La quatrième édition du festival « Maghreb des films » donne un coup de projecteur sur la Tunisie et la Libye, du 16 au 25 octobre à Paris et en banlieue.. Une programmation éclectique et engagée A partir des éditions précédentes, un programme-type du festival « Maghreb des films » s'est dessiné : des inédits en France, des « hommages » à des réalisateurs, scénaristes ou producteurs, ainsi qu'un ou deux thèmes autour desquels différents types de films représentatifs sont sélectionnés comme : téléfilms, témoignages et documentaires, musique et cinéma, cinéma sur le Web. A Paris et en banlieue, du 16 au 25 octobre, la manifestation ne pouvait que témoigner des évènements politiques de 2011, à l'image de ces cinéastes tunisiens de la « nouvelle génération » : Nadia El Fani (« Laïcité, Inch Allah ! »), Mohamed Zran (« Dégage ! ») ou Mourad Ben Cheikh (« Plus jamais peur ») qui se sont engagés pleinement dans ce vaste mouvement de contestation et de démocratisation. Aussi, une part importante du programme se concentrera sur la « Révolution de Jasmin » et le « Printemps arabe », alors qu'une attention particulière sera portée à la commémoration du cinquantième anniversaire du massacre des français d'Algérie à Paris, le17 octobre 1961.
La Tunisie à l'honneur
« Echec et Mat » de Rachid Ferchiou fut interdit pendant 17 ans par le régime de Ben Ali, mais ce portrait du célèbre autocrate inaugurera le cycle tunisien. En collaboration avec le service des Archives du Film du Centre National du Cinéma et de l'Image animée, deux films courts et quelques extraits d'un film perdu des années vingt permettront également de découvrir les images du pionnier du cinéma tunisien, Albert Samama Chikli. Une soirée spéciale sera évidemment consacrée à la « Révolution de Jasmin », avec la projection de documentaires tout aussi inédits tournés durant les évènements. Parmi eux, trois films réalisés à la frontière tunisienne sont l'œuvre de Selma Bacca. Un hommage sera d'ailleurs rendu à cette cinéaste féministe, pionnière du cinéma tunisien moderne aux côtés de Nouri Bouzid. Plaçant la femme tunisienne au cœur de son œuvre, elle n'a cessé de croire en son émancipation ainsi qu'en sa capacité à faire évoluer une société figée. Tout autant à contre courant des sujets dominants, Nacer Khemir dont l'œuvre s'inspire largement des contes et de la civilisation arabo-andalouse, sera également à l'honneur, avec ses chefs d'œuvre à (re)découvrir : « Les Baliseurs du désert », « Le Collier perdu de la colombe »,…
Un sombre cinquantenaire
Le 17 octobre 1961, plusieurs dizaines voire des centaines de français, musulmans d'Algérie, furent assassinés dans le cadre de la répression sanguinaire d'une manifestation pacifique contre le couvre-feu discriminatoire du préfet de Police de Paris, Maurice Papon. A l'occasion du cinquantenaire de cette page souvent occultée de l'histoire de la guerre d'Algérie en France, une rétrospective quasi intégrale des films qui ont été consacrés à cet événement sera proposée. Partenaire de l'association « Au Nom de la Mémoire », le « Maghreb des films » a donc sélectionné 14 films qui seront projetés aux 3 Luxembourg et au Forum des images. Parmi eux, « Octobre à Paris » réalisé dans la clandestinité par Jacques Panijel, fut tourné durant les semaines qui ont suivi les massacres. Ce document exceptionnel est demeuré invisible jusqu'à nos jours, entre saisies, censure et interdiction. Un colloque sera également organisé à ce sujet,le samedi 15 octobre à l'Assemblée Nationale.