Jeudi dernier, soit le 4 février, était célébrée la Journée mondiale contre le cancer. L'occasion de rappeler l'importance du dépistage précoce dans la lutte contre cette maladie grave qui emporte annuellement, selon GLOBOCAN, plus de 8,2 millions de personnes dans le monde dont plus de 7000 en Tunisie. De même, près de 14,1 millions de nouveaux cas sont enregistrés chaque année dans le monde dont plus de 12 000 en Tunisie. Pire encore, selon l'OMS, d'ici l'année 2035, il y aurait près de 24 millions de cas de cancer et 13 à 16 millions de décès annuels à cause de cette pathologie. Tout au long de l'année en Tunisie, une partie de la société civile se mobilise pour sensibiliser le grand public au dépistage précoce, à l'importance d'adopter une hygiène de vie saine afin de diminuer le risque de développer cette maladie ou encore à réduire les inégalités entre citoyens tunisiens en matière d'accès aux soins et aux traitements anticancéreux souvent lourds et très onéreux. D'autres associations sont quant à elles au quotidien au chevet des patients cancéreux, leur apportant soutien moral et parfois aide financière. D'autres encore ont fait des enfants atteints de cancer leur cheval de bataille et œuvrent sans relâche pour alléger leurs souffrances, améliorer leur quotidien, assister leurs familles, rénover et rendre agréables les services hospitaliers de cancérologie pédiatrique dans lesquels ils passent de longues semaines et parfois même réaliser certains de leurs rêves tels que participer à un concours de miss, faire un voyage ou encore rencontrer une célébrité. Appel au don de cheveux Parmi ces associations, deux d'entre elles se distinguent par leurs efforts continus et leur implication de tout instant. L'association Selima, créée en mars 2013 et présidée par Fatma Khedhira, se donne pour objectif de soutenir moralement les enfants malades et leurs familles, organiser des journées d'animation périodiques pour les petits patients au sein des hôpitaux, couvrir une partie des besoins financiers des familles hors traitement médical au sein de l'hôpital. L'Association a aussi de grandes ambitions pour l'avenir telle que la construction d'une unité pédiatrique d'autogreffe aux normes internationales. A l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer, « Selima » a lancé un appel au don de cheveux afin de pouvoir offrir des perruques pour les petites filles malades ayant perdu leurs cheveux des suites de la chimiothérapie. L'objectif de 2016 est de collecter 100 tresses au minimum, en sachant qu'il faut huit à quinze queues de cheval naturelles, d'une longueur d'au moins 20 cm, pour réaliser une perruque. Des dons et des promesses de dons ont commencé à affluer dès les premiers jours de la campagne intitulée « Ensemble, nous pouvons y arriver ». La deuxième Association qui apporte aide et assistance aux petits patients cancéreux est celle fondée en 2014 par les parents de Maram Agel, une fillette de trois ans, atteinte d'un neuroblastome métastatique et décédée à l'issue d'un long et courageux combat contre la maladie. De nombreuses actions concrètes ont été menées jusqu'ici par l'Association « Maram Solidarité », dont le financement d'opérations chirurgicales pour de jeunes patients cancéreux, le don de médicaments à des hôpitaux ou encore la prise en charge du stage de 3 mois du Dr Rhayim, médecin à l'hôpital d'enfants Bechir Hamza dans un service spécialisé dans le traitement du cancer à l'hôpital d'enfants Gustave Roussy (France) mais aussi la prise en charge totale des travaux de rénovation, d'ameublement, de décoration et d'équipement du service d'oncologie pédiatrique à l'Hôpital Salah Azaïez pour en faire une unité pilote, unique en son genre en Tunisie. Loin de se morfondre dans leur douleur et de se complaire dans le malheur, les parents de Maram ont fait des enfants atteints de cancer le combat de leur vie et ont trouvé le courage, malgré le chagrin, d'offrir du bonheur à de petits patients qui auront peut être la chance de s'en sortir et de guérir de cette impitoyable maladie. Troisième plan de lutte contre le cancer La Tunisie a entamé en février dernier son troisième plan de lutte contre le cancer. Le premier plan a été déployé durant la période 2006-2010 et le second a concerné la période 2010-2014. En dépit des deux plans précédents et des efforts déployés durant cette dernière décennie, plusieurs insuffisances subsistent alors que tous les indicateurs montrent que la demande de services de cancer est en constante hausse depuis des années et devrait s'accélérer encore plus durant la prochaine décennie. En parallèle, on assiste à une incapacité́ à répondre à une telle demande accrue aussi bien dans sa globalité que dans sa complexité. Ceci est dû à certain nombre de facteurs, tels que le manque de ressources humaines, le manque d'infrastructure et un manque de coordination entre les différents intervenants, entraînant bien souvent des délais d'attente trop longs et totalement inadaptés pour le diagnostic et le traitement des pathologies cancéreuses. De même, une inégalité persiste quant à l'accès aux soins médicaux et aux traitements, concernant principalement les citoyens issus de régions défavorisées et géographiquement éloignées des grandes villes universitaires. Le nouveau plan de lutte contre le cancer inclut plusieurs points et objectifs dont la réduction de l'incidence et de l'impact du cancer sur la population, la réduction des iniquités de santé en matière de cancer, le renforcement de la promotion de la santé et la mise en place d'un dispositif assurant un diagnostic rapide ainsi qu'un accès rapide à des soins de qualité́ pour tous. Autres points, la mise en valeur et le renforcement de la recherche dans le domaine de la cancérologie ainsi que la consolidation et le développement des compétences humaines qualifiées via des programmes de formation appropriée. Enfin, il est précisé que les registres du cancer seront mis à jour et un système de suivi et d'évaluation de la situation sanitaire concernant le cancer mis en place.