Ce dimanche 3 mai, le mois du patrimoine connaitra un nouveau temps fort avec la gratuité des visites dans les musées et sites archéologiques. Pour ne pas "bronzer idiot" ou plutôt déambuler sans connaissances dans ces lieux de mémoire, la lecture du livre de Ammar Mahjoubi sur les cités antiques est fortement recommandée. Un classique qui envisage tous les aspects de l'héritage multiple conservé par tous nos musées... Comme chaque premier dimanche du mois, les musées et sites archéologiques seront ouverts gratuitement au public. Cette gratuité entraine généralement une grande affluence et ce week end devrait ainsi connaitre un pic dans l'animation des musées. D'une part, le musée du Bardo accueille une nouvelle édition de "Kalimet" avec la participation de nombreux invités, notamment français. D'autre part, plusieurs sites et musées viennent de connaitre des embellissements avec, surtout, le musée de Sousse qui, trois ans après sa réouverture s'est imposé comme un lieu de référence en matière de mosaiques. Pour mieux connaitre tous les sites antiques tunisiens, un ouvrage de référence est disponible dans toutes les librairies et aussi dans tous les musées. Il s'agit du livre de Ammar Mahjoubi, intitulé "Cités antiques de Tunisie et traitant de toutes les grandes villes antiques devenues aujourd'hui les principaux sites archéologiques tunisiens. Des villes numides, puniques, romaines... Pour mieux connaitre et comprendre Dougga, Bulla Regia, Sbeitla ou El Djem, "Cités antiques de Tunisie" de Ammar Mahjoubi est le livre qu'il faut avoir lu. Publié par l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle, cet ouvrage est devenu un véritable classique. Se présentant sous la forme d'un album richement illustré, le livre de Ammar Mahjoubi dit tout de l'Antiquité tunisienne en douze chapitres solidaires et richement documentés. L'ouvrage est complété par une bibliographie exhaustive et des cartes des sites archéologiques identifiés de Tunisie et qui se comptent par centaines. L'auteur est surtout connu pour ses travaux sur le Protectorat français en Tunisie. Cela ne l'empêche pas de nous donner une oeuvre de vulgarisation sur le patrimoine tunisien antique. De fait, Mahjoubi est aussi l'auteur de plusieurs travaux d'histoire ancienne et d'archéologie tout en demeurant un grand spécialiste de l'histoire du mouvement national. Clairement structuré, "Cités antiques de Tunisie" s'ouvre sur un chapitre ayant trait aux cités préromaines. L'auteur introduit ainsi la mémoire urbaine lybique et punique et permet au lecteur de mieux comprendre l'enchevêtrement historique et la succession des civilisations dans le topos tunisien. Ce sont ensuite la cité et la vie du citoyen qui sont abordées par Mahjoubi qui rend compte aussi bien du quotidien urbain que de la hiérarchisation des villes. Cet aspect est d'ailleurs amplement traité dans un chapitre à part qui envisage la société citadine dans son ensemble. Les transformations des paysages urbains sont aussi analysés et mises en valeur pour parfaire la compréhension de ce tableau global qui constitue la premiere grande section du livre. Des basiliques de Sbeitla au Capitole de Dougga L'auteur décortique ensuite toutes les composantes d'une ville romaine en Tunisie. Chaque aspect est analysé dans un chapitre et chaque chapitre constitue une démonstration qui est développée en invoquant les exemples de nos cités antiques. Mahjoubi commence par le centre civique de chaque cité, autrement dit le forum. Tout en décrivant les forums des cités tunisiennes en les replaçant dans leur contexte, l'auteur explique les différentes fonctions de ces forums. Ceci permet de mieux saisir la vie urbaine de ces villes antiques et donne aussi au lecteur la possibilité de reconstituer mentalement ces centres urbains qui devaient grouiller de vie et qui se présentent de nos jours en l'état de ruines. Après le forum, ce sont les sanctuaires qui sont décrits par Mahjoubi qui nous permet de comprendre la complexité du vécu religieux et l'omniprésence des temples dans les villes. Autour du Capitole, ce sont en effet des dizaines voire des centaines de sanctuaires qui sont parsemés dans les villes leur donnant une aura de ferveur. Temples et basiliques sont encore visibles de nos jours et donnent à des sites comme Sbeitla ou Dougga tout leur intérêt. L'auteur passe ensuite aux thermes et là encore, il parvient non seulement à retenir l'attention de son lecteur mais aussi à être nettement exhaustif. Au delà de la structure des grands bains publics, ce sont aussi les fonctions de ces établissements qui sont décortiquées. Fonctions sanitaires, sociales, sportives et même artistiques sont ainsi abordées consolidant notre compréhension de ces thermes dont la profusion pouvait faire la réputation d'une ville. D'ailleurs, la Tunisie ne posséde-t-elle pas avec les Thermes d'Antonin l'un des plus prestigieux établissements du genre dans le monde antique? Tout en présentant les thermes, Mahjoubi évoque le problémé de l'eau et introduit les solutions trouvées à l'époque pour capter et retenir l'eau. Aqueducs et citernes sont ainsi à l'ordre du jour et leur énumeration souligne une dimension insoupçonnée du patrimoine tunisien d'origine romaine. Du pain, des jeux et des spectacles... Le spectacle dans les villes antiques constitue une des grandes originalités de cet ouvrage. L'auteur consacre en effet aux spectacles de divers ordres trois chapitres entiers et nous offre un panorama complet de ce domaine en commencant par le théâtre et les spectacles scéniques. Ammar Mahjoubi nous propose d'abord de découvrir les plus grands théâtres antiques qui existent encore en Tunisie. Il se penche ensuite sur leur architecture et leur mode de fonctionnement. Enfin, il nous éclaire sur les spectacles qui y étaient donnés tout en insistant sur le décorum qui entourait les représentations. Abordant ensuite les amphithéâtres et leurs spectacles sanglants, l'auteur procéde de la même manière et offre à son lecteur un tableau saisissant de vie et de précision. Puis, c'est au tour des cirques et des spectacles de chars de compléter cette présentation véritablement exhaustive. L'ouvrage se termine avec deux derniers chapitres consacrés à l'habitat et aux édifices publics. L'auteur nous donne les clés de l'architecture privée et des demeures patriciennes. Il décode également les décorations des bâtiments publics avec leurs statues et leur épigraphie. Ce faisant, Ammar Mahjoubi sous-tend sa démonstration par l'intégration de la province d'Afrique à la civilisation de Rome et l'héritage du passé lointain numide ou punique qui marque certaines cités antiques. Outre les nombreuses informations essentielles à la compréhension des villes du passé qu'il contient, ce livre vaut également par l'imposante iconographie qui accompagne et éclaire le texte. En effet, près de 200 illustrations ponctuent cet ouvrage de 180 pages et c'est tout dire! "Cités antiques de Tunisie" est ainsi un incontournable vade mecum pour quiconque envisagerait ce dimanche ou plus tard, une visite dans les musées et parcs archéologiques de Tunisie. Un beau livre et aussi un outil de découverte...