- L'intégration des 25% de la moyenne annuelle et la possibilité de rachat sont-ils derrière ce phénomène ? Le premier trimestre vient de s'achever. C'est l'heure du verdict. Si certains élèves ont su tirer leur épingle du jeu, d'autres ont échoué et ont raté totalement leur trimestre. Ils estiment qu'avec une moyenne faible, ils n'ont plus de chances de se rattraper. De ce fait, ils ne peuvent pas prétendre au rachat. D'où cette ruée vers le privé. Un phénomène qui s'est accentué ces derniers jours dans nos classes terminales.
Déçus de l'enseignement public, confrontés aux difficultés scolaires, ils sont nombreux à opter pour le privé comme unique recours. Certains élèves ont changé d'option comme nous l'explique Mohamed Ali enseignant de français « J'ai constaté un départ de certains élèves vers les établissements privés. Ce sont la plupart des élèves qui ont une moyenne très faible. Ils sont incapables de suivre en classe. Leur niveau ne leur permet pas de prétendre à de bons résultats. La solution, c'est le recours au privé pour garantir le succès. Ce choix est-il réfléchi ? Le privé tient-il ses promesses ? Est-il garant de l'amélioration des performances de ces élèves ? » Nadia élève en 4ème économie estime que « le privé lui apporte les garanties qu'elle cherche. Personnellement, j'ai raté mon premier trimestre. Je ne peux pas suivre en classe en raison de ma maladie et comme la moyenne compte beaucoup dans mon dossier, j'ai fini par m'inscrire dans une école privée. Je sais bien que le public est plus intéressant. Mais je n'ai pas de choix si je veux décrocher mon bac. Obtenir ma moyenne annuelle est mon seul souci pour prétendre au 25% dans le calcul de la moyenne au bac. » Il est vrai que ces pratiques sont devenues monnaie courante pour certains élèves. Mais qu'en est-il en réalité ? Jamel enseignant pense que « Les élèves sont de plus en plus calculateurs. On est plus tolérant et plus souple dans l'évaluation des élèves. Les moyennes ne reflètent pas souvent le niveau réel de l'élève mais l'élève vient au privé pour avoir de très bonnes notes. Chose qu'il ne peut pas espèrer trouver dans le public. Les 25% sont toujours dans sa tête et l'essentiel pour lui c'est d'avoir à la fin de l'année les conditions de rachat ».
Passage Ce passage au privé soulève de nos jours de nombreuses questions. Le privé pourra-t-il garantir la réussite de ces élèves en difficultés scolaires ? Un directeur d'une école privée estime que certains élèves arrivent avec un retard scolaire énorme. Leur scolarité inquiète leurs parents et nous sommes leur seul recours. L'école privée rassure les parents effrayés à l'idée de voir leur progéniture quitter l'école. Le père ou la mère ne veut pas voir son fils ou sa fille dans la rue. Ils viennent chercher une certaine qualité et un bon suivi pédagogique surtout qu'il faut reconnaître que certains élèves sont bloqués dans le public. Mal à l'aise, ils sont incapables de suivre les cours. Ce passage au privé est un changement psychologique bénéfique pour les élèves qui ont perdu le goût de continuer leurs études. En optant pour le privé, les parents veulent aussi donner une seconde chance à leurs enfants. Ils espèrent un sursaut qu'ils n'attendent plus du secteur public. Ils trouvent leur compte dans le privé, cette bouée de secours qui pourra les sauver. Avec un travail intensif et une prise en charge totale, l'élève a de fortes chances pour s'améliorer. Nous avons reçu l'année dernière en cette période des élèves désespérés mais qui ont fini par s'intégrer dans notre établissement et réussir au bac. C'est une question de volonté et aussi de travail si on veut décrocher son bac » Si ces méthodes semblent satisfaire les parents, certains enseignants estiment que quitter le public pour le privé à cause de ces 25% risque de ne pas contribuer à améliorer le rendement pédagogique de l'élève et on risque d'avoir des résultats faibles au bac. Le privé a ses atouts. Il a formé de grandes têtes pensantes. Mais peut-on tous tirer profit de cet enseignement qui aspire à une reconnaissance de son utilité. Que reste-t-il alors du public ?