L'instauration d'une vision claire pour la prochaine période et l'institution de réformes sur les long et moyen termes, sont inévitables pour assurer un meilleur avenir de la Tunisie a estimé Habib Essid, chef du gouvernement. Parallèlement, il y a lieu de prendre des mesures urgentes à même de résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté, notamment, sur les plans sécuritaire, économique, social et environnemental, a ajouté Essid, au cours d'une séance plénière de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), tenue hier, au Bardo et consacrée au dialogue avec le gouvernement. «Il est important de mettre en place un nouveau modèle de développement pour le prochain quinquennat, d'autant que les différentes études ont montré que le modèle adopté ne répond pas aux besoins économiques et sociaux sans cesse croissants», a-t-il avancé. Le chef du gouvernement, qui était accompagné de l'équipe minsitérielle, a indiqué que le shéma escompté devra être fondé sur les activités à forte valeur ajoutée dans les secteurs de l'agriculture, de l'industrie, du tourisme, des services et autres ainsi que sur les domaines à fort contenu technologique, tels que les technologies de la communication et l'économie numérique. La réalisation de la transition économique, a-t-il dit, doit être axée sur l'investissement dans les valeurs sûres dont notamment les ressources humaines, outre la consolidation de l'infrastructure de base et le développement de la recherche scientifique. Les efforts devront être concentrés, également, sur l'impulsion des investissements publics structurants et la consolidation des réformes horizontales et sectorielles. L'objectif recherché étant de permettre à l'économie nationale de faire face à la concurrence et d'attirer plus d'investissements et de capitaux. Essid a estimé que la phase de sauvetage reste indispensable afin de passer à celle de la relance de l'économie et des finances publiques ainsi qu'à une redynamisation des différents secteurs. «Le gouvernement n'a pas de baguette magique capable de régler du jour au lendemain ces problèmes ardus», a souligné le chef du gouvernement. Et de poursuivre «nous sommes toutefois déterminés à rendre aux Tunisiens l'espoir et la confiance en le présent et l'avenir ». Essid a, par ailleurs, évoqué l'approche adoptée par son gouvernement et qui consiste en des dispositions urgentes et immédiates en plus de l'élaboration d'un plan d'avenir basé sur des réformes profondes et structurelles inscrites dans le cadre d'une vision et objectifs clairs. Les ministres procèdent actuellement à la présentation et l'analyse des dispositions et programmes de chaque département dans le cadre de conférences de presse, a-t-il ajouté. Le chef du gouvernement a précisé que les membres du gouvernement ont entamé leurs visites dans les différentes régions du pays, ajoutant que ces visites se poursuivront au cours des prochaines semaines. Essid a, par ailleurs, affirmé que son gouvernement a d'ores et déjà entamé l'examen des problèmes économiques dans toutes les régions du pays, et ce, dans le cadre de conseils ministériels tenus afin d'identifier des solutions à même de surmonter les obstacles qui entravent la réalisation des projets programmés dans ces régions. Le gouvernement accorde une grande importance au secteur de l'infrastructure de base, eu égard à son rôle dans la stimulation des investissements, la création de projets et l'amélioration des conditions de vie, a encore souligné le chef du gouvernement. S'agissant du secteur environnemental, Essid a soutenu que son gouvernement a déjà engagé l'exécution d'un programme visant à éliminer les décharges anarchiques et régler le problème des déchets dans l'île de Djerba. Au cours des prochains mois, une unité d'emballage sous pression des déchets sera créée, moyennant un investissement de 2,6 millions de dinars. Concernant le secteur industriel, le chef du gouvernement a déclaré que le gouvernement a adopté un nombre de dispositions urgentes, dont l'accélération du rythme d'investissement, l'encadrement des PME à travers un programme de restructuration financière des entreprises en difficulté matérielles conjoncturelles. Concrètement, il s'agit d'actualiser les interventions du fonds d'appui aux PME en difficultés financières, sachant que 50 entreprises sont ciblées au cours des 100 premiers du gouvernement, a-t-il encore expliqué. Les mêmes dispositions prévoient la mise en place d'un nouveau programme visant à assurer et accélérer la réalisation d'environ 600 projets déclarés auprès de l'agence de promotion de l'industrie et de l'innovation (APII) dans 10 gouvernorats de l'intérieur, outre la mise en place d'une cellule nationale au niveau du département de l'industrie, de l'énergie et des mines chargée d'encadrer environ 300 PME. * Lutte antiterroriste Priorités : La récupération des mosquées et la protection des frontières Le chef du gouvernement Habib Essid a affirmé que son cabinet redoublera d'efforts en matière de lutte antiterroriste, à travers la mobilisation de tous les moyens disponibles. Depuis sa prise de fonction, le gouvernement n'a pas manqué de soutenir le travail sécuritaire, à travers le renforcement de la coordination et de la complémentarité entre les institutions sécuritaire et militaire. Il a passé en revue les principales priorités du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme. Il s'agit pour l'essentiel de reprendre le contrôle des mosquées, de protéger les frontières et de développer les législations y afférentes. Il a indiqué que le gouvernement poursuivra ses actions afin de traiter à la racine le terrorisme et de récupérer toutes les mosquées hors contrôle qui continuent à diffuser un discours takfiriste incitant à la haine. Habib Essid a averti qu'en cas où leur situation n'est pas régularisée dans les délais, les mosquées construites sans autorisation et de façon anarchique risquent la fermeture. La prochaine période sera marquée par le parachèvement de la première phase du plan de renforcement du dispositif de défense entre Ras Jedir et Dhéhiba, a-t-il par ailleurs, assuré. Objectif, améliorer les capacités opérationnelles des unités de l'Armée nationale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et protéger la frontière avec la Libye. Le gouvernement a, également, décidé de renforcer la protection des zones touristiques sur tout le territoire et d'élargir le tissu sécuritaire pour couvrir tous les établissements publics et les régions sensibles et parfaire le contrôle au niveau des points d'entrée et sortie des villes. Des réunions périodiques au niveau central et régional entre les institutions sécuritaire et militaire ont été décidées par le gouvernement, a indiqué Habib Essid dans son allocution. Il a évoqué, dans ce sens, la mesure relative au renouvellement du dispositif de contrôle de la bande frontalière avec la Libye à travers l'installation d'obstacles matériels. Abordant le volet législatif, Habib Essid a rappelé l'approbation, récemment, par le gouvernement du projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent avant de le soumettre au parlement pour adoption. Il a annoncé que le gouvernement présentera dans les jours qui viennent un projet de loi relatif à la répression des agressions contre les forces de sécurité intérieure et les militaires. Et de noter que le maintien de l'ordre et de la stabilité constituent les principaux défis qui se posent, aujourd'hui, au regard des menaces terroristes et de la situation dans la région. Le terrorisme, a-t-il tenu à préciser, est un phénomène régional et international transfrontalier et transcontinental. Pour Essid, la guerre contre le terrorisme est un combat de long souffle qui demande du sacrifice, de la vigilance continue, de la promptitude ainsi que l'unité nationale. La dernière attaque terroriste qui a visé le Musée du Bardo alerte sur les grandes menaces qui pèsent sur la patrie, a-t-il encore relevé. * Enquête exhaustive sur l'opération terroriste au Musée du Bardo Le chef du gouvernement Habib Essid a indiqué que son cabinet a mené une enquête exhaustive sur les circonstances de l'opération terroriste visant le Musée du Bardo, a évalué les erreurs et les manquements commis et pris les mesures qui s'imposent. Dans son allocution, hier, à l'Assemblée des représentants du peuple, Habib Essid a déclaré que « la réponse à cette attaque terroriste lâche a été rapide et tranchante» à travers « l'opération qualitative menée par les unités de la Garde nationale à Sidi Aich à Gafsa ». Il a relevé que les forces armées ont réussi à mener des opérations anticipatives qui ont permis le démantèlement de cellules terroristes dormantes, l'arrestation de dizaines de terroristes et la neutralisation d'éléments terroristes dangereux ainsi que la découverte de caches d'armes de guerre. Le chef du gouvernement a rendu hommage aux héros des institutions militaire et sécuritaire dans leur lutte antiterroriste, saluant les grands sacrifices consentis dans la protection des institutions de la République et la préservation de l'intégrité du pays. Il a, également, salué la mobilisation des Tunisiens, des partis et de la société civile contre le terrorisme, évoquant les marches populaires organisées dans les différentes régions du pays à la suite de l'attaque du Musée du Bardo, dont la marche imposante organisée dimanche dernier et à laquelle ont pris part des dirigeants de pays frères et amis, venus manifester leur solidarité avec la Tunisie. * Asseoir un climat social sain Des négociations sociales au titre des années 2015 et 2016 démarreront bientôt, a annoncé hierle chef du gouvernement Habib Essid. Il a ajouté que les négociations avec l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) se poursuivent sur les majorations salariales pour les agents de la fonction publique et des établissements publics au titre de 2014. Le gouvernement a également décidé une série de mesures à caractère social dans les domaines des logement sociaux, dela santé et de la prise en charge des familles démunies et des catégories à besoins spécifiques. « Le gouvernement a placé en tête de ses priorités la préservation du pouvoir d'achat », a-t-il soutenu. Habib Essid a affirmé, dans ce cadre, l'engagement à activer les conventions signées avec l'UGTT, notant que ses incidences financières ont atteint 210 millions de dinars. La prochaine étape commande de stopper la dégradation des conditions sociales et l'hémorragie qui menacent plusieurs secteurs et activités, a-t-il préconisé. Le chef du gouvernement a rappelé que le déficit des caisses sociales a atteint aujourd'hui 1100 millions de dinars et que le taux de chômage chez les diplômés du supérieur s'élève à 32 pc de l'ensemble des sans emplois. Asseoir un climat social sain constitue une priorité pressante et une condition nécessaire au travail, à la production, à l'incitation de l'investissement et à la création de projets, a-t-il insisté.