La modernisation de l'agriculture passe nécessairement par la mécanisation. Le secteur reste encore tributaire des conditions climatiques. Pour faire face aux risques encourus, il faudra développer l'esprit mutualiste et faire de sorte que le plus grand nombre d'agriculteurs adhère à l'assurance. Le niveau de cette adhésion est très bas. Comment le relever ? Assureurs, principalement la CTAMA, agriculteurs à travers leur organisation, l'Utap et l'administration étaient réunis, hier au siège de l'organisation pour discuter de cette problématique. Des problèmes d'adaptation de la législation de coûts et de diffusion de la culture de l'assurance se posent. La place de l'agriculture n'a pas besoin d'être démontrée. En plus de son rôle social du fait qu'elle participe avec 16% dans l'emploi et occupe 516 mille agriculteurs et 60 mille pêcheurs, elle réalise plus de 12% du PIB, 10% des exportations et 11% des investissements. « L'agriculture a un rôle central et stratégique dans l'économie nationale », comme le rappellera M.Rachid Kechich, ministre des Finances. Des mesures ont été prises pour baisser le coût du crédit agricole, comme le passage de 2% à 1% dans la participation au Fonds National de Garantie, pour les crédits à court terme. Les frais d'enregistrement des contrats de crédit ont été ramenés de 15 dinars la page à un dinar. Les agriculteurs ont pu bénéficier d'une ristourne d'une partie des intérêts au moment du remboursement des crédits saisonniers pour les céréales. Notre agriculture est toujours tributaire des aléas climatiques qui mettent en danger son rendement et les revenus de l'agriculteur. Le problème des prix à la production ou à la vente nécessite la dynamisation des mécanismes du stockage de régulation. Il est un fait que le secteur agricole doit faire face plus que les autres secteurs aux risques de toute nature. Il a donc besoin de tirer profit de ce qu'offre le secteur des assurances comme compensations financières en cas de besoin.
Offrir une couverture adaptée aux besoins de l'agriculteur
Le taux d'adhésion des agriculteurs aux services des assurances reste très bas. Il ne dépasse pas 7%. L'agriculteur ne contracte une assurance que lorsqu'il a un crédit à obtenir. En 2001, une réforme de l'assurance agricole a été engagée. Elle est basée sur trois axes. Le premier : offrir une couverture globale et adaptée aux besoins de l'agriculteur et aux spécificités des régions, tout en rapprochant les services de l'assurance des agriculteurs. Les banques octroyant des crédits agricoles distribuent les contrats de crédit. Les petits agriculteurs bénéficient de la possibilité de payer par tranche les polices d'assurance. Des délais limites ont été fixés pour la préparation des rapports d'expertise. En cas de litiges sur les montants à rembourser aux agriculteurs, des avances sont accordées. Le deuxième axe de la réforme concerne l'amélioration du taux de couverture en généralisant la garantie de l'assurance à toutes les activités financées par des prêts. Le coût de l'assurance est inclus dans le schéma de financement. Il bénéficie donc d'une compensation. Le troisième axe touche à l'encouragement des agriculteurs à s'assurer collectivement à travers leurs structures. Cette procédure permet de dépasser le problème du morcellement des terres et de baisser le coût de l'assurance. « En dépit de ces mesures, l'adhésion des agriculteurs à l'assurance reste faible », constate le ministre des Finances. La part de l'agriculture dans le chiffre d'affaires des assurances ne dépasse pas 2%. La couverture des arbres fruitiers ne dépasse pas 2%. Celle des oliviers 3%. Celle des bovins 1,5%. Celle des grandes cultures 8%. Celle des unités de pêche 3%. Une étude réalisée dernièrement sur l'assurance agricole révèle les causes de cette faiblesse. La première est la non adhésion des structures professionnelles à l'assurance groupe, en dépit de tous les avantages qu'elle présente en termes de coûts.
Des textes de lois à actualiser Pratiquement on peut inciter les agriculteurs à s'engager dans des structures et des associations professionnelles qui serviront de trait d'union entre les établissements d'assurances, les banques et les investisseurs agricoles. Des tarifs préférentiels peuvent être accordés pour les contrats d'assurance collectifs. Vu le rôle d'avant-garde joué par les structures de l'Utap dans les régions, il est nécessaire d'établir des contrats programme avec les assurances contenant des objectifs clairs pour les deux parties et les engagements de chacun. Ainsi on pourra élargir la base des assurés au plus grand nombre. Une baisse des coûts et une amélioration des qualités de services s'ensuivront. Le coût de l'assurance est capital. Il faut le baisser selon le nombre des contrats signés. Un travail de sensibilisation est à faire. La deuxième cause évoquée est le lien entre crédit et assurance. La troisième raison incriminée est d'ordre juridique. Les textes régissant les caisses mutuelles d'assurance datent de 1931. Ils ne sont plus adaptés à la situation actuelle. La réflexion est lancée pour la révision des textes de lois et la transformation de la CTAMA pour mieux l'adapter aux besoins actuels. Il faut développer la culture de l'assurance chez les agriculteurs. M. Mabrouk El Bahri, président de l'Utap a appelé à la mise en place d'une stratégie globale en se basant sur l'expérience d'autres pays. Des mécanismes spécifiques sont à mettre en œuvre pour les secteurs stratégiques comme les céréales, les olives et l'élevage secteurs fondamentaux dans la réalisation de la sécurité alimentaire nationale.