Quand deux sources de lumière se conjuguent, dans un espace de toute beauté et que vous êtes reçus par le sourire de la maîtresse des lieues, vous êtes séduits, d'emblée, par l'œuvre d'Olga Malakhova et d'Ali Zenaïdi, un duo qui a décidé de vous offrir ce qu'il a de plus précieux et de plus récent. D'autres refuseraient cela par peur de la contamination des images, car elles pourraient provoquer une lecture erronée ou imparfaite, mais les artistes ont relevé le défi de pousser le spectateur à les regarder, à déchiffrer leurs toiles et à les apprécier tout en admirant leurs différences de vision, de traitement des mêmes thèmes et des techniques diverses et variées. On circule et on va d'un mur à l'autre selon la répartition de l'espace et l'œil n'est nullement gêné de leur cohabitation. De plus, on reconnaît la touche de l'un et de l'autre et la visite, à proprement parler, commence. " On ne fait pas de la lumière, on la reproduit", affirme Cézanne et toute la difficulté réside dans la création de cette lumière qui inonde le tableau, vous restitue une atmosphère particulière et vous inonde au point que vous êtes dans le paysage, au bord de la mer, face aux baigneuses, non loin de la barque bleue qui attend impatiemment son prochain voyage, ou à l'heure des rencontres matinales, un jour d'été, quand la lumière vous enveloppe et jette toute l'intensité de son rayonnement sur le monde. Toutes les couleurs d'été flamboient et les journées en sont éblouies. Le jour décline et la nuit arrive avec sa luminosité singulière, son ombre, ses secrets et sa part nocturne qui procure cette fascination à nulle autre pareille. Le charme de Sidi Bou Saïd en est transfiguré. Une promenade à travers la Médina s'impose pour débusquer ses ruelles, ses passages voûtés, ses quartiers, ses mausolées, ses lieux mythiques comme la "Rachidia", ses murs, ses maisons et la magnificence de ses portes. Des lieux si familiers qu'on découvre avec le plaisir de la première fois. Nous pénétrons au bain maure pour admirer la beauté des baigneuses et l'intimité de ce lieu propice à l'imaginaire. De Tunis à Tataouine, à Djerba, l'œil a détecté mille merveilles, mille lieux à découvrir, à parcourir, à admirer, à voir ce que le regard d'un artiste y a vu et l'instant qu'il a privilégié pour l'immortaliser. Ainsi, les lieux de la mémoire sont-ils revisités, réappropriés, chantés, exaltés, éclaboussés de lumière et de magie. Et la nature déploie ses merveilles, l'eucalyptus vous raconte ses verts changeants à travers la ronde des saisons. Exubérante et foisonnante, la nature est déclinée par les deux artistes à l'infini. Des lieux aux hommes, les portraits vous disent la beauté du regard des deux artistes qui peignent aussi l'âme de leurs personnages. De la djerbienne à bicyclette, à la jeune-fille à l'oiseau, les rencontres sont nombreuses, belles et émouvantes. Les visages et les attitudes, miroirs à s'y refléter. Les techniques sont toutes personnelles car, à chacun, sa vision, son univers, sa poésie car c'est elle qui fait que sa peinture donne à voir, au-delà du réel, son monde, peuplé de ce qu'il suggère, plus que ce qu'il laisse voir. Mais, se faisant, il nous révèle le monde, sa multiplicité, sa richesse et ses merveilles. Et c'est l'émotion qui s'en dégage qui nous étreint et nous enchante.