Dans un contexte général marqué par la fin d'une année à oublier, Nioda Tounès a du mal à tourner la page d'une succession de crises qui ne font que s'approfondir jusqu'au pourrissement en dépit d'un succès électoral relatif remporté une année auparavant. Avec en plus, un état d'esprit de l'opinion publique, marqué par un dépit et un sentiment de morosité grandissant, le rejet de tous les partis politiques est quasiment général. Ce ne sont pas les dernières nouvelles venant des Berges du Lac qui contrediront cet amer constat. Détails. Sous la pression internationale des Américains et du FMI, Béji Caïd Essebsi, s'est trouvé dans l'obligation d'agir. Il avait même promis de résoudre la crise au sein de son parti. Il l'a reconnu au cours de son allocution improvisée lors des dernières journées de l'Entreprise, à Sousse : « «De nombreux pays amis, qui se sont engagés à nous aider m'ont contacté personnellement (...) et m'ont dit que ‘cette situation allait (les) mener à revoir (leurs) engagements', dont les Américains et le Fonds monétaire international ». Il a ajouté : « «On m'a exprimé personnellement des critiques. Ils m'ont dit: ‘Nous vous avons soutenu parce que nous avons confiance en votre personne' . Ainsi, de nombreuses aides promises allaient être reportées à cause de cette situation. Et BCE précise encore plus ses aveux en affirmant : « Et puis il y a celui qui va nous aider à sécuriser nos frontières, ce qui coûte cher. Il y a deux jours, (...) le ‘grand responsable' - inutile que je donne son identité - m'a contacté et m'a dit: ‘Vous êtes là et cela se passe comme ça?', je lui ai répondu: Non, cette histoire va se régler», a poursuivi le président de la République. « Ainsi, cette question n'est pas une simple question de parti, ça concerne la stabilité de la Tunisie, les aides extérieures de la Tunisie et l'image de la Tunisie à l'extérieur. J'ai donc considéré qu'il était de mon devoir de m'impliquer. Laissez-les dire si c'est dans la Constitution ou pas! Ce qui m'importe, c'est la Tunisie! ». Que font ses lieutenants, dont son propre fils ? Ils s'entretuent à couteaux tirés. Le président ne le sait que trop. D'ailleurs, sans se faire des illusions, il déclare : « La crise s'est aggravée pour arriver à ce qui semble être une impasse ». Ainsi, il avait choisi 13 personnalités pour qu'elles jouent les médiateurs entre les deux camps qui se disputent la direction du parti. Sans résultat ! A peine les propositions des 13 bruitées, les déclarations à chaud ont rivalisé de propos incendiaires contre la feuille de route proposée par les membres de ce comité adhoc... Ainsi, Lazher Akermi, est intervenu au cours de l'émission Midi Show d'hier pour annoncer que la proposition de la commission des «Treize» ne peut que tuer le parti Nidaa Tounes et le faire disparaitre de l'existence. Il a ajouté que « la situation au sein du parti n'a pas changé et que les leaders qui ont contribué à sa création sont toujours visés. Il a aussi assuré que l'accès au pouvoir et au Palais de Carthage ont changé la donne. Les personnes proches du Président sont par ailleurs responsables de la majorité des problèmes du parti qui est en voie de disparition ». Un peu plus modéré tout en restant déterminé à défendre l'âme de son parti, Mondher Belhaj Ali sur la même radio a affirmé : « La proposition du comité des Treize pour la résolution des problèmes internes du parti ne sert qu'à contester la légitimité des vrais leaders du parti. Il a ajouté que cette proposition est refusée parce qu'elle ne servira qu'à causer plus de dégâts. Les leaders du parti concernés par cette proposition se réuniront dans l'après midi pour prendre des décisions sérieuses et inédites dans l'histoire des partis politiques dans le Monde arabe ». Il a dévoilé que l'idée de fonder un nouveau parti reste d'actualité, tout en précisant que « la crise de Nidaa Tounes est une crise de leadership et de légitimité ». Il a, par ailleurs, rappelé que des meetings du parti ont été empêchés par la force et que certains leaders et fondateurs du parti sont actuellement interdits d'accès au local du parti et de se réunir ». Il a d'un autre côté dévoilé que la journée du dimanche 13 décembre sera une journée historique pour le parti puisque plusieurs décisions seront annoncées.De son côté le groupe des 32 députés qui avaient à plusieurs reprises menacé de quitter le parti, ont rédigé, hier, une motion de rejet des propositions du comité des 13 désignés par Béji Caid Essebsi pour trouver des solutions à la crise qui secoue Nidaa Tounes. Il semblerait qu'on s'est dirigé vers une rupture consommée entre les différents clans qui se battent pour le contrôle du parti. Quel spectacle misérable offre-t- on aux électeurs de Nida Tounès !