Rédigé le jour du crime politique, un article paru peu après dans une revue, portait ce titre : « Qui a tué Chokry Belaïd ? ». Depuis, l'interrogation fut répétée mille et une fois. La jeune dame chargée de la dactylographie regarde l'intitulé du manuscrit et, surprise, dit : « Vous le connaissez ? ». Non, bien sûr, mais réunis chaque mercredi à la Place du Bardo, face au Parlement, les militants du Front populaire pointent le doigt de l'accusation vers Ennahdha. La police écoute les cris et n'intervient pas. Bizarre ? Décidé de dévoiler, surtout les commanditaires, le Comité de défense élabore une argumentation reproduite par les médias et axée sur l'occultation des preuves depuis les débuts de l'investigation. Bochra Belhaj Hamida, l'avocate, précise, à l'Assemblée des représentants au peuple, les détails juridiques de la démonstration. Pour le Front, l'incessant report de l'affaire, au tribunal, ajoute une preuve supplémentaire. Cependant, malgré les efforts du Comité, un élément immatériel continue à émarger aux abonnés absents. Une série de probabilités rationnelles inciterait à écarter Abou Iyadh d'une liste où figureraient les principaux suspects. Car, sitôt son attaque perpétrée, l'organisation jihadiste l'entoure d'une propagande mise au service d'une lutte acharnée. Mais, alors, s'il ne s'agit ni d'Abou Iyadh, ni de Baghdadi et compagnie, qui reste-t-il à saluer ? Nietzsche écrivait: « Qu'importe le mensonge si la vérité me nuit ! ».