Suite à la publication des derniers chiffres et statistiques concernant les accidents de la circulation et leur impact sur le plan humain et économique, nous avons contacté Imed Touil, S.G. de l'Association Tunisienne de prévention routière pour nous donner plus de détails sur ce sujet. Interview... L'insécurité routière est un problème alarmant qui, malheureusement, ne cesse de croître pour atteindre les chiffres effrayants en Tunisie. Quel est le bilan durant le premier trimestre 2016 ? En Tunisie, en dépit de quelques progrès enregistrés, l'insécurité routière reste un problème majeur. Le nombre d'accidents enregistrés durant les trois premiers mois de 2016 est en augmentation de 0,5% par rapport à 2015, soit un taux dépassant largement la moyenne européenne. Les chiffres sont effrayants : 1519 accidents durant le premier trimestre de 2016 contre 1511 en 2015. Un autre indicateur de calcul très utilisé est le nombre de personnes tuées qui a atteint 302 durant le premier trimestre 2016 contre 282 en 2015. Le nombre des blessés est passé de 2206 à 2335 durant la même période. Le taux de décès est de 140 décès / million d'habitants. Ce chiffre est de 50% supérieur à la moyenne européenne, et deux fois plus élevé que celui de Malte. Un autre indicateur de calcul très utilisé est le nombre de personnes tuées par 100 millions de véhicules/km, qui est de 8 à 9, soit 4 fois plus que la moyenne des pays de l'Union Européenne. On récence 4 tués par jour, 30 tués et 240 blessés par semaine. Le gouvernorat de Tunis a enregistré le plus grand nombre d'accidents de la route en 2015 (1.517), suivi de Sfax (530), Nabeul (456) et Sousse (305) Le nombre d'accidents le plus élevé est enregistré durant les mois d'avril, juin et août. Les accidents surviennent, généralement, les samedis et lundis, entre 18H00 et 20H00. Quelles sont les causes de ces accidents ? Les causes des accidents sont multiples et impliquent divers acteurs. Ainsi, 81% des accidents et 91% des décès sont attribués directement, ou indirectement, au comportement humain. L'excès de vitesse est la principale cause de blessés et de décès et les causes des accidents, suivi du non-respect de la signalisation et du dépassement interdit. Les responsables des accidents de la route sont d'abord les automobilistes avec 65,31%, les motos avec 31,95%, mais aussi les piétons qui y sont pour 35,95%. Quel est le coût de ces accidents ? Les accidents de la route ont des conséquences coûteuses. Lorsque ce coût s'accumule sur des années, il devient exorbitant pour la société. Ce coût des accidents de la route reste, aujourd'hui élevé soit entre 600 et 800 millions de dinars par an. L'incidence économique est énorme. Quel est le rôle de l'Association tunisienne de prévention routière dans la sensibilisation des usagers des quatre roues ? L'enjeu de prévention est très important. L'Association tunisienne de prévention routière a axé essentiellement ses dernières campagnes de sensibilisation sur la prévention, prodiguant, dans les médias audiovisuels et écrits, des conseils aux piétons et aux usagers de la route. En traversant la chaussée, ces derniers doivent se montrer très prudents, en empruntant les passages pour piétons, en marchant sur le bas-côté et respectant la signalisation routière. La lutte contre l'insécurité routière, l'une des priorités nationales, sollicite l'intervention de tous les services de l'Etat et de la société civile pour faire progresser la sécurité sur la route et protéger nos enfants. L'observatoire intègre l'éducation à la sécurité routière parmi les principales activités visant la redynamisation de la vie scolaire. Ainsi, un plan d'action comportant des sessions de sensibilisation et de formation a été planifié et mis en œuvre pour l'année scolaire et dont le principal objectif est l'acquisition par les enfants scolarisés de comportements sains et responsables dans l'espace routier. Nous comptons aussi généraliser la matière d'éducation routière dans nos écoles. Dès le plus jeune âge et aux différentes étapes de la vie, chacun de nous doit avoir à l'esprit les règles de conduite idéale. La consommation d'alcool est l'une des causes de la recrudescence des accidents .Etes-vous pour la généralisation de l'alcootest ? Pour réduire les accidents de la circulation, il faut instaurer des contrôles d'alcoolémie sur les automobilistes. Boire ou conduire, il faut choisir. Le dernier JORT (Journal officiel de la République tunisienne), rendu public le 8 mars, annonce un nouveau décret gouvernemental qui amende celui du 24 janvier 2000 relatif à la conduite sous l'emprise de l'alcool. Aux termes de ce nouveau décret, le taux d'alcoolémie autorisé au volant devra être inférieur à 0.3gr/l. Ce taux a été ainsi revu à la baisse, après avoir été de 0,5gr/l. Il nous arrive de procéder à des alcootests dans les boîtes de nuit durant l'été. Nul ne l'ignore, la conduite en état d'ivresse est lourde de conséquences, non seulement pour la sécurité du conducteur mais aussi celle des passagers du véhicule et des autres usagers de la route. Notre but est de sensibiliser les citoyens sur les méfaits de l'alcool et de la conduite en état d'ivresse