Un identifiant social unique regroupant toutes les informations concernant chaque citoyen (sécurité sociale, niveau de revenus, situation professionnelle etc...) devrait être mis en place en 2016 dans le cadre de la réforme de la caisse générale de compensation, apprend-on de sources bien informées ay sein du ministère des Affaires sociales. Dans ce cadre, un grand travail d'harmonisation et d'unification des bases de données déjà existantes (base de données relative au Programme national d'aides aux familles nécessiteuses, base de données relative à l'assistance médicale gratuite, base de données afférente au Programme d'accès aux soins à tarif réduit) a été déjà effectué, a-t-on ajouté de même sources. Les diverses couches sociales seront ainsi classées en plusieurs catégories en fonction du niveau de leurs revenus: classe extrêmement pauvre, classe pauvre, classe moyenne basse, classe moyenne, classe moyenne haute, classe riche... etc La mise en place de l'identifiant social unique se situe en effet dans le cadre du vaste chantier de la rationalisation des subventions aux produits alimentaires et énergétiques et de la réallocation du budget réservé à cet effet aux transferts sociaux directs au profit des catégories sociales les plus vulnérables. Elle répond aussi aux requêtes formulées à plusieurs reprises par les bailleurs de fonds auxquels le gouvernement fait régulièrement appel pour boucler le budget de l'Etat, dont le Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD). La Banque mondiale et le FMI ont notamment insisté sur la nécessité d'une réduction du déficit public et sur la rationalisation des dépenses engagées par l'Etat. La Banque africaine de développement a, quant à elle, recommandé dans une étude intitulée «Subventions alimentaires et aides sociales directes, vers un meilleur ciblage de la pauvreté monétaire et des privations en Tunisie» au gouvernement tunisien de trouver des solutions qui optimisent les transferts directs et les procédures de transferts sociaux. D'après cette étude, 15,5 % de la population tunisienne se trouve, en dessous du seuil de la pauvreté mais ne perçoit que 12 % de l'enveloppe totale des subventions énergétiques et alimentaires. En effet, le Tunisien défini comme étant pauvre ne perçoit individuellement que 648 dinars par an, alors que le Tunisien riche perçoit, quant à lui, 86,900 dinars par an, selon les auteurs de l'étude, qui conclut que le caractère «global» des subventions alimentaires nuit gravement à l'efficience de ce mécanisme de lutte contre les inégalités et la pauvreté. La BAD estime dans son étude qu'il est possible pour l'Etat d'économiser des milliards de dinars de dépenses affectées à la compensation qui grèvent son budget, tout en réduisant fortement la pauvreté dans le pays. L'institution financière africaine note également qu'une politique de ciblage des catégories sociales les plus vulnérables permettra d'accroître l'efficience du Programme national d'aides aux familles nécessiteuses (PNAFN) pour un moindre coût. Le fait de recourir à cette approche pour les transferts directs permet de plafonner le taux de pauvreté extrême à 1,5 % (contre 4,6 % actuellement), avec un budget pour le PNAFN réduit de moitié. Dans le cas où le budget du PNAFN demeure inchangé, la pauvreté extrême est éradiquée et le taux de pauvreté abaissé à 8 %, contre 15,5 %. Les ménages souffrant d'extrême pauvreté percevraient alors 2 526 dinars par an, tous transferts confondus, soit 2 277 dinars de plus qu'aujourd'hui. Dans le cadre d'un scénario de transfert au PNAF l'intégralité du budget réservé jusqu'ici aux subventions et de l'utilisation des nouvelles méthodes de ciblage, des résultats spectaculaires seront obtenus : la pauvreté extrême en Tunisie serait éradiquée (avec un taux de 0 %) et le taux de pauvreté réduit à 4,1 %, selon l'étude de la BAD.