Le Temps-Agences - Douze soldats turcs et 23 rebelles kurdes ont été tués lors de combats près de la frontière irakienne hier, une des journées les plus meurtrières dans la campagne séparatiste qui dure depuis 23 ans dans le sud-est anatolien. L'attaque menée par des militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, considéré comme terroriste par la Turquie, l'UE et les Etats-Unis) a eu lieu quatre jours seulement après le feu vert du parlement turc autorisant, si nécessaire, des incursions militaires en Irak, base arrière des séparatistes. Un porte-parole du PKK à Erbil, dans le Kurdistan irakien, a affirmé qu'un groupe de soldats turcs avait été capturé au cours des combats. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a aussitôt convoqué une réunion de hauts responsables civils et militaires, hier soir, à Ankara sous la direction du président Abdullah Gül, pour décider d'une riposte à cette attaque. "Nous déciderons après cette réunion quel genre de mesures nous adopterons", a déclaré M. Erdogan à la presse à Istanbul après avoir voté dans un référendum constitutionnel. Le chef de l'état-major général, le général Yasar Büyükanit, ainsi que d'autres militaires de haut rang et des ministres devaient participer à la réunion, a-t-il expliqué. "En ce qui concerne l'opération transfrontalière, nous prendrons toutes les mesures nécessaires dans le cadre de l'autorisation" donnée par le Parlement, a déclaré M. Erdogan. Il a néanmoins laissé entendre que la réaction d'Ankara ne serait pas précipitée, déplorant les informations "alarmistes" des médias turcs après l'attaque du PKK et assurant : "nous agirons l'esprit calme". Les combats ont été déclenchés par l'attaque d'un grand nombre de séparatistes contre une patrouille dans les premières heures d'hier, a affirmé l'état-major dans un communiqué publié sur son site internet. Les heurts continuent, des militaires "poursuivant les terroristes" avec le soutien d'hélicoptères de combat et l'artillerie lourde pilonnant "63 cibles en coordination avec les mouvements de troupes", précise le communiqué. Un précédent bilan fourni dans la région faisait état, sans mentionner les pertes du PKK, de 16 soldats tués, 17 blessés et une dizaine disparus près du village de Daglica, dans une région montagneuse de la province d'Hakkari limitrophe du territoire irakien. Une dizaine de civils ont été blessées par l'explosion d'une mine au passage du minibus dans lequel ils voyageaient, à l'approche de Daglica, selon des sources sur place. La Turquie estime que quelque 3.500 hommes armés du PKK sont basés dans le nord de l'Irak --sous contrôle d'une administration autonome kurde qu'Ankara accuse de soutenir les rebelles- où ils s'approvisionnent en armes pour lancer des attaques en territoire turc. A Bagdad, le parlement irakien a voté hier une motion condamnant la menace militaire turque, tout en exigeant le départ du PKK de l'Irak et appelant le gouvernement à prendre "les mesures appropriées". L'Iran aussi s'est prononcé hier pour un dialogue turco-irakien afin de régler le problème. "On doit utiliser la diplomatie, et le dialogue doit continuer entre l'Irak et la Turquie", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Téhéran. "Toute solution qui accroît la tension ne fera qu'aggraver la situation... même si nous estimons qu'il faut combattre les groupuscules terroristes".