Certaines choses doivent arriver, tôt ou tard, surtout que les décideurs du football mondial n'ont qu'une seule préoccupation, celle de faire rentabiliser à outrance les compétitions internationales et d'en tirer profit, aussi, pour eux. Ce qui s'est passé, récemment, avec la Confédération africaine de football (CAF), ne peut conforter notre conviction qu'il y a quelque chose de pourri, dans le monde du football et que les connivences, le favoritisme et le copinage jouent un rôle important dans « le choix » du vainqueur de la Coupe d'Afrique des clubs champions. Mais, de là à chercher à ternir l'image de la Tunisie, un pays qui cherche à montrer qu'il est venu à bout du terrorisme et qu'il a pu rétablir la sécurité, il y a des lignes rouges à ne dépasser, surtout lorsque les coups viennent d'un pays qui se dit frère et qui fait partie de l'Union du Maghreb arabe. La rencontre entre l'Espérance sportive de Tunis (EST) et le Wided Athlétique de Casablanca (WAC – Maroc) a terni l'image du football africain, et la cause en est, certainement, le président de la CAF, Ahmed Ahmed en qui, il n'y a pas longtemps, tout le monde avait cru en l'honnêteté et la crédibilité, mais que les événements récents viennent de dévoiler qu'il n'est pas aussi bon qu'on le dit, avec des affaires de corruption qui entachent sa gestion. Au match-aller, la rencontre entre les deux clubs s'est déroulée dans des conditions honnêtes, même si l'Espérance de Tunis n'avait pas crié au scandale, avec le comportement des dirigeants marocains qui, bien que leur équipe ne fait pas le poids, qui voulaient coûte que coûte gagner ce titre par tous les moyens. Des antécédents malheureux Déjà, les précédentes rencontres de Nahdhet Borkane (Maroc), dans la coupe de la league avaient donné un aperçu sur ce qui pourrait arriver aux équipes adverses. Il n'y avait qu'à voir ce qu'avaient enduré les joueurs du Club Sportif Sfaxien (CSS), puis au Club égyptien d'Azzamalek, pour comprendre l'ampleur des enjeux. Les responsables de ces deux clubs ont été sortis de leurs gongs, avec les magouilles et les pleurnicheries de leurs homologues marocains. La match-retour face à l'EST s'est déroulé, normalement, même si l'arbitre avait omis de siffler un pénalty en faveur de l'équipe locale, et les protestations habituelles n'avaient pas duré, pour que la rencontre reprenne son cours normal. Mais, la suite avait été, vraiment, catastrophique après le but d'égalisation, refusé pour hors-jeu, par l'arbitre de la rencontre… et ce fut, alors, le début d'un scénario de bas-de-gamme, orchestré par les joueurs et les dirigeants du club marocain, avec des protestations qui avaient duré, près d'une heure, à l'issue de laquelle l'arbitre avait déclaré l'EST vainqueur du titre, en présence du président de la CAF, des dirigeants du WAC et ceux du club tunisien. Mais, cela ne devait pas s'arrêter à ce stade, puisque le Wided avait contesté le résultats et, comble de la honte, voilà que la CAF décide tout bonnement de faire rejouer la rencontre, à la suite d'une décision prise… à Paris, en marge de la réélection du président de la FIFA, avec comme principal argument, tenez-vous bien, de l'insécurité dans le stade et, par projection, dans le pays. Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) et l'Union nationale des journalistes marocains ont appelé les journalistes tunisiens et marocains à la retenue, à faire prévaloir les nobles règles du professionnalisme qui exigent l'impartialité et le respect des relations fraternelles entre les deux peuples frères. Ils ont dénoncé, à ce propos, les « surenchères médiatiques dangereuses sur certaines tribunes par des journalistes et activistes du réseau social en Tunisie et au Maroc », suite à la décision de la CAF de faire rejouer la finale-retour de la Ligue des champions entre l'Espérance ST et le WA Casablanca. Les journalistes appellent au calme Dans une déclaration commune signée par Naji Bghouri et Abdallah Al-Bakali, les deux syndicats ont exprimé leur désapprobation « de toute tentative de politiser un match de football régulier entre deux clubs sportifs prestigieux des deux pays frères ». Les deux syndicats ont mis en garde « contre l'extrême gravité des tentatives de porter des accusations réciproques gratuites et d'invective de part et d'autre ». D'autre part, les deux syndicats ont appelé les médias des deux pays à œuvrer pour contrecarrer « ces déviations, comme le requiert la déontologie du journalisme et l'histoire et les relations communes de fraternité, d'unité et de solidarité entre les deux peuples ». Le bureau exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) a décidé mercredi de faire rejouer la finale de la Ligue africaine des champions opposant l'Espérance au WA Casablanca dans un stade neutre après la phase finale de la Coupe d'Afrique des Nations 2019, rappelle-t-on. Il a justifié sa décision par l'absence de conditions de jeu et de sécurité pour le déroulement normal de la rencontre. Le bureau exécutif a également décidé d'obliger l'Espérance ST à remettre le trophée et les médailles à la CAF, tout en confirmant le résultat du match-aller disputé à Rabat, soldé par un match nul (1-1). La finale retour, disputée le 31 mai à Radès, avait été arrêtée à l'heure de jeu après le refus du Wydad Casablanca de rejouer, au terme de plus de 84 minutes de palabres, avant le recours à la VAR (en panne) pour vérifier le but d'égalisation du club marocain, après avoir été mené au score 1 à 0. Puis ce fut le coup de théâtre pour les Espérantistes. Le match bouillant de la finale de la ligue des champions africaine sera finalement rejoué en dehors du territoire tunisien, selon la décision de la CAF qui a été prise au terme de la réunion du comité exécutif d'urgence de la CAF qui a eu lieu mercredi 5 juin 2019 à Paris. La CAF a justifié cette décision par les conditions de sécurité et d'organisation qui n'ont pas été respectées, selon elle, lors du match retour en Tunisie. En conséquence, l'EST doit restituer à la CAF le trophée et les médailles dans les plus brefs délais. Atteintes à la souveraineté du pays Suite à la décision de faire rejouer la finale-retour, l'EST a publié un communiqué sur son site officiel dans lequel elle exprime son grand étonnement et informe son public, qu'en attendant la confirmation officielle écrite de cette décision, « le comité directeur va se réunir dans les prochains jours pour faire appel de cette décision auprès des instances internationales concernées et prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre son droit en utilisant toutes les voies légales ». Le comité exécutif de la CAF rappelle-t-on, réuni mercredi soir à Paris a décidé, de faire rejouer la finale-retour de la ligue des champions d'Afrique entre l'Espérance Sportive de Tunis et le Wydad de Casablanca, a déclaré, le conseiller du président de la CAF Hédi Hamel, à l'issue de la réunion d'urgence du CE, précisant que l'Espérance devra restituer le Trophée et les médailles qui lui ont été remis. Le chef du gouvernement Youssef Chahed a, dans un tweet, qualifié de « mascarade » la décision de la Confédération africaine de football (CAF) de faire rejouer la finale-retour de la Ligue des champions d'Afrique entre l'Espérance sportive de Tunis et le Wydad de Casablanca dans un terrain neutre. Chahed a, par la même occasion, exprimé son soutien à l'Espérance ainsi qu'à tous les clubs tunisiens, indiquant « On défendra le droit de l'Espérance de Tunis et de toutes les autres équipes tunisiennes ». Le chef du gouvernement n'a, par ailleurs, pas manqué de saluer les forces sécuritaires tunisiennes qui, a-t-il estimé, sont un modèle à suivre dans le monde. « Quiconque fera douter des aptitudes sécuritaires de la Tunisie devra assumer sa responsabilité », a ajouté Chahed. Dans le même tweet, le chef du gouvernement, a salué la discipline dont ont fait preuve les supporters des Sang et or durant la finale en question. L'Espérance sportive de Tunis s'était, rappelle-t-on, imposée vendredi dernier à Radès (1-0) en finale retour de la Ligue des champions d'Afrique après l'abandon du Wydad de Casablanca et l'interruption du match par l'arbitre gambien Bakary Gassama, qui a déclaré l'Espérance de Tunis vainqueur de l'édition 2019 de la compétition, avant que la CAF ne décide à l'issue de sa réunion d'urgence à Paris de faire rejouer la rencontre dans un terrain neutre. Le chef du gouvernement avait assisté à la cérémonie de remise du trophée à la formation tunisoise à Radès, son second titre remporté d'affilé et le 4e de son histoire. Malversations et corruption ! Mais, les événements se sont précipités, avec la mise en cause du président de la CAF, dans des affaires de mauvaise gestion, de malversations et, pire encore, de harcèlement sexuel, avec son arrestation pour interrogatoire par la police française. Cette arrestation est motivé par le fait que la société qui avait bénéficié des largesses de la CAF a pignon-sur-rue dans l'Hexagone. Ahmad Ahmad ou Ahmad Darw, avait fait campagne sur le besoin de changement de la CAF, promettant « une transparence dans la gestion » et la fin des « pratiques obsolètes ». Pourtant, l'homme ne peut se targuer d'une réputation sans failles. Le nom d'Ahmad a ainsi été cité par le Sunday Times dans l'affaire de corruption qui a entouré l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Selon le journal britannique, il aurait perçu 30.000 à 100.000 dollars en échange de son vote pour le Qatar, ce que l'intéressé dément formellement. Le comité d'éthique de la FIFA estime qu'Ahmad est sous enquête préliminaire pour ses liens avec Bin Hammam. Des documents et des courriels montrent qu'il a été payé 10 000 USD par Bin Hammam en 2008 pour un voyage à Kuala Lumpur, puis il a approché le Qatari en 2010 pour obtenir des fonds pour soutenir ses propres élections à Madagascar. Quand un ancien bras droit de Bin Hammam, M. Chirakal banni depuis de la FIFA, demande à M. Ahmad, le président de la fédération malgache, comment il peut lui envoyer l'argent promis, Ahmad lui répond : « Soit vous m'envoyez l'argent par virement bancaire, soit vous me le remettrez lors de mon passage à Paris ». Interpellé à l'hôtel de Berri, à Paris, pour être entendu par les services de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), Ahmad Darw doit répondre de soupçon de corruption au profit de la société française Tactical Steel. Il a rompu unilatéralement le contrat liant la CAF à l'équipementier Allemand Puma. Une signature de contrat qui, selon l'ex-secrétaire général de l'instance continentale, l'égyptien Amr Fahmy, limogé par Ahmad, aurait été favorisée par la proximité entre Ahmad Ahmad et un des dirigeants de l'entreprise française, et dont le surcoût atteindrait 830 000 dollars. «Toutes les décisions ont été prises de manière collégiale» et «transparente», s'était défendu mi-avril le patron du foot africain. Relâché par l'OCLCIFF sans charges retenues contre lui, Ahmad traine un ensemble d'affaires. Si on ajoute à ces informations le fait qu'Ahmad Ahmad est marié à une Marocaine et qu'il est installé dans ce pays maghrébin, on peut comprendre pourquoi ce triste personnage a fait un revirement pareil, après avoir lui-même remis le trophée amplement mérité à l'Espérance sportive de Tunis. Légendes : * Ahmed Ahmed a déçu son mentor Infantino qui croyait en son intégrité * L'Espérance est capable de conquérir le titre, même en rejouant la rencontre, puisque l'équipe est supérieure à celle du Wided sur tous les plans