Des contradictions flagrantes en matière des prix à la consommation ont commencé à attirer l'attention des citoyens et des consommateurs à grande échelle. Il s'agit de l'écart énorme entre les prix de vente des denrées alimentaires et des produits naturels , conditionnés et emballés de différentes manières , et leurs prix de vente au poids, en vrac, à l'état naturel. Des citoyens nous ont dit que le phénomène a dépassé les limites et a revêtu, parfois, des dimensions surréalistes à l'instar des prix de vente de certains produits naturels et plantes spontanées employés à divers usages, dans les grandes surfaces commerciales, comme les feuilles séchées de la verveine, du menthe, romarin, thym, et les épices de toutes sortes, emballés en très petites quantités dans de petits sacs en plastique. Le kilo de la verveine vendue en vrac et au poids est à 28 dinars alors qu'il atteint 100 dinars , comparé aux prix des petits sachets de verveine. Il en va de même pour la menthe dont le prix atteint, de cette façon, 100 dinars, les pistaches, les amandes, les raisins secs. Un citoyen a fait remarquer qu'il faut doubler le montant de 100 dinars si l'on tient compte du fait que les usines de séchage et d'emballage s'approvisionnent en gros auprès des agriculteurs à des prix dérisoires, ajoutant que ce phénomène englobe, à vrai dire, tous les produits et denrées des industries agroalimentaires à l'instar des concentrés de tomates et d'harissa, les conserves de sardines et de thon en boîtes. Il a indiqué que le prix de la petite boîte de conserves de sardines conditionnées avec un tout petit peu d'huile d'olive, de la catégorie 125 grammes, s'est élevé à 2200 millimes et davantage, selon les usines, ce qui signifie, par comparaison, que le kilo de sardines s'élève à environ 20 dinars, alors que le prix des sardines fraiches au marché est de beaucoup inférieur, sans compter le prix de gros, plus bas encore, payé par les usines aux pêcheurs. Il a ajouté que certaines boîtes de conserves de thon avec des huiles végétales sont vendues à des prix qui paraissent plus abordables, mais, en les ouvrant, l'acheteur s'aperçoit que la moitié du contenu ou presque est composée d'huile végétale, incluse dans le poids net porté sur l'étiquetage. Quoique ces industries soient des usines de transformation, contrairement au séchage et à l'emballage, les écarts restent grands. Un autre citoyen nous a dit que la méthode de l'emballage dans des sacs et boîtes en plastique s'est étendue aux fruits et légumes frais, ainsi qu'aux viandes et œufs, et il n'est pas étonnant qu'elle se généralise à toutes les denrées alimentaires et à tous les produits naturels sans exception, dans un proche avenir, puisqu'on vend désormais de la salade verte emballée dans des sacs en plastique , dans les grandes surfaces, à des prix très élevés, par rapport aux prix des légumes en vrac, au poids, et que ne peut justifier nullement le coût de préparation et d'emballage. Il a estimé que l'emballage et le conditionnement en bouteille sont à l'origine de l'augmentation des prix de l'huile d'olive sur le marché intérieur bien qu'elle soit exportée en vrac, à 90%. Il a préconisé la remise en valeur, sur une vaste échelle, de la pratique familiale dite El Oula par laquelle les familles en Tunisie procédaient, autrefois, au conditionnement des produits alimentaires et naturels à la maison, à titre de provisions familiales pour de longues périodes de l'année, laquelle pratique est encore en vigueur dans plusieurs régions du pays, en fonction des produits naturels spécifiques de chaque région. En effet, a-t-il dit, la méthode du séchage et les autres formes de conditionnement ont été, à l'origine, développées , à la maison, au sein de la famille avant de devenir des procédés industriels. Notre interlocuteur a signalé qu'il est notoire que le conditionnement industriel affecte les vertus et la valeur nutritive des produits naturels, outre qu'il offre l'opportunité aux fraudes et aux pratiques irrégulières, comme l'ont montré, chez nous, les scandales des concentrés de tomates périmés l'année dernière.