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«Tout au long des deux gouvernements Jebali et Laarayedh, nous avons été les spectateurs de la décomposition des institutions de l'Etat et de l'autorité publique»
Battante, très autonome, sans perdre le sens du terrain qui lui impose d'agir en groupe, quand il le faut, affectueuse et très bonne mère de famille, notre invité n'est pas à sa première expérience partisane, puisqu'elle était, à un certain moment, du côté de Kamel Morjene avant qu'il n'entre dans des alliances qu'elle n'approuvait pas. Son parti, crée le 20 mars dernier, journée symbolique, a une ligne politique s'inspirant de l'action bourguibienne, sans la momifier, s'inscrivant dans l'avenir proche et à moyen terme, se veut le porte-parole des exclus des responsabilités , les femmes et surtout, les jeunes qui ne se reconnaissent pas dans les partis actuels ....Rym Mourali, fait bouger la poudre là où elle passe par la vitesse de son action, la rapidité de sa compréhension des choses et des hommes, ses réactions réfléchis ne visant pas uniquement l'immédiat ...Chef d'entreprise et N2 d'un parti qui ambitionne de jouer les 1ers rôles sans s'allier à l'Islam politique, ni à la droite ultra-libérale, avec un penchant prononcé pour les problèmes des petites gens... De la situation générale dans le pays, à la place des jeunes et des femmes, en passant par les incidences du Prix Nobel de l'économie sur les pieds, elle parle aux lecteurs du Temps. Détails. Le Temps: Quelle est votre appréciation des incidences du Prix Nobel obtenu par le quartet sur l'avenir des organisations composant ce groupe ? Rym Mourali :L'obtention du Prix Nobel est la consécration des efforts et des sacrifices fait pour maintenir la Tunisie sur la voie de la démocratie malgré les pulsions autocratiques très prononcées de la Troïka. Au delà des composantes du quartet ce prix récompense le courage la ténacité et l'opiniâtreté des tunisiens qui sont descendus dans les rues car il ne faut pas oublier que sans le poids du peuple et de la pression populaire Ennahdha n'aurait pas rejoint in fine la table des négociations. Ce prix est en fait le prix de tous les patriotes! Politiquement , ce prix consacre le maintien de la paix en Tunisie, aujourd'hui les récompensés tel-que L'UGTT et l'UTICA ont l'obligation d'œuvrer pour maintenir la Paix sociale, L'ordre des avocats doit s'atteler à apaiser le climat judiciaire en Tunisie et la ligue des droits de l'homme doit faire des choix pour défendre les acquis de la Tunisie. Ces organisations sont appelées d'une façon indirecte à honorer un certain contrat social sans lequel la paix «espérée» « récompensée» et saluée sur la scène internationale n'aurait aucune crédibilité auprès d'une société de plus en plus exigeante car consciente d'avoir été le moteur de tout ce processus et ce combat. Comment trouvez vous la Tunisie 7 ans après le soulèvement du bassin minier ? et la succession de 7 gouvernements le 14 Janvier 2011 et qui en est responsable ? Il faut rappeler que le soulèvement du bassin minier qui avait mis en lumière le déséquilibre régional grandissant certes mais il est intervenu dans le contexte de la crise économique mondiale de 2008, et avait aussi démontré la solidité et la résilience du tissu économique tunisien. Nous aurions pu après le 14 janvier capitaliser sur nos acquis pour relever les défis d'une croissance partagée, sauf que les dirigeants successifs ont par manque d'expérience pour certains et par absence de vision pour d'autres rater la marche sans oublier que tout au long des deux gouvernements Jebali et Laarayedh, nous avons été les spectateurs de la décomposition des institutions de l'Etat et de l'autorité publique, nous avons aussi vu les intérêts de l'Etat dévoyés au profit d'intérêts partisans, La Tunisie a aussi connu au cours de ces dernières années de transition, une régression importante de l'ensemble de ces principaux indicateurs économiques et sociaux accompagnée d'une explosion du budget de l'état passé de 18MM en 2010 à 27MM en 2015, sans pour autant voir le niveau des investissements publics augmenter, ni le problème du chômage des jeunes et des moins jeunes solutionné et encore moins une atténuation du déséquilibre régional sans oublier le lourd tribut au niveau sécuritaire avec le développement du terrorisme Cette situation est le résultat de la multiplication successive de plusieurs gouvernements sur des périodes très courtes, qui a ouvert la porte à l'instabilité politique et engendré un manque de continuité dans les décisions gouvernementales. Cette instabilité politique et cette discontinuité de la gouvernance ont fortement accentué la paralysie de l'administration, moteur centrale de fonctionnement de l'état mais l'élément majeur responsable de ce dysfonctionnement est la volonté du nouvel acteur politique islamiste en occurrence Ennahdha de greffer un modèle de société exogène à ce qu'a été la Tunisie depuis l'indépendance. Il est aujourd'hui impératif de retrouver une stabilité gouvernementale et une continuité dans les décisions politiques, si l'on veut offrir des solutions aux problèmes réels de la Tunisie. Un silence strident des partis classiques depuis les dernières élections comment l'expliquez vous ? Les dernières élections ont fait ressortir une bipolarisation de la vie politique avec une déliquescence des partis d'opposition historiques ou tout jeune d'ailleurs, qui se sont compromis dans un premier temps avec Ennadha et n'ont pas su convaincre les électeurs. Cette bipolarisation a complètement oblitéré l'évolution du paysage politique et a conduit à la calcification de la classe politique en vidant de sa substance le choix démocratique, puisque ceux qui ont voté contre Ennahdha se sont retrouvés alliés du parti « freriste » bien malgré eux, discréditée la parole politique s'est faite rare, bon nombre de partis classiques préfèrent garder le silence en espérant que le temps médiatique fasse quelque chose, seul le parti islamiste continue à être en campagne permanente. Face à cet essoufflement de la classe politique qui tarde à trouver ses repères et à transmettre un message clair et compréhensible aux tunisiens sur les choix de société qui s'offrent à eux, nous avons décidé de faire émerger l'alternative, un nouveau parti, le Mouvement de l'Indépendance Tunisienne. Notre objectif est de défendre et perpétuer notre modèle de société et notre identité, afin de faire aux nombreux défis à venir Qu'est- ce qui distingue votre parti des autres ? Notre mouvement n'est pas la marche pied d'une ambition personnelle, à l'heure du culte du sauveur ou celui du guide suprême, notre parti lui est fondé sur des principes, des valeurs et une vision de la nation. Alors que certains sont des ersatz basés sur des mouvements étrangers pour qui la Tunisie n'est qu'un marché et d'autres pour qui la Tunisie n'est qu'une province d'un empire mirifique; nous sommes convaincus que la Tunisie est un Etat nation qui se doit de sauvegarder son identité son indépendance et sa souveraineté. La primauté de la nation et de sa destinée sont au delà de toutes les considérations idéologiques et dogmatiques .Encore une fois, notre parti se veut une alternative pour essayer de sortir la Tunisie du marasme dans lequel elle se trouve. Notre approche est une approche pragmatique qui tend à coller aux différentes réalités citoyennes et d'œuvrer pour un avenir qui garantit la dignité réelle et non celle des slogans et des discours populistes. Pour y parvenir, nous nous sommes imposés des lignes rouges qui nous aident à ne pas s'écarter de notre projet .Nous sommes profondément républicains, et notre souveraineté est sans concession . Quel projet d'avenir proposez - vous à la Tunisie ? Le développement de la Tunisie au cours des dernières décennies est resté figé dans un développement uniquement axé sur l'Europe et essentiellement la France, l'Allemagne et l'Italie. Cela a permis de réaliser la première phase de développement, mais elle est aujourd'hui insuffisante compte tenu de l'accroissement de la population et de l'arrivée des nouvelles générations de diplômés. Le monde actuel à beaucoup changé, nous devons prendre exemple sur les expériences qui ont porté leurs fruits. Plusieurs pays, tout comme la Tunisie ont basé, leur première phase de développement avec leurs partenaires naturels et habituels, mais ils ont construit la deuxième phase de leur développement sur une intégration régionale et sub régionale, à l'exemple des pays du sud-est asiatique ou de l'Amérique du sud. D'autres ont même eu l'ingéniosité de se regrouper au delà des océans, comme les BRICS et de se doter des outils nécessaires pour le développement et l'épanouissement de leur peuple. Nous devons en Tunisie nous offrir de nouveaux horizons, en travaillant pour une véritable intégration par étape au sein du Maghreb, s'ouvrir vers les pays de l'Afrique francophone sans oublié de réserver une place pour la Tunisie avec les pays qui aujourd'hui recompose la nouvelle donne géopolitique. L'avenir de la Tunisie repose sur des choix innovants d'ouverture vers de nouveaux horizons, afin qu'au-delà des slogans nous retrouvions notre fierté. concrètement nous voulons à terme faire rentrer la Tunisie dans le cercle des NPI afin de concrétiser une croissance durable et une économie dynamique pour être un des leaders du sous continent mais avant tout assurer un développement inclusif et venir à bout des disparités entre les régions Voulez vous en faire un parti d'élite qui se contente de propositions ou un parti de masses capable de remporter haut la main les élections à venir ? Un parti politique à pour mission de porter ses propositions au niveau de la réalisation et d'offrir des solutions. Cela passe par la gestion des affaires de l'Etat et la gouvernance. Il est donc impératif pour un parti politique qui veut arriver au pouvoir d'acquérir la cohésion d'une masse critique de militants, d'adhérents et de sympathisants. Le mouvement de l'indépendance est un parti qui tend à proposer une réflexion politique , à se positionner comme un parti qui sans être élitiste pense le fait politique . Une vision politique ne peut être et devenir efficace que si elle devient par la suite populaire. Ainsi notre mouvement est populaire car il tend à fédérer tous ceux qui croient en notre projet . Bien sûr pour se projeter dans l'avenir et coller un peu plus aux exigences de la société tunisienne actuelle nous ne pouvons pas passer sous silence la jeunesse et le rôle que peuvent jouer toutes compétences jeunes qui ne demandent qu'à être sollicitées Quelle la proportion de jeunes et de femmes dans votre parti ? Est ce qu'ils occupent des postes de directions? Nous portons une attention particulière à réserver une place majeure aux femmes et aux jeunes au sein du Mouvement de l'Indépendance Tunisienne, afin d'intégrer leurs visions et leurs propositions dans l'élaboration des solutions que nous proposerons. Nous n'oublions pas de prendre de nos anciens l'expérience et la connaissance. Nous estimons que nous avons aussi pour rôle de faire passer le témoin entre les générations qui ont construit la Tunisie depuis son indépendance et celles qui doivent poursuivre la construction de cet état moderne. Le Mouvement de l'indépendance Tunisienne est aujourd'hui en pleine structuration et plusieurs responsabilités leurs seront attribués, actuellement, ils sont présents à notre bureau politique et dans bien d'autres commissions et en charge de l'équipe de communication. N'oublions pas que le mouvement de l'indépendance Tunisienne a choisit de me faire confiance en me désignant Secrétaire Général du parti. Je souhaiterais voir d'avantages de femmes et de jeunes s'intéresser à la vie publique et s'y impliquer, le Mouvement de l'Indépendance pour la Tunisie est là pour eux. Une femme à la responsabilité devrait être une chose commune et non une exception.