La mortalité maternelle se définit d'après l'OMS comme étant « le décès d'une femme au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après la terminaison, quelle qu'en soit la durée de la localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu'elle a motivé mais ni accidentelle ni fortuite ». Si les pays développés ont réussi à résoudre ce problème ceux en voie de développement n'ont pas réalisé des avancées dans le domaine, dont la Tunisie. *Généralement les mères tunisiennes meurent à cause des hémorragies, de l'hypertension artérielle, des infections et des maladies cardio-vasculaires Il s'agit d'ailleurs de l'un des points des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) que nous ne pourrions pas atteindre d'ici 2015. Le sujet est d'actualité, c'est pour cette raison que la Direction des Soins de Santé de Base à choisi de placer ses 15ème Journées Nationales de Santé de Publique, qui se tiennent depuis hier à Tunis, sur la mortalité maternelle. Des spécialistes se penchent sur les principales causes de ce problème, le fonctionnement de la stratégie déjà mise en place. Ils formuleront des recommandations et des propositions susceptibles de résoudre le problème à moyens terme. Bien que la Tunisie ait réalisé des avancées considérables dans le domaine de la santé en éradiquant plusieurs maladies infectieuses, la mortalité maternelle persiste encore. Les statistiques affichées par la Direction des Soins de la Santé de Base en 2004 ont démontré que le taux national s'élève à 68,9 décès pour 100 mille naissances. Les hémorragies sont la principale cause de la mort des mères lors de l'accouchement avec 31, 4 %, vient en deuxième position l'hypertension artérielle. En fait, 19,3 % des décès sont dûs à cette cause. Viennent par la suite les infections et les maladies cardio-vasculaires avec 11,4 %. Pour y remédier, le ministère de la Santé publique a mis en place en 1998 une stratégie nationale qui se base sur l'observation des cas de décès des mères et identifier les cause et les solutions à prendre à ce niveau. Des résultats positifs ont été enregistrés suite à la concrétisation de cette stratégie. Car, le taux du contrôle de la grossesse a atteint les 96 % l'année dernière. De même la surveillance après l'accouchement a dépassé les 50 %. En dépit des résultats enregistrés, des lacunes persistent encore. Le problème de mortalité maternelle se pose de manière accrue dans les régions essentiellement celles du Centre et de l'Ouest. Le fossé entre le taux national et celui régional est à souligner plus particulièrement au niveau de la qualité des services, du personnel présent et du matériel utilisé... Réduction du taux de mortalité maternelle Autre problème à soulever au niveau régional est l'accouchement à domicile qui est estimé à 25 %. C'est en fait un problème de santé publique dans la région de Sidi Bouzid. Une étude réalisée dans cette région a démontré que 30 % des femmes de la région accouchent dans leurs maisons, cela est dû dans 66 % des cas au manque de la formation en d'autres termes, l'analphabétisme. 33 % des femmes n'ont pas de couverture sociale c'est pour cette raison qu'elles choisissent d'accoucher à domicile. Autre facteur très important qui est d'ordre culturel. Consciente des défis qui se posent dans le domaine, la Tunisie œuvre à réduire le taux de mortalité maternelle à moins de 35 cas par 100 mille naissances à la fin de 2011. « C'est un problème qui existe dans tous les pays en voie de développement », d'après Mme. Mounira Garbouj, Directrice des Soins de Santé de Base. « Mais nous oeuvrons à le réduire et atteindre les OMD » enchaîne-t-elle. Et d'ajouter ; « Il s'agit de la finalité des ces journées. Nous allons arrêter les mesures adéquates pour pouvoir estimer l'ampleur du problème et par conséquent, cibler les zones qui méritent des plans d'intervention ». Sept ans nous séparent de l'échéance des Objectifs du Millénaires pour le Développement. Serons-nous capables en cette période limitée et avec les moyens dont nous disposons à atteindre cet objectif ? La mission est un peu difficile, mais le Pr Aktham Fourati, représentant de l'UNICEF s'est montré optimiste. D'après lui, « Il n'existe pas de formules magiques pour réduire la mortalité maternelle. Les expériences et les leçons apprises de certains pays tels que la Thaïlande, le Sri Lanka ou encore l'Egypte, qui ont réussi à réduire cette mortalité de 50 à 75 % sur une période allant de 7 à 25 ans, nous permettent de garder espoir qu'en galvanisant les actions et en garantissant une meilleure réparation des ressources humaines en particulier ». La réduction du taux de la mortalité maternelle est une responsabilité partagée entre les différents partenaires du réseau de la santé et la famille. Il est important d'actualiser le système de soins et de sensibiliser aussi bien les personnels que les membres de la famille quant à l'importance de la prise en charge des mères enceintes.