De fil blanc. Mais si nécessité il y a de noyer le poisson, quand l'intérêt national est en jeu, il n'y a sûrement pas à hésiter ; sauf qu'il faut savoir y mettre la forme. Histoire de ne pas tomber sous la coupe d'un ridicule, tuant. Tout cela est désolant, parce que l'on se serait volontiers passé, ô combien !, d'une tragédie de cet acabit, intra-muros. La Tunisie a un besoin pressant, de passer à autre chose. Construire. Et non pas avoir à endurer, une énième fois, les conséquences de cette vaste « entreprise de démolition », qui vise à faire capoter le processus démocratique sous nos douces latitudes. Un caporal moralement perturbé ? Voire... Toujours est-il que, pour éviter de fournir encore de l'eau, au moulin, de toutes les supputations et rumeurs, supposées fondées ou infondées, il faudrait plus qu'une réponse « diplomatique ». Les dessous d'un acte « terroriste » ? Ne pas confirmer, ni infirmer non plus, ce n'est pas, à proprement parler une bonne stratégie de communication. Du moins, ça a le don d'extrêmement agacer l'entendement, dans la mesure où il serait plus confortable, voire plus judicieux, de savoir sur quel pied danser. C'est valable pour tout le monde parce qu'à la vérité, nul n'a intérêt, sauf à pactiser avec le diable, -qu'il s'avance masqué ou pas-, à ce que ce genre de drame, qui aura coûté la vie à huit soldats, sans compter les blessés, ne se reproduise sur le territoire national. Parce qu'alors, on ne pourra pas sortir de l'auberge, lors-même qu'il y a urgence. Nul n'est à l'abri d'un moment d'égarement, parce que tout le monde peut « péter les plombs» un jour ou l'autre. Pas au point, tout de même, de tirer à vu sur tout ce qui bouge. Et de conclure, comme dans nos B.D de jeunesse par cette formule magique : « Ouf ! ça soulage... » Parce qu'on n'est pas dans la fiction. Parce qu'aussi, il faudra bien expliquer, en des termes clairs et sans appel, sans équivoque en somme, pourquoi, ce caporal, aurait été interdit d'arme, s'il n'y avait pas anguille sous-roche, qui pèserait lourd dans la balance d'une vérité, laquelle, quoiqu'on pense, est toujours bonne à dire dans ce genre de situation, autrement sensible... Certes, pas pour monter en épingles, juste pour la « beauté du geste », la tragédie de la fusillade à la caserne de Bouchoucha, qui aura coûté la vie à tant d'innocents, dont le dernier geste dans la vie, aura été de saluer le drapeau national, avant de subir l'affront injuste des balles, mais pour ne pas faire le lit de tous ceux, dont l'unique souhait est de voir la Tunisie, à genoux. Elle reste debout. C'est elle qui les aura à l'usure...