Des anciens agents américains confirment au « Wall Street Journal » que Kim Jong-nam avait informé, jusqu'à son assassinat spectaculaire en février 2017, plusieurs grands services de renseignement étrangers sur les arcanes du pouvoir nord-coréen. Confirmant les soupçons de plusieurs analystes, le « Wall Street Journal » affirme, ce mardi, que Kim Jong-nam, le demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong-un, avait été lié, jusqu'à son assassinat en 2017 en Malaisie , à la CIA, l'agence du renseignement américaine. Sous couvert d'anonymat, des anciens agents américains assurent également que Kim Jong-nam aurait fourni des renseignements sur les arcanes du pouvoir nord-coréen à d'autres grands services d'espionnage et probablement à Pékin. Lors de son enquête sur la mort de Kim Jong-nam, la police malaisienne avait elle-même déjà suggéré des liens du « dissident » avec les services américains. Ils avaient ainsi fait fuiter des images de caméras de sécurité d'un grand hôtel montrant, peu avant sa mort, la victime en compagnie de plusieurs Occidentaux, présentés par Kuala Lumpur comme des hommes de la CIA. Selon les enquêteurs, Kim Jong-nam aurait été régulièrement rémunéré en liquide pour ces informations sur le régime nord-coréen, qu'il avait fui des dizaines d'années plus tôt. Même père Pour plusieurs experts, ces liens probables avec des gouvernements étrangers auraient été l'une des motivations de Pyongyang dans la mise sur pied d'une audacieuse opération d'élimination de Kim Jong-nam . Son assassinat aurait été directement approuvé par Kim Jong-un, qui redoutait aussi l'éventuelle influence politique de ce demi-frère qu'il ne connaissait pas. Longtemps pressenti pour succéder à Kim Jong-il, leur père à tous les deux, à la tête du régime dynastique, Kim Jong-nam était tombé en disgrâce dans les années 90 avant de partir se réfugier à l'étranger, alors que Kim Jong-un n'était qu'un enfant. Les deux hommes, qui n'avaient pas la même mère, n'ont jamais été élevés ensemble et ne se sont probablement jamais rencontrés. Rocambolesque procès La dimension politique de la mort de Kim Jong-nam n'a jamais pu être réellement mise en lumière lors du rocambolesque procès des deux jeunes femmes accusées de son assassinat. L'Indonésienne Siti Aisyah et la Vietnamienne Doan Thi Huongavaient été filmées lui frottant le visage d'un agent neurotoxique, le VX, dans le hall de départ de l'aéroport de Kuala Lumpur le 13 février 2017. Il était mort quelques minutes plus tard dans l'ambulance le conduisant vers un aéroport de la ville. Les deux accusées, qui avaient expliqué qu'elles avaient été manipulées par des agents nord-coréens, avaient finalement été libérées en mars et en mai dernier. Identifiés, les suspects nord-coréens n'ont, eux, jamais été appréhendés et sont retournés vivre à Pyongyang. Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)