Avec un parcours commencé en 1987, Anouar Attia s'est affirmé comme l'un des romanciers les plus féconds de ces dernières années. Angliciste de formation, il double son travail romanesque en traduisant plusieurs textes essentiels de Mahmoud Messadi ou Salah Garmadi. Son dernier roman "Les Trois Grâces" vient de lui valoir le Comar d'or 2015. Gros plan sur un écrivain à la plume débridée et au succès confirmé... Avec son nouveau roman,"Les trois Grâces", Anouar Attia vient de décrocher pour la seconde fois le Comar d'or, le prix de référence en matière de roman tunisien. Attia et les autres récipiendaires des prix Comar pour l'année 2015 seront ce soir, vendredi 8 mai à 18h30, au siège de la compagnie d'assurances, sponsor de ces prix, pour présenter leurs oeuvres. Malgré de nombreuses publications, étalées sur trois décennies, Anouar Attia demeure peu connu par le grand public. C'est que l'homme est discret et le romancier surtout investi dans son cabinet de travail. Natif de Mateur, ayant longtemps vécu à Sousse puis installé dans la capitale, Anouar Attia est d'abord un pédagogue d'une veine qu'on ne fait plus, un enseignant entré dans sa passion comme l'on entre en religion. Agrégé d'Anglais de la Sorbonne, Attia est un universitaire aujourd'hui à la retraite et pouvant donc taquiner son jardin secret: la littérature. Après avoir enseigné dans de nombreux établissements universitaires dont la prestigieuse Ecole normale supérieure et les facultés des lettres de Manouba et du 9 avril, il se consacre désormais à la littérature, donnant au public plusieurs ouvrages qui soulignent son éclectisme et sa quête perpétuelle de nouveaux horizons. Depuis la Révolution tunisienne, Anouar Attia publie ses oeuvres avec une régularité de métronome. En 2011, il nous a offert une traduction en français de la Geste hilalienne d'après le texte compilé par Mhamed Marzouki. L'année suivante, c'est l'angliciste qui revenait au premier plan avec une traduction dans la langue de Shakespeare de larges extraits de l'oeuvre de Mahmoud Messadi puis, en 2013, c'est au tour de Salah Garmadi d'être traduit en anglais par les soins de Attia. Cinq romans et une stratégie d'écriture Modèle de rigueur et de régularité, Anouar Attia publie en 2014 un ouvrage largement iconoclaste voire inclassable. Sous le titre "Séances tunisiennes", l'auteur revisite le genre arabe ancien du "maqam" pour esquisser portraits et situations dignes d'une anthologie. Peu lu, ce texte attend encore d'être découvert en ce qu'il rénove profondément notre stratégie du récit et se pose comme un contre-modèle de quasiment toute la littérature maghrébine de langue française. Pour l'année en cours, c'est avec un roman que Attia a retrouvé ses lecteurs. Intitulée "Les trois Grâces", cette œuvre vient donc de remporter le Comar d'or 2015. Structuré en trois époques, ce roman met en scène Randa, Kateb, Frida, Yasmine et Miranda, figures métaphoriques mais bien réelles, dans un chassé-croisé de correspondances, de petits carnets et d'histoires plurielles. En 250 pages, l'auteur fait revivre pans de vie, mémoire des femmes et personnages atypiques. Parfois, il n'hésite pas à donner des pages entièrement en arabe ou encore saupoudrer d'expressions en anglais son texte. Le fait est que ce livre est en quelque sorte dédié à Ali Douagi avec en exergue une citation de cet auteur " Que bénie soit ta terre Tunisie"! Et au fond, cette œuvre est un salut à une certaine forme d'esprit qui a toujours soufflé sur la Tunisie. Consécration méritée pour Anouar Attia qui a commencé son parcours de romancier en 1987 avec "De A jusqu'à T". Depuis, cet auteur majeur de notre littérature de langue française a publié quatre autres romans qui sont "Hayet ou la passion d'elles" (2002), "L'histoire et la chair"(2009), "Tunisie Rhapsodie" (2010) et "Les Trois grâces" qui vient de paraître et de se distinguer. Notons en conclusion la fidélité de Anouar Attia à Mohamed Salah Rassaa et aux éditions Sahar qui accompagnent depuis 2009 son parcours de romancier et de traducteur.