les chemins mènent à Rome » est plus que vraie puisque chaque coin de rue, chaque tournant peut être le passage à multiples endroits et chaque place à plusieurs chemins possibles. Beaucoup de gens empruntent donc les rues de la Médina, en plus des habitants, pour éviter les détours et trouver des raccourcis. Le passant qui emprunte ce chemin assez souvent, remarque tout de suite la dizaine de personnes, parfois moins, claquées un peu partout contre les murs et dans les coins. L'état anormal de ces gens est clair, les traces de leurs activités aussi. Selon le témoignage d'un habitant de Bab Mnara, il y a de tout : la colle, les seringues avec ce qu'elles peuvent contenir, les psychotropes, l'herbe et les drogues dures. Ustensiles et matériel utilisés sont souvent mis en évidence et le passant peut facilement les voir. Surtout que ces gens se livrent aussi à leurs pratiques en plein jour ! Il n'est pas rare de rencontrer un junkie au pied du mur savourant encore la dernière seconde d'extase. C'est fréquent aussi de voir les seringues usées jetées par terre. La nuit, la vieille cité devient le lieu de tous les dangers. Ruelles sombres et crasseuses, chemins déserts qui offrent aux délinquants un havre de plaisirs artificiels mais constituent en même temps un facteur d'insécurité et de trouble public. Les effets dangereux des substances toxiques ne nécessitent pas un exposé et les incidents peuvent surgir à tout moment : vol, agression, viol...Une habitante du quartier proche de Souk El Blat a porté plainte contre ces jeunes squatteurs parce qu'ils terrorisent les passants par leur simple présence. Heureusement, ces derniers jours, des rondes de police ont été effectuées et le phénomène s'est un peu calmé mais ces gens continuent encore de semer le dégoût et la frayeur des riverains. Leur nombre a bien baissé suite aux contrôles mais les rues imbriquées de la ville rendent la mission impossible. Selon le même habitant, à chaque fois, ils squattent un autre coin et reprennent les mêmes activités. Certaines rues sont connues des Forces de l'ordre et sont souvent contrôlées comme la rue Chaker, mais les autres petits recoins et les culs-de-sac sont nombreux. Cela gâche vraiment l'image de la Médina qui accueille plusieurs manifestations culturelles et qui séduit beaucoup de visiteurs avec son charme incomparable. Déjà que beaucoup de personnes ont remarqué le manque d'entretien de la ville, avec les déchets domestiques, les résidus en tout genre et la puanteur de certaines rues. L'absence d'indication ou d'orientation est aussi un défaut majeur dans une zone comme la Médina qui n'est déchiffrable que pour les connaisseurs. Imaginons la situation d'une personne cherchant Dar Hassine à sept heures du soir et se retrouve par malchance égarée dans l'une de ces ruelles en compagnie des junkies et autres énergumènes ! Après un mois de festival de la Médina majoritairement célébré dans les hauts lieux de la Médina, on se rend compte qu'il y a encore à faire au niveau de l'entretien et de la sauvegarde malgré tous les efforts accomplis dans ce sens. C'est bien de se prévaloir à chaque occasion de la valeur historique et culturelle de la Médina, encore faut-il la préserver.