Nous n'avons pas encore fait notre révolution. Celle qui vaille et qui perdure, celle qui permet d'avancer, qui prend le taureau par les cornes, tous les taureaux en fait, car nous avons bien du pain sur la planche, et tant de terrains à défricher... Nivelons par le haut, nivelons par le bas, mais nivelons : pour que quelque chose se mette en marche, qui puisse prendre forme, et déboucher sur le meilleur. Cela n'est pas un vœu pieu mais l'exigence de l'heure. Et cela tient bien souvent à un rien. A une quantité de petits « riens » qui pourraient nous dessiner un monde plus beau. Un monde à hauteur d'Homme. Qui signifie pour nous qui l'avons tant espérée, appelée de toutes nos forces, un virage à 18O°, qui soit, en dépit des apparences, en dépit de tous les écueils qui rendent le chemin plus abrupt, et la pente plus raide, non pas mortel mais salvateur. Oser un changement, mais qu'il le soit en profondeur... Tout changer pour que rien ne change ? Le « Prince de Lampedusa » avait d'autres soucis ; l'Italie aussi. Mais en vérité, ce qu'il faudra toujours traquer, jusqu'à la fin des temps, inlassablement, c'est la part « élevée » de l'âme humaine. Celle qui permet au futur d'advenir, sous la bannière d'une justice qui serait partagée, de la conscience d'une citoyenneté à cultiver, afin que chacun de nous se sente responsable, de son périmètre d'action, fut-il le plus restreint, le plus modeste, le plus insignifiant, afin qu'il lui donne les couleurs d'une aube nouvelle... Cela tient à un rien. Une infinité de « petits riens » qui peuvent changer le monde. Le nôtre. Qui peuvent contribuer à ce que notre véritable révolution advienne. Celle des esprits. Celle qui reste encore à faire...