L' « Economist Intelligence Unit », une unité de recherche et d'information pour les sociétés et les pays, et qui fait partie du journal « The Economist » vient de publier un rapport très intéressant autour de la situation économique mondiale et les risques politiques et sociaux qu'encourent les pays dans le monde. Cette analyse qui se base sur les principaux indicateurs économiques enregistrées jusqu'au mois de Mars, ainsi que les rapports des institutions internationales, couvre les principaux pays qui connaîtront un risque social ou politique majeur à cause de la crise économique mondiale. Pour la Tunisie, les résultats de ce rapport sont plus que satisfaisants. Une note qu'il faut valoriser, et qui conforte les choix de nos décideurs. L'étendue de la Crise : Selon le rapport publié récemment par « The Economist Intelligence Unit » le resserrement du crédit a plongé l'économie mondiale vers le bas et a augmenté les tensions politiques. Cette situation a causé une récession jamais vue dans le monde depuis 70 ans. Ce qui a commencé comme une bulle de la propriété immobilière aux Etats-Unis s'est propagé rapidement en difficultés pour les banques qui ont cessé de prêter ; et les consommateurs et les entreprises ont cessé de dépenser. Comme la demande aux Etats-Unis et en Europe est en chute libre les marchés émergents sont en train de perdre leurs meilleurs clients et les plus gros investisseurs. Ceci s'est traduit aussi par une perte de millions d'emploi et la destruction d'économies totales. Le risque de l'instabilité politique a entraîné une vague de protectionnisme commercial, qui a eu une ondulation dans le monde entier. Certains responsables européens ont mis en garde contre un effondrement économique en Europe de l'Est et qui pourrait déchirer l'Union européenne et créer un nouveau rideau de fer. Plus à l'est, le ralentissement de l'économie de la Chine et l'absence de la liberté politique est en train de créer un terrain fertile pour des troubles sociaux. Des millions de migrants Chinois, des travailleurs d'usine sont retournés à la campagne.
Le protectionnisme était la première réponse : La réponse politique à la crise économique, a été marquée par le nationalisme, avec des plans de sauvetage nationaux surtout aux Etats-Unis. La Chine, quant à elle a rétabli les subventions à l'exportation, et les pays de l'Inde, l'Indonésie, l'Ukraine et la Russie ont soulevé des restrictions à l'importation d'une certaine façon. Les Etats-Unis ont aidé le secteur automobile ouvrant la voie au même scénario au Royaume-Uni, Chine, le Brésil et dans la plupart des grands pays de la zone euro. Comme les banques sont devenus très vulnérables et resserrent les conditions de crédit, les gouvernements font pression pour maintenir un bon niveau de liquidité et encouragent les prêts sur le marché intérieur. Selon les prévisions du rapport, le commerce mondial pourra se contracter de 3,5% en 2009, ce qui est optimiste par rapport à des prévisions de l'OMC ou de l'OCDE. Les flux de capitaux vers les pays en développement sont susceptibles de chuter à 165 milliards de dollars. En effet, la grande interdépendance de l'économie mondiale, par le biais du commerce, l'investissement, les marchés financiers, et les chaînes d'approvisionnement ; font que chaque acte de protectionnisme aura des effets préjudiciables sur toute l'économie mondiale. L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a déjà mis en garde contre un possible retour dramatique à la protection du commerce, et faire augmenter les tarifs prohibitifs. Mais ce qui atténue ce risque c'est que les tarifs réels appliqués dans la majorité des pays sont très bas, ce qui laisse beaucoup de marge pour les augmenter. La Politique de change sera aussi un bon cheval de bataille pour la période à venir. En effet le secrétaire au Trésor américain, a déjà accusé la Chine de manipulation de la monnaie. Les pertes d'emploi sont au cœur de la croissance et de la crise politique. L'organisation Internationale du Travail prévoit une augmentation du chômage d'environ 30 millions de chômeurs et de plus de 50 millions si l'économie mondiale ne reprenne pas le rythme de croissance. Aux Etats-Unis seulement, plus de 2,5 millions d'emplois ont été perdus durant les quatre mois à partir de Novembre 2008 à Février 2009. Le taux de chômage élevé est causé, en partie, par un effondrement de la production industrielle, qui a chuté de plus de 10% sur un an dans la plupart des pays. Les exportations du Japon ont chuté de 46% en Janvier 2009 et son économie de plus de 12% dans le quatrième trimestre de 2008.
Scénarios de la suite de la crise : Après cette chute de l'économie mondiale, que pourrait il arriver encore de pire ? Le rapport établi 3 scénarios, avec des probabilités différentes : Scénario 1: (qui détient 60% de probabilité). Les gouvernements arrivent à stimuler la stabilisation du système financier mondial et rétabliront la croissance économique dans les principaux marchés des pays développés au cours de 2010, quoique à un niveau plus bas que celui des dernières années. Scénario 2: Le principal scénario de risque (30% de probabilité) : La stimulation échoue, ce qui conduirait à la poursuite de la déflation des prix des actifs et une contraction qui durera dans les principales économies, la persistance d'une dépression pour quelques années. Selon ce scénario, l'activité économique mondiale est ponctuée par des manifestations occasionnelles de reprise, mais ils s'estompent rapidement. Le rôle des gouvernements à renflouer les banques et relancer la demande intérieure conduit à une forte volonté politique pour le protectionnisme, mettant le processus de mondialisation en inverse. Scénario 3: Le scénario de risque de substitution (10% de probabilité) : Le défaut de confiance dans le dollar conduit à son effondrement, et la recherche d'une alternative ou refuge. Il y aura des bouleversements économiques qui augmentent fortement le risque de troubles sociaux et des protestations violentes.
L'Indice de Stabilité Politique L'indice de stabilité politique couvre 165 pays. Il met en évidence les pays particulièrement vulnérables à l'instabilité politique à la suite de la crise économique. Les résultats de l'indice sont affichés sous forme de carte et dans un classement. Selon cet indice l'instabilité politique est définie comme des troubles sociaux et politiques ou de bouleversements parlementaires et institutionnels et qui sont accompagnés par des troubles de l'ordre public. L'indice est établi sur une échelle de 0 à 10. 0 : il n' y a pas de vulnérabilité, 10 : forte vulnérabilité. Il se compose de 15 indicateurs relatifs à la détresse économique, les inégalités, la corruption; la confiance dans des institutions, le statut des minorités, l'histoire de l'instabilité politique; les conflits de travail, niveau des prestations sociales,.. Avec la crise économique les gouvernements sont sous pression. La colère populaire dans le monde s'accroît du fait de la montée du chômage, des réductions de rémunération et de gel de crédits par les banques, et les chutes des prix de l'immobilier et de la valeur de l'épargne et les fonds de pension. L'étendue et la rapidité avec laquelle la crise s'est intensifiée, avec le ralentissement de l'économie mondiale de façon spectaculaire dans le dernier trimestre de 2008, a été un choc majeur. La crise économique mondiale a déjà eu un grave impact social dans de nombreux pays, principalement sous la forme d'une augmentation du chômage. Beaucoup de pays émergents sont particulièrement exposés à la crise, avec l'augmentation du nombre de personnes dans la pauvreté et la réduction de la taille de la classe moyenne. Les gens perdent confiance en la capacité des gouvernements à rétablir la stabilité. Une série d'incidents au cours des derniers mois montre que le ralentissement économique mondiale a eu des répercussions politiques. Cela est considéré comme un présage du pire à venir. Signe de se désarrois mondial le témoignage fait le 12 Février dernier devant le Sénat des Etats-Unis par l'amiral Dennis C. Blair, le nouveau directeur du renseignement. Il a déclaré que le premier souci à court terme pour la sécurité est la crise économique mondiale et ses implications géopolitiques. Plus il faut de temps pour la récupération, plus il y a des risques d'effets graves pour les intérêts stratégiques des Etats-Unis.? Les manifestations lors du sommet du G20 à Londres sont un témoignages des frictions et soulèvement populaire à cause de la crise économique. Le sommet de l'OTAN qui se tient à Strasbourg à subi le même sort, avec des manifestations très farouches.
Position de la Tunisie dans l'indice de risque mondial : Dans le classement réalisé par l'Economist Intelligence Unit, la Tunisie se place à la 134ème position sur 165 pays avec un score de 4.6 point. Une position jugée par les rédacteurs du rapport comme étant un risque modéré ou inexistant. En comparaison avec d'autres pays, la Tunisie se trouve bien placée. En effet, elle est 5ème dans les pays arabes ayant les moins de risque d'instabilité politique à cause de la crise. On retrouve devant la Tunisie des pays comme Oman (149), Emirats Arabes Unis (142), Qatar (142), la Libye (137). Seul les principaux pays pétroliers nous devancent vu leurs capacités financières importantes et qu'ils ont bénéficié des mannes pétrolières durant l'année 2008. Sur le plan africain, la Tunisie est classée 3ème avec le moins de risque après, Les Seychelles (142) et Sao Tome et Principe (137). Notre pays arrive juste devant la Grande Bretagne et l'Irlande (132). Le pays le plus vulnérable à cause de la crise économique mondiale est le Zimbabwe avec un score 8.8, et le pays qui se trouve loin de tous troubles politiques et sociaux est la Norvège avec un score de 1.2 (165ème) Ce classement vient conforter la Tunisie dans ces choix économiques et les importantes mesures de relances et de soutien aux entreprises qui ont été prises par le président de la république. Ceci confirme aussi la capacité de notre économie à surmonter les crises économiques même les plus pires d'entre elles. Pour ceux qui doutent du potentiel de la Tunisie à surmonter cette crise économique mondiale et à éviter ces retombées sur le plan politique et social, les résultats de ce classement scientifique, et par un organisme indépendant, viennent leur donner tort. Pour les autres qui s'abstiennent à affirmer le contraire, optant pour la position extrême « des chèvres même si elle volent », ils n'ont qu'à attendre.
Le classement se présente comme suit : Rang Pays Score 1 Zimbabwe 8.8 38 Afrique du Sud 7 54 Turquie 6.8 55 Estonie 6.7 60 Algérie 6.6 65 Russie 6.5 66 Roumanie 6.4 70 Grèce 6.3 78 Mexique 6.1 78 Yémen 6.1 82 Arabie saoudite 6.1 93 Syrie 5.8 97 Maroc 5.6 98 Bahreïn 5.5 98 Kuwait 5.5 105 Egypte 5.4 109 France 5.3 109 USA 5.3 116 Korée du Sud 5.1 134 Tunisie 4.6 135 Inde 4.5 149 Oman 3.9 164 Danemark 2.2 165 Norvège 1.2