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Taoufik Baccar: Nul n'est prophète en son pays
Publié dans L'expert le 30 - 06 - 2016

La Tunisie regorge de compétences qui ont fait leurs preuves que ce soit à l'échelle nationale ou internationale et les témoignages sont nombreux concernant les connaissances, le savoir-faire et l'expérience de nombreuses personnalités tunisiennes qui avaient prouvé leur aptitude dans les missions qui leur ont été confiées, surtout sur le plan international.
Malheureusement, les événements du 14 janvier 2011 sont venus perturber l'échiquier, permettant, ainsi, au gré des nouveaux dirigeants de la Tunisie, de mettre au placard ou au frigo des sommités qui auraient pu servir à éviter au pays les malheurs qu'il endure, actuellement.
Parmi ces personnalités, l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Taoufik Baccar, qui a payé les frais d'avoir eu la malchance et le malheur d'avoir servi le pays avec abnégation et sérieux, et a été, malheureusement mis à l'écart et, comme le confirme l'adage « Nul n'est prophète en son pays ».
TaoufiK Baccar a de la compétence, du savoir-faire et de l'expérience à en revendre et, pourtant, il avait dû subir les injustices et le courroux des nouveaux dirigeants du pays, bien que, au mois de mai dernier, il avait eu gain de cause avec la levée de l'interdiction de voyager qui lui avait été imposée, durant un quinquennat.
Les témoignages concernant le savoir-faire de Taoufik Baccar sont venus de compétences et de sommités étrangères, notamment des prix Nobel des plus illustres.
Lors de sa visite en Tunisie, en 2006, James Heckman, économiste, spécialiste de l'emploi et prix Nobel d'économie en 2000, avait cherché à trouver la faille dans les programmes de l'emploi en Tunisie, en évoquant toutes les théories, mais Taoufik Baccar avait eu gain de cause en le convainquant du bien-fondé des choix et de la politique suivis.
Les prises de décision de Taoufik Baccar, dans le domaine financier, ont fait école, depuis qu'il avait émergé du lot et occupé des postes de responsabilité dans le secteur financier.
Clairvoyance et bien-fondé des idées
A ce propos, le prix Nobel de la paix Robert Mundell, invité du journal « L'Expert » avait défendu la thèse de l'indexation de la monnaie tunisienne sur l'euro ou le dollar, ainsi que la nécessité de faire partie d'une zone de monnaie idéale, en particulier la zone maghrébine, chose qui ne dépendait pas, seulement, de la volonté tunisienne.
Dans sa réaction, lors d'une rencontre, au cours d'un dîner en 2004, avec le prix Nobel de la paix, en présence de Sami Chérif, directeur de l'IFID, Taoufik Baccar avait défendu la thèse de la non-indexation du dinar, avec une argumentation des plus étayées, chose qui n'avait, pourtant, pas permis de convaincre Mundell.
Quelques années après et devant les crises successives sur les marchés internationaux, le prix Nobel a reconnu la clairvoyance et le bien-fondé des idées de Taoufik Baccar qui était, alors, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, tout en expliquant que l'indexation de la monnaie aurait conduit la Tunisie vers une banqueroute totale et certaine.
Taoufik Baccar était l'un des rares politiques à garder un œil sur tout ce qui est académique et, en particulier, tout ce qui concerne la recherche scientifique, ainsi que les liens avec l'Ecole nationale d'administration (ENA) où il était président de l'Association des anciens élèves de ce prestigieux établissement.
Cet intérêt avait favorisé, alors la naissance d'un grand centre d'études et de recherches, dans l'annexe de la BCT, avec à sa tête Sami Moulay, un éminent professeur universitaire.
Taoufik Baccar insistait, en outre, sur la nécessité d'avoir les avis des universitaires, chaque fois que possible, et bon nombre parmi eux sont devenus des amis proches de l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie.
Cet intérêt ne l'avait pas empêché de privilégier le travail sur le terrain, même en étant que gouverneur de la BCT, évitant de se cantonner dans son rôle administratif. Ainsi, il réservait, pratiquement, tous ses week-end, à des visites d'inspection dans les régions avec, en point de mire la création d'emplois et la promotion de l'investissement.
En est témoin, notamment, l'arrivée de plusieurs firmes internationales en Tunisie dont le japonais Yasaki, en plus de Benetton, le spécialiste du prêt-à-porter.
Accompagné de son ami Afif Chelbi, il a sillonné le pays du nord au sud et d'est en ouest pour promouvoir ses idées et la preuve en est qu'il a à son actif une dizaine de nouvelles zones industrielles générant des milliers de postes d'emploi.
Un homme de dialogue et de concertation
Conscient que le dialogue est la seule issue pour dépasser les obstacles et trouver les solutions adaptées, et devant l'impossibilité de constituer une association des usagers des banques, Taoufik Baccar a créé, au sein de la BCT, un Observatoire des services bancaires qui réunissait l'ensemble des acteurs de la place entre président-directeurs généraux de banques, universitaires, représentants de la société civile, journalistes, notamment, avec des débats houleux, francs et très animés.
Par ailleurs, en tant que fin communicateur et contrairement à un bon nombre de ses confrères, Taoufik Baccar a, toujours, encouragé les jeunes compétences tunisiennes. A cet effet, lors de son passage à la tête du ministère des Finances, il avait instauré la tradition de la tournée à travers tous les gouvernorats, accompagné de ses hauts cadres qui, chacun selon ses responsabilités, expliquait aux citoyens les dispositions de la loi des finances.
Le système des tournées avait été d'un grand apport pour ses collaborateurs qui avaient fait, alors, leur apprentissage, surtout qu'il n'avait jamais cherché à leur faire de l'ombre, ce qui avait permis l'émergence de certains noms dans le domaine de la finance, notamment Mohamed Ali Ben Malek, Habiba Louati, Ridha Chalghoum et d'autres encore qui sont sortis de l'ombre et ont émergé du lot.
Un patriotisme exemplaire
Au lendemain du 14 janvier 2011, certains proches lui avaient conseillé de fuir et de quitter le pays, mais sa réponse avait été catégorique : «J'y suis né, j'y ai vécu et je mourrai en Tunisie».
Malgré l'acharnement et une campagne de dénigrement orchestrée de la meilleure manière contre les ministres ayant servi le régime de Zine El Abidine Ben Ali, il a fait preuve de sagesse et d'un patriotisme exemplaires, en évitant, durant longtemps, toute apparition publique, et les rares fois où il avait eu l'occasion de rencontrer des proches, son souci n'était guère son sort personnel, mais la crainte de voir le pays vivre la dégringolade, comme c'est le cas, aujourd'hui.
Poursuivi en justice, comme la plupart des anciens responsables du régime de Ben Ali, Taoufik Baccar vient de bénéficier, depuis début mai 2016, de la levée l'interdiction de voyage décidée à son encontre, « après un combat terrible » a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Le haut commis de l'Etat, connu pour ses compétences et sa droiture, a beaucoup souffert au cours de ces dernières années, mais il a su faire bon cœur contre mauvaise fortune, prenant son mal en patience parce qu'il est convaincu de son innocence. Tout comme ceux qui le connaissent et ceux qui ont collaboré avec lui ne pensent que du bien de lui.
Après la levée de l'interdiction de voyage, « une étape importante, non pas tant que je tiens à voyager, mon pays demeurant à mes yeux le plus beau du monde, mais de me sentir libre de mes mouvements » écrit-il, mais parce que c'est le début de la fin d'un calvaire, il a tenu à « remercier tous les amis, toutes les personnes qui ont tenu à me féliciter et à m'exprimer leur soutien ».
Cet événement, ajoute-il, « m'a rappelé la période difficile du début de 2011 lorsque beaucoup de personnes m'ont conseillé de quitter le pays deux ou trois jours à peine avant que ces interdictions ne soient décidées, ce que j'ai fermement décliné étant convaincu que mon long parcours au service de l'Etat était empreint de loyauté , d'engagement et de reconnaissance envers la chère patrie, de probité et de transparence et que tôt ou tard justice sera faite et raison prévaudra ».
Taoufik Baccar ne désespère pas de son pays et il « ose espérer que dans un élan de solidarité, les sages de ce pays et ils sont encore nombreux, sauront induire ce sursaut patriotique salutaire et épargner au pays dérive et déperdition ».
Justice rendue
A ce propos, Sami Brahimi, ancien directeur général à la BCT a fait l'éloge de cet Homme dans un article plein d'émotion et de révolte contre l'injustice. Il écrit, dans ce sens, «Le dernier gouverneur de la Banque centrale de Tunisie de l'ère Bern Ali, en l'occurrence Taoufik Baccar a eu, enfin, gain de cause et il a été rétabli dans sa liberté d'aller et de venir, et de voyager, après un quinquennat durant lequel il n'a ni rouspété, ni cherché à contourner le cours de « la pseudo-justice » qui l'avait mis au placard.
Plus de 5 ans d'interdiction de voyage et de navette entre le palais de justice et sa modeste résidence n'ont pas entamé son sens de la patrie et du service public et il avait, même respecté ses engagements personnels en répondant à son engagement habituel à l'invitation de certains députés qui souhaitaient l'écouter à propos de la nouvelle loi bancaire. L'attitude d'un commis de l'Etat authentique qui sait toujours transcender et placer l'intérêt suprême de l'Etat au dessus de toute autre considération.
Ayant l'un des meilleurs CV de premier responsable économique, sinon le meilleur car, excusez du peu, l'homme a fait quasiment le tour de tous les départements à caractère économique, financier et monétaire: Ministre du développement économique (1995-1999), Ministre des finances (1999-2003)et Gouverneur de la BCT (2004-2011), il avait couvert ainsi l'ensemble des facettes de la macroéconomie ( plan, budget et monnaie) et s'était toujours comporté le long de cet honorable parcours en développeur sans arrogance ni suffisance. La Tunisie lui doit la première grande opération de privatisation (les cimenteries), les notes d'orientation des 8ème et 9ème plans de développement, l'élaboration du 9ème plan (1997-2011), la création du Fonds autoroutier, du Fonds National pour l'emploi et du programme de développement urbain intégré ; l'élaboration du code des obligations et des procédures fiscales et du code des OPCVM ainsi que la grande réforme de 2006 de la loi bancaire et des Statuts de la BCT qui, tout en poursuivant l'œuvre des prédécesseurs, ont permis de franchir des étapes décisives sur la voie d'une meilleure gouvernance du système bancaire et de crédit dans son ensemble et de mettre le mandat de l'Institut d'Emission au diapason des pratiques internationales les plus représentatives.
Des réserves pour plus de 148 jours d'importations
Lorsqu'il quitta la BCT en 2011, il laissa 5.8 milliards de dinars qu'il a pu préserver et des réserves de change de plus de 148 jours d'importation qui ont permis au pays de survivre durant ces dernières années ainsi que deux projets de réforme de la loi bancaire et du code des changes qu'il légua à son successeur.
Mais au-delà de ces considérations, c'est à l'homme qu'on doit rendre hommage pour ses vertus morales indéniables, son intégrité, sa compétence, son dévouement pour la chose publique et sa capacité à mobiliser ses collaborateurs, à leur faire confiance et à les protéger contre les humeurs du pouvoir et des lobbies d'alors. Je resterai témoin avec quelques-uns de mes collègues, de la résistance qu'il opposa lorsqu'on lui intima par deux fois, l'ordre de signer des « garanties souveraines » pour des milliards d'Euro/Dollar au profit de prétendus investisseurs étrangers qui promettaient à la Tunisie des financements à des conditions avantageuses. Je retiendrai aussi l'audience qu'il avait et qu'il a encore à l'échelle internationale. C'est ainsi qu'en 2009 à Istanbul, il a brillamment présidé une séance plénière des Assemblées Annuelles du FMI et de la BIRD lorsque la Tunisie fut élue à la vice-présidence des assemblées; Depuis l'indépendance, cet honneur a échu à deux Tunisiens, feu Hédi Nouira à Washington dans les années soixante et le Gouverneur Baccar. Ceux qui étaient présents à ces Assemblées peuvent témoigner de l'agilité avec laquelle il présida la séance de l‘une des plus prestigieuses rencontres mondiales à caractère économique et financier. Nul doute que le Taoufik Baccar, pour peu qu'on l'y invite, n'épargnera aucun effort pour contribuer positivement au redressement de l'économie du pays et mettre toute son expérience et son art, lui qui a vécu les crises de 1985-1986, la crise du Golfe et la crise financière internationale de 2008. Cela étant, il aura mis ses compétences au service d'un pays, le sien, le nôtre pour lequel il aura déjà beaucoup donné.»
Ce témoignage qui émane d'un connaisseur plaide en la faveur d'un illustre personnage dont la seule erreur est d'avoir eu la malchance d'avoir servi, comme technocrate, dans les derniers gouvernements de l'ère Zine El Abidine Ben Ali, alors que d'autres, moins bons que lui, continuent à faire la pluie et le beau temps et de présider aux destinées d'un pays qu'ils mènent à la dérive.
Des performances inégalables
Sur le plan international il mettra tout son savoir faire au service de la Tunisie et réussira de faire passer le rating du pays à À _ chez l'agence Japonaise de rating R And I. En pleine crise financière internationale il réussira à lever sur le marché japonais, pour une maturité, de 20 ans à un spread de 0,75% et, pour la comparaison, la sortie de la Tunisie sur le marché financier international était de 4,12 % pour 10 ans seulement.
Connu des milieux financiers internationaux, il a été successivement gouverneur suppléant à la Banque mondiale et gouverneur de la Tunisie au Fonds monétaire international. En 2009 il sera vice-président de l'assemblée annuelle du FMI et de la Banque Mondiale tenue à Istanbul et présidera des séances de ces assemblées, ce qui n'est pas arrivé pour un Tunisien depuis lea fin des années soixante lorsque Hédi Nouira présidera ces Assemblées.
Après 2011 il a été sollicité par le Fonds monétaire arabe FMA mais n'a pu rejoindre en raison de son interdiction de voyage .Ses anciens collègues gouverneurs des banques centrales d'Afrique du Nord le sonderont par l'intermédiaire de l'ancien gouverneur d'Egypte, Docteur Farouk El Okda, pour une candidature à la présidence de la BAD. Il leur répondra que ces candidatures sont du ressort du gouvernement.
Les arguments de la Tunisie pour la sortie de crise
Sur sa page Facebook, il a évoqué l'état des lieux de la situation économique dans le pays, dans un article sur les moyens utilisés pour sortir de la crise.
«Ceux qui comme moi ont vécu la crise grave de 1986, la première et la seconde crises du Golfe ainsi que la crise financière internationale de 2007/2008 savent ce qu'il faut comme patriotisme, professionnalisme et abnégation pour sauver l'économie d'un pays en proie à une crise profonde. En 1986, trois facteurs fondamentaux ont aidé le pays à se remettre sur pied et à retrouver très vite le chemin de la croissance.
D'abord la compétence des premiers responsables qui ont eu la charge de concevoir, d'exécuter le programme d'ajustement et de mobiliser la communauté internationale en faveur de ce programme. Je citerais Rachid Sfar, Ismail Khelil, feu Nouri Zorgati et Beji Hamda.
Ensuite, le soutien technique d'une Administration motivée et mobilisée autour du programme. Je parle en particulier des cadres supérieurs des ministères du Plan et des Finances et de la BCT qui ont fait le gros du travail. En ce qui me concerne j'étais chargé en tant directeur général des ressources humaines au ministère du Plan de concevoir le projet d'accompagnement social du programme de réformes ce qui donnera lieu à la mise en place du programme des familles nécessiteuses connu sous le terme de PNAFN et qui a été financé par un prélèvement sur les ressources de la CNSS devant le refus de la Banque Mondiale d'en assurer le financement.
Enfin, la réactivité qui a caractérisé la démarche tunisienne et qu'on retrouvera d'ailleurs au moment où il fallait faire face à la première et deuxième crises du golfe et à la crise financière internationale de 2007/2008 et à ce propos je me rappellerais toujours de cette folle journée, une journée d'Aïd pour tout vous dire, passée à la salle de change de la BCT pour réorienter les placements en devises de la Tunisie vers des banques solides et des instruments sans risques pour le pays. En 1986, le soutien financier apporté par les organisations internationales était limité juste ce qu'il faut pour remettre l'économie à flot. D'ailleurs, le prêt stand by du FMI (Fonds monétaire international) a été remboursé par anticipation ce qui a affranchi le pays des influences extérieures et préservé sa souveraineté.
Réactivité, professionnalisme et compétence ont été les principaux arguments de la Tunisie pour la sortie de crise le soutien financier n'étant qu'un adjuvant».
2017, l'année de tous les risques
Evoquant la situation économique dans le pays, Taoufik Baccar souligne qu'à «la question que me posent beaucoup d'amis jusqu'à quand ces dérapages, j'ai aujourd'hui tendance à dire jusqu'à 2017 lorsque sonnera l'heure de la vérité.
D'abord pourquoi l'année 2017 ?
– En 2017 la Tunisie aura à payer près de 8 milliards de dinars de service de la dette contre un peu plus de 5 actuellement
– En 2017 les augmentations successives des salaires auront un effet en année pleine de 1,8 milliard de dinars rien que pour le secteur public avec tout l'impact que cela aura sur les équilibres extérieurs et l'inflation
– En 2017 la Tunisie aura connu deux années difficiles pour le secteur touristique comme le prévoient tous les professionnels du secteur et tout le monde connait la place stratégique de ce secteur dans les équilibres extérieurs du pays sans compter les importations des produits agricoles de base dont le niveau sera élevé au moins jusqu'au mois de juin 2016
Si la situation continue telle qu'elle est actuellement, la Tunisie rencontrera de graves tensions sur ses équilibres extérieurs en 2017 et il n'est pas évident qu'elle sera en mesure de lever les ressources extérieures nécessaires pour financer ses déficits. Et tout le monde est conscient que notre grande contrainte en Tunisie réside dans les paiements extérieurs; tous ceux qui ont vécu 1986 le savent. La similitude faite par Moez Joudi et Ezzeddine Saidane avec le cas Grec ne sera alors plus un cas d'école mais bel bien une réalité à laquelle il va falloir faire face.
Nous avons pour la plupart applaudi au retour au processus de planification. Mais dans le contexte actuel un plan n'a plus de sens; la priorité des priorités, aujourd'hui, consiste à arrêter cette descente vers l'enfer. Par ailleurs, il n'y pas d'espace disponible pour des programmes d'investissement pour parler de plans de développement; le chiffre de 125 milliards de dinars d'investissement avancé dans la note d'orientation n'a aucune chance de se réaliser avec les contraintes citées plus haut et surtout le chiffre de 45 milliards de dinars d'investissement public, une véritable vue de l'esprit quand on sait les contraintes du budget et la situation de quasi-faillite dans laquelle se trouvent les entreprises Publiques.
A mon sens il est plus opportun de mettre en place un programme de sauvetage de l'économie du pays qui couvrirait les années 2016-2017 et dont l'objectif serait de faire retrouver au pays des fondamentaux acceptables avec l'initiation des réformes de base et l'adoption d'un programme d'investissement prioritaire qui préparerait le pays à des jours meilleurs. Ce programme de sauvetage serait relayé par un plan qui couvrirait la période 2018-2021, quatre années durant lesquelles l'objectif serait de porter la croissance à des niveaux plus élevés capables de créer les emplois nécessaires et d'améliorer les niveaux de vie dans un cadre macroéconomique stable et viable.
Nous avons réussi à faire cela entre 1988 et 1990 et nous avons même remboursé par anticipation les crédits du FMI pour nous en affranchir le diktat.
Nous avons réussi cela grâce à une Administration forte et compétente et un secteur privé motivé et confiant en l'avenir de ce pays. Il n'y a pas de raison de ne pas réussir maintenant à condition de réhabiliter l'Administration et de responsabiliser le secteur privé. Il faut y aller tant qu'il est encore temps sinon c'est un calvaire qui attend le peuple tunisien similaire à celui qu'a connu la Grèce avec le soutien de l'Europe en moins.»


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