La soirée du jeudi 14 mai 2015 était tout simplement exquise ! Tous les ingrédients étaient là pour que le concert inaugural du nouveau Centre Culturel Français à Tunis soit un véritable moment de pur plaisir pour le public. Qu'il s'agisse de la qualité des artistes, de l'installation de la scène, des lieux, de l'aménagement de la cour, de l'organisation et de la logistique, tout était parfait. Confortablement installé dans son nouvel espace à l'Avenue de Paris, l'Institut français de Tunisie a lancé dans la soirée du 14 mai 2015 son mois d'inauguration qui s'étalera du 14 mai au 15 juin). A cet effet, les responsables ont prévu une panoplie d'activités culturelles très variée : expositions, spectacles, performances artistiques, animations pour les jeunes, journées portes ouvertes et une série de concerts live en plein air. La talentueuse Souad Massi et le non moins connu de la scène française le rappeur Leeroy ont ouvert le bal pour une soirée mémorable. La soirée qui a réuni des artistes des deux rives de la Méditerranée a réussi à réunir deux grands événements artistiques pour le plus grand plaisir du public. En effet, la première partie de la soirée était dédiée exclusivement à l'inauguration des lieux. Pour ce faire, le rappeur d'origine marocaine Leeroy et la somptueuse chanteuse aux racines algériennes Souad Massi ont enflammé la scène ! Ils ont fait perdurer le plaisir poussant la chansonnette jusqu'à minuit. Prenant la relève, les artistes du collectif «El Chanti» et «La Voix est libre» ont assuré la seconde moitié du spectacle. La seconde soirée du festival El Chanti, a réussi à captiver un public qui commençait à s'éreinter d'une longue soirée assez rythmée. La performance artistique née instantanément entre les artistes a donné lieu à une ambiance musicale atypique où le saxophone de Peter Corser, l'impro jazz, la trompette et la batterie se mêlaient et s'entremêlaient pour la première fois donnant naissance à un rythme torrentiel auquel viennent s'ajouter les mélodies du Oud électrique et les violons. La fête s'est poursuivie jusqu'à une heure tardive de la nuit avec un spectacle hors-norme sur des notes de rap-jazz, électro-hardcore transformé par le vocaliste trompettiste Médéric Collingnon et le batteur Philippe Gleizes. Souad Massi, l'hymne à Abou El Kacem Chebbi Pour sa part, la chanteuse d'origine algérienne a chanté pour la première fois son tout dernier album «El Mutakallimun» (Les Orateurs). Un album composé de dix titres et dans lequel la chanteuse a décidé de chanter les trésors cachés et passés aux oubliettes des grands et légendaires poèmes arabes. Très sollicitée et malgré une absence affligeante dans les festivals tunisiens, Souad Massi était accueillie en grande pompe par ses fans présents en grand nombre ce soir-là. Le public découvrait, subjugué et obnubilé par son idole, les premiers titres du nouvel album entièrement consacrés aux plus célèbres poésies arabes. Avalant les paroles proférées par la chanteuse, les spectateurs avaient droit à l'un des poèmes les plus connus du célèbre poète tunisien Abou Kacem Chebbi. A travers ce texte, Souad Massi voulait saluer la bravoure du peuple tunisien et sa détermination à vouloir se redresser en dépit d'un contexte régional chaotique et menaçant. Les paroles de la chanson attisaient dans chaque spectateur cette flamme du courage, cette fierté identitaire et cette fougue envers sa patrie. Les paroles du poème « Ila Toughat Al Alaam» qui traduisait la résistance du tout jeune poète contre la tyrannie des colons prend toute sa splendeur dans le texte actuel où l'identité arabo-musulmane est intimement confondue au terrorisme et à la barbarie. Elle a également chanté d'autres textes de grands poètes arabes des VIème, XIX et XXe siècles comme l'Irakien Al-Moutanabbi ou encore le Libanais Iliya Abou Madhi. Le disque qui est sorti le 30 mars 2015. Souad Massi et ses musiciens l'ont étrenné, pour la première fois en Tunisie, le 14 mai 2015, sur la scène de l'Institut Français de Tunisie. Pendant plus de deux heures, le public a accompagné la chanteuse dans son périple sur les traces des grands orateurs de la mythique Andalousie arabo-musulmane. Une ode que Souad Massi a choisie pour ressusciter la splendeur d'un monde arabe où la parole était plus à la création artistique et à la richesse poétique. Une sorte de nouveau souffle à ces poètes qui ont illuminé par leurs écrits leurs semblables. A travers cet hymne à la poésie arabe, Souad Massi a voulu rappeler à son public qu'il n'est pas issu d'une tribu sans racines ou d'une tribu barbare. Après 5 ans d'absence, elle revient au public tunisien avec «Les Orateurs» où elle mixe à souhait le folk rock algérien. L'ensemble était rythmé par des palettes musicales multidisciplinaires : musiques africaines, algérois, rocket châabi.»