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Situation économique : Quand les politiques deviennent un obstacle au développement
Publié dans L'expert le 23 - 02 - 2017

L'économie tunisienne stagne ou est dans l'expectative. Pour aider le pays à surmonter les obstacles, d'importantes initiatives doivent être prises.
Alors que la Banque centrale de Tunisie (BCT) remettait sa rituelle note d'évolutions économiques et monétaires 2016, les chiffres du commerce extérieur tombaient brutalement : les importations ont flambé de 35 % en janvier, aggravant le déficit de la balance des paiements. Les réserves en dinars ne sont désormais plus que de cent jours d'importation contre 121 en janvier 2016. Au sein de l'Institution, on n'évoque toujours pas de projet de dévaluation, car c'est au politique de prendre cette décision. Malmené, le dinar tunisien reflète la situation réelle de l'économie.
Endettement public :
entre dérapage économique et risque d'asphyxie politique
Plusieurs observateurs avertis ont constaté que l'endettement de la Tunisie emprunte une pente dangereusement glissante. Le taux d'endettement relativement à la richesse produite annuellement (PIB) frôle les 60%, et ce n'est pas une bonne nouvelle pour les Tunisiennes et les Tunisiens. Malgré l'organisation de plusieurs événements et forums internationaux pour «quêter» des dons et des prêts à taux avantageux, les résultats sont décevants, voire inquiétants. Les partenaires traditionnels de la Tunisie commencent à se questionner sur l'utilisation des financements consentis et sur le sérieux des gestionnaires et des instances gouvernementales et politiques. Plusieurs pays dits amis, nombreux donateurs traditionnellement généreux et divers lobbys financiers doutent de la capacité du gouvernement à gérer sainement les finances publiques, au point qu'ils n'excluent plus la banqueroute du gouvernement tunisien... et de la Tunisie! Quoi qu'on en dise, le risque est grandissant!
Récemment, le gouvernement de la Tunisie a dû recourir, non sans difficultés, au marché financier international pour mobiliser des financements (prêts) à des conditions draconiennes et inhabituelles : taux d'intérêt très élevés, sans délai de grâce, sans subvention et pour un remboursement sur un horizon de remboursement très court (6 à 7 ans). Les observateurs ont vu dans ce recours, un signe qui ne trompe pas : l'économie est en mauvaise posture et, malgré les avertissements, le gouvernement actuel s'avère incapable de reverser la vapeur. Les ministres actuels et leurs conseillers-experts n'arrivent pas à gérer les contingences, à trouver les marges de manœuvres budgétaires nécessaires et encore moins à innover dans leurs politiques et processus de remise en marche de l'économie et de la création de la richesse collective.
Une sonnette d'alarme doit être tirée pour réveiller l'opinion publique, les ministres asthéniques, les élus naïfs et un Raïs somnolent ! Certains ministres incompétents, hautes personnalités de l'establishment bancaire, financier, monétaire (Banque Centrale notamment) et autres responsables des rouages institutionnels attenants doivent reconnaître leur incapacité et se retirer en conséquence. Le contexte ne permet pas plus d'indulgence ou de tolérance à des jeux de coulisses imposés par des diktats dogmatiques ou des idéologies partisanes.
Si rien n'est fait, cinq risques guettent les Tunisiennes et les Tunisiens.
1- La faillite de l'Etat peut survenir rapidement si l'Etat continuait à se financer aveuglement grâce à une dette asphyxiante, nocive, coûteuse en frais d'intérêts, mal négociée et hypothéquant les ressources rares du pays et l'espoir des générations montantes.
2- Dans un contexte de pression financière internationale (exercée par les prêteurs sur le budget de l'Etat), le gouvernement risque de se mettre à gérer en parant aux dépenses les plus pressantes (visant l'insécurité, les troubles, les licenciements, les sabotages, etc.), sacrifiant au passage les attentes légitimes en santé, en éducation, en pouvoir d'achat et en bien-être collectif. Le dinar tunisien s'érode dramatiquement.
3- Plus que jamais depuis la révolution tunisienne, le cercle vicieux de l'endettement se fait sentir de manière latente, diffuse mais grandissante. Il peut amener la Tunisie à s'embarquer dans des trajectoires et scénarios intenables vécus dans des pays africains ou latino-américains : salaires non payés, retraits bancaires massifs, Caisse de retraite en faillite, services publics exsangues, vente massive des actifs nationaux, taxation aberrante, hausse de prix des biens de première nécessité, etc.
4- Au regard de l'enlisement de la situation avec un endettement effréné, parce que le gouvernement, les parlementaires, les intellectuels, les médias et lobbys influents restent aveugles, sourds et muets face au péril latent, les tensions ne peuvent que dégénérer en faveur d'un coup d'Etat militaire, dans la veine du scénario égyptien.
5- Avec ce qui se passe chez le voisin libyen, dans d'autres pays arabes en guerre et surtout avec l'avènement de l'ère Trump aux Etats-Unis, le contexte international risque d'occulter les attentes sociales et étouffer des aspirations démesurées issues du Printemps arabe, initié justement quelque part dans les fiefs de Sidi Bouzid en Tunisie.
En somme, plusieurs lumières sont au rouge : les équilibres des finances publiques en Tunisie sont boiteux, les mécanismes de gouvernance actuelle sont déficients et les amortisseurs sociaux connaissent une surchauffe inhabituelle.
Le tout impose un sursaut de conscience, de toutes les parties prenantes, y compris celles des partis dominant la scène politique et s'imaginant à l'abri des soubresauts en gestation. Le temps est compté, et comme le dit la sagesse : «le temps c'est de l'argent»!
Le déficit commercial a plus que doublé en un an
Alors que le déficit commercial a plus que doublé entre janvier 2016 et janvier 2017, les fonctionnaires au service des oligarques continuent à faire de la dentelle.
D'après un sondage de l'Institut national de la statistique (INS), nos exportations ont atteint 2.253 millions de dinars tunisiens (TND) à fin janvier 2017, contre 2.055 millions TND à fin janvier 2016, soit un accroissement de 9,6%.Quant aux importations, elles ont enregistré un dérapage de 35,6%, atteignant 3.474 millions TND à fin janvier 2017 contre 2.562 millions TND un an auparavant.
Malheureusement, l'INS continue à occulter la segmentation des importations en biens de consommation superflus.
Ce faisant, les concessionnaires auto et les grandes surfaces peuvent faire prospérer davantage leurs activités de rente sans se faire du souci.
Ainsi, le déficit de la balance commerciale a plus que doublé, passant de 507 millions TND en janvier 2016 à 1.221 millions TND en janvier 2017.
Il en ressort que, n'eut été l'intégration frauduleuse du flux de marchandises sous «régime suspensif» dans la balance commerciale, le déficit commercial réel aurait été beaucoup plus dramatique, dans la mesure où le Comex au titre du RS ne comptabilise que le produit des prestations de sous-traitance nécessaires pour le règlement des charges d'exploitation locales (salaire, loyer, énergie, divers consommables), mouvement devant figurer dans la balance commerciale des services.
En effet, l'examen minutieux du communiqué de l'INS révèle que la balance commerciale du «régime général» affiche un déficit de 1.925 millions TND en janvier 2017, soit un taux de couverture de 21% contre 32% à fin janvier 2016 et 36% à fin janvier 2015.
Il y a donc péril en la demeure ? C'est le moins que l'on puisse dire.
Le gouvernement serait-t-il incapable de lutter contre la corruption?
Le FMI nous apprend dans son rapport (évaluation de la transparence des finances publiques) que les instances gouvernementales tunisiennes ne disposent pas de données fiables sur les destinataires et les bénéficiaires des privilèges fiscaux (déduction d'impôt, subventions, crédit d'impôt, etc.) qu'elles offrent aux entreprises et aux autres acteurs socio-économiques. Les extraits du rapport sont écrits à l'encre rouge pour attirer l'attention des élites (médias, entre autres). Ce même rapport nous apprend que les hauts cadres de la fonction publique tunisienne ne respectent pas les procédures stipulant que leurs actions doivent être évaluées de manière systématique, rigoureuse par des instances neutres et crédibles. À ce sujet, la Banque mondiale donne à la performance tunisienne en matière de reddition de compte (Voice and Accountability) une note de 22 sur cent (soit une note d'échec). Les citoyens tunisiens ont, depuis longtemps, vu ces abus et infractions impunis. Ils sont obligés de faire profil bas, entre autres en faisant tout pour ne pas payer leurs impôts et faire tout pour plaire aux décideurs administratifs et politiques, voire les soudoyer par des dons et autres biens et services en nature. La mal-gouvernance gouvernementale est pointée du doigt comme étant la première source de la décadence du capital social en Tunisie.
L'administration pourrait-elle-plomber l'investissement ?
Ici aussi, les statistiques sont sans appel; et elles ne laissent pas de doute que la démotivation et la nonchalance observées sur les lieux du travail ne peuvent que faire dégringoler la productivité collective et déprécier la valeur du mérite et du TRAVAIL. Deux exemples sont donnés par la Banque mondiale à ce sujet. Le premier soutient qu'en moyenne et pour la même durée de travail; un employé tunisien produit deux fois moins de richesse qu'un employé turc et six fois moins qu'un employé suisse (toute chose étant égale par ailleurs). Le second exemple fait mention des lenteurs dans les processus de prestation de services aux citoyens, et avance qu'il faut deux fois plus temps pour avoir les autorisations requises pour démarrer une entreprise qu'ailleurs, au Maroc ou au Vietnam par exemple. Les lecteurs de Babnet.net ont certainement des exemples plus concrets et plus illustratifs dans le cadre de leurs interactions avec leurs services administratifs gouvernementaux ou municipaux, et frontaliers (douanes, services de Tunis air, transitaires, polices, etc.).
Sur un autre registre, les visiteurs de la Tunisie s'étonnent toujours de la présence d'autant d'adultes bien portants, mais oisifs, assis durant de longues heures aux terrasses des cafés, comme si leurs environnements familiaux et lieux de vie n'ont pas besoin de leur contribution pour réparer, nettoyer, aider les leurs et surtout embellir les lieux de vie de leurs familles et enfants. Il s'agit ici d'un décrochage inquiétant par rapport à la valeur du travail et du bien commun.
Consolider ce qu'on sait faire
L'administration tunisienne engrange encore des cadres compétents. Il ne faut pas qu'on soit bloqué par ces inerties. Il faut s'y attaquer. Il n'y a pas d'autres alternatives. Il faut prendre le taureau par les cornes et imposer un rythme un peu plus souple que le rythme que nous avons connu antérieurement. Il faudrait engager les réformes et mobiliser à cet effet les femmes et les hommes de l'administration. La solution serait peut-être de les motiver et de les encourager, et le gel des salaires pendant six mois ne sert pas cette perspective.
Actuellement, la société politique est indisciplinée et déstructurée, la société civile est inexpérimentée. Les entreprises publiques sont jalouses de leurs monopoles et les factures sont peu à peu devenues exorbitantes sans aucune justification. La technique de la progressivité a été abandonnée pour une facturation par défaut au taux le plus élevé. La corruption n'a jamais été aussi présente et est même devenue quasi générale.
Il est temps que notre économie change son fusil d'épaule. Nous avons une manne qui est laissée à l'abandon au point qu'elle n'a fait que péricliter et c'est l'agriculture.
Les pouvoirs publics doivent comprendre et promouvoir les processus qui peuvent appuyer la recherche pour résoudre les problèmes nouveaux auxquels est confronté le pays. Il importe par ailleurs de renforcer le rôle de l'Etat dans la promotion d'accords institutionnels efficients et efficaces pour permettre aux agriculteurs d'avoir plus facilement accès à des crédits de campagne ainsi qu'aux marchés des intrants et des produits. Il convient d'établir un cadre de politiques générales stable et efficace afin d'encourager les investissements dans l'amélioration de la productivité de l'agriculture et qui facilite les transformations structurelles nécessaires.
Des prix stables sont importants pour donner confiance aux investisseurs nationaux et étrangers et pour permettre aux agriculteurs ,aux commerçants et aux décideurs du secteur de prendre, en connaissance de cause, des décisions engageant l'avenir. il faut aussi améliorer l'accès aux marchés, assurer la diffusion de l'information, fixer des normes et mettre en place un cadre juridique et réglementaire adéquat.
Il est dommage que la production de lait ne soit pas rationnalisée et que l'on jette des hectolitres de lait simplement parce que les unités de stockage ne sont pas suffisantes. Il suffirait de peu de choses pour faire décoller ce secteur à savoir une volonté politique, une stratégie économique raisonnable et des investissements structurels et financiers.
Nous avons aussi le domaine de l'agriculture biologique qui est, lui aussi, porteur. Il serait opportun de développer ce secteur pour soutenir notre économie.
Ce qui nous manque, c'est le changement dans les méthodes et dans la recherche de solution. Il faudrait poser les vraies questions avec la volonté de faire avancer les choses.
Au niveau de la coopération : la Tunisie (fortement dépendante de l'Europe, son premier partenaire ), ne peut que consolider ce qui, historiquement, a été ses points forts : tourisme, phosphate, agriculture. Un familier du système économique préconise que le Premier ministre organise des roadshows internes.
Il faudrait que la Tunisie regarde ailleurs que vers la rive nord de la Méditerranée. Nous devons diversifier nos partenariats et élargir la palette de nos rapports extérieurs vers de nouvelles perspectives. Pourquoi ne pas regarder vers l'Asie (la Chine, le Japon, l'Inde) ou encore vers le Sud, comme l'Afrique du sud et bien d'autres et l'Afrique sub-saharienne. Certains pays sont demandeurs du savoir-faire dont nous disposons.
Enfin, à la suite du sommet « Tunisia 2020 », l'optimisme était de retour. Bailleurs de fonds, institutions et Etats se sont engagés sur d'importants montants d'aides, de dons, de prêts...Il serait nécessaire de mettre en place un mécanisme de suivi des résultats de cette la conférence pour garantir l'application des engagements des participants annoncés lors de cette conférence.


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