Il est à l'affiche depuis le 14 mars dans les salles de Tunis et sa banlieue nord mais aussi, sur les écrans à l'intérieur du pays ; il s'agit du film « Nhebbek Hedi » du réalisateur Mohamed Ben Attia, (production Nomadis Images), avec dans les principaux rôles, Majd Mastoura, Rym Ben Messaoud et Sabah Bouzouita. Présenté au mois de février dernier à la 66ème édition du festival international du film de Berlin, présidée cette année par l'actrice américaine Meryl Streep, « Nhebbek Hedi » rend au cinéma arabe, ses lettres de noblesse en remportant deux prix, celui de la première œuvre et l'Ours d'Argent du meilleur acteur à Majd Mastoura. En primant un film tunisien, la Berlinale, troisième festival en Europe, après Cannes et Venise, renoue ainsi avec le cinéma arabe, remarqué pour son absence de la course à l'Ours d'Or, depuis vingt ans. Pour l'auteur, l'idée de départ était de raconter l'histoire d'un jeune homme, docile, au nom de Hédi, tiraillé entre deux mondes, deux voies différentes qui détermineront sa vie. Introverti et recroquevillé sur lui-même, Hédi mène une vie sans histoire à l'ombre d'une mère autoritaire qui décide de tout et d'un frère aîné, Ahmed, que la vie a gâté pour ses prouesses dans ses études à l'étranger d'où le statut de « préféré de la famille ». Et comme beaucoup de jeunes Tunisiens de son âge, Hédi subit les traditions sans se poser de questions. Il se retrouve acculé à un mariage imminent, arrangé d'avance par sa mère dont le choix s'est porté sur Khadija, une fille de « bonne famille », effacée et sans personnalité. Une vie dont l'apparence ressemble à un fleuve tranquille jusqu'au jour où le calme se transforme en tempête. Le pur hasard provoque une rencontre avec une jeune danseuse au nom de Rym, animatrice dans un hôtel déserté par ses touristes, mais surtout femme de caractère, libre et prête à tout, jusqu'à quitter le pays pour « un lendemain meilleur ». Grâce à elle, Hédi va apprendre un peu plus sur lui-même, sur ses rêves, sur ses limites, repenser sa vie et oser dire « Non » en rompant avec les sentiers battus. Mais, à quel prix ? Volontairement conçu comme une histoire d'amour violente, ce récit se veut être, d'après son auteur, un constat sur la jeunesse tunisienne après le 14 janvier 2011 ; une jeunesse déchirée ...parfois passive, parfois agissante ou tout simplement balbutiante qui se cherche et qui hésite comme c'est le cas de Hédi, personnage principal du film. «Notre intention, nous explique-t-on, est de lever le voile sur cette jeunesse qui, cinq ans plus tard, tâtonne, avance et recule...En tissant ces personnages qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, nous avons voulu brosser le portrait de la Tunisie telle qu'elle est aujourd'hui ; notre pays a la gueule de bois, Il n'est plus bâillonné mais se retrouve face à une crise sociale , religieuse et économique, profonde... ». Porté très haut par de jeunes talents, le film est signé Mohamed Ben Attia, (auteur de cinq courts métrages dont « Kif lokhrin », Etalon d'argent au FESPACO 2007). « Nhebbek Hedi », est son premier long métrage de fiction. Le personnage principal, Majd Mastoura a quant à lui, incarné en 2013, un premier rôle dans le long métrage « Bidoun 2 » de Jilani Saadi. Plasticienne de formation, Rym Ben Messaoud fait ses débuts en tant qu'actrice dans le feuilleton « Maktoub » puis joue un rôle secondaire dans le cinéma en 2014 dans le film « Printemps tunisien » de Raja Amari . En 2015, elle interprète le rôle de la policière, Haifa, aux côtés du duo, Lotfi Abdelli et Kamel Touati, dans la série « Bolice ». Dans «Nhebbek Hedi», elle incarne son premier rôle principal. Sans oublier la présence remarquable d'une grande comédienne de théâtre, qui n'est plus à présenter, Sabah Bouzouita, dans le rôle de la mère. Un beau film qui allie sincérité et émotion, à voir et à encourager !