Le Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest a tenu, le 06 juillet 2011 à Tunis, sa première conférence. L'occasion était de présenter le centre ainsi que le rôle fondamental qu'il jouera pour le développement. Une région délaissée, déshéritée et ignorée, malgré les potentialités de développement qu'elle possède, le nord-ouest est aujourd'hui au centre des intérêts et au cœur des réflexions de plusieurs cadres dont ils sont originaires. Le Centre de réflexion stratégique pour le développement du Nord-Ouest, créé il y a un mois, est une initiative très fort saluée, par plusieurs, pour promouvoir le développement dans la région et œuvrer à son épanouissement. Le Centre est l'initiative d'un groupe de cadres originaires de la région qui ont voulu mettre leurs expertises et efforts au service du développement, en général, et au développement de la région du nord-ouest, en particulier. Son Président fondateur est M. Kamel Ayadi et son bureau directeur, de douze membres, est composé d'académiciens et professionnels de haut niveau issus de la région. Nous en citons, messieurs Chedly Ayari, ancien ministre et économiste célèbre, Massaoud Boudhiaf, Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis, Mohamed Néjib Ouerghi, Président Directeur Général de l'Agence TAP et Ayadi Ben Aissa, ancien PDG d'entreprises publiques. Le Centre est animé par des motivations régionales et nationales telles la participation dans la réalisation des attentes du peuple tunisien après la révolution, la dynamisation du dialogue autour des questions sur le développement et la perception des orientations et le choix du nouveau modèle de développement du pays. Il ne constitue pas un organe d'exécution et ne remplace ni les bureaux d'étude, ni les établissements publiques, mais agit en complémentarité avec ces derniers. Son rôle fondamental est la réflexion stratégique qui permettrait entre autres l'identification des enjeux et l'élaboration de perceptions et approches pointues. Il permettrait ainsi pour la région du nord-ouest d'identifier les enjeux de développements ainsi que la détermination de ses stocks de richesse et les méthodes de leurs emplois. Pour le Centre, il ne s'agirait pas seulement de mener des réflexions sur les questions de développement, mais de jouer un rôle actif et de contribuer à la formulation des suggestions et à l'orientation des politiques et des choix de développement. «Depuis l'indépendance, la région a été délaissée au profit d'intérêts bassement matériels et de courte vue, alors qu'à long terme la perte est énorme pour la région et pour la Tunisie. L'objectif du Centre c'est d'essayer de regrouper des gens qui s'intéressent au développement au nord-ouest. Nous avons des membres de plusieurs spécialités dont des agronomes, ingénieurs, urbanistes, professeurs, banquiers, etc. Cette région présente beaucoup de potentialités, mais reste à la traine en matière de développement que ce soit au niveau: des infrastructures, de l'aménagement du territoire, de la formation ou au niveau culturel, social, sportif, etc. L'idée du Centre est de contribuer à son développement, essentiellement, par la réflexion», nous dit de son côté M. Massaoud Boudhiaf. «Au moment où les partis se créent à gauche et à droite, nous avons voulu ne pas être un parti. Ce n'est ni un bureau d'étude, ni un bureau d'expert, ni une association caritative ou un lobby, c'est vraiment de la réflexion stratégique; du regard sur l'avenir. Pour moi, il a la vocation de définir les enjeux (les grands axes économiques, sociaux, écologiques et démographiques qu'il faut identifier)», nous précise M. Chedly Ayari. La région souffre d'une désertification démographique et ses habitants ne trouvent pas d'emploi, a-t-il indiqué. Suivant lui, restituer le tissu humain de la région et la repenser d'un côté autre qu'agropastoral sont, par exemple, deux enjeux auxquels il faudrait s'intéresser. Création de pôles technologiques, institution d'un mode de développement de tourisme écologique et culturel susceptible de désenclaver la partie de la région qui ne profite pas de façade maritime, a-t-il indiqué, sont des idées parmi d'autres auxquelles il faudrait réfléchir pour le développement de la région. Ce Centre va faire travailler sa «matière grise» et ne donnera pas de promesses fausses et trompeuses de résolution de problèmes d'emploi dans la région, nous a précisé M. Chedly Ayari. Le Centre intéresse actuellement à quatre gouvernorats à savoir Béja, Jendouba, le Kef et Siliana, mais il pourrait être étendu pour regrouper d'autres, éventuellement, Kasserine, a-t-il ajouté.
Le Nord-Ouest: entre potentialités et faiblesses Cette conférence a été, également, l'occasion de mettre en exergue les potentialités et les faiblesses de la région du nord-ouest, et ceci notamment à travers les interventions de M. Houcine Dellai, Directeur général de l'Office de développement sylvo-pastoral du Nord-Ouest, portant sur une «Réflexion sur l'approche de développement local», de M. Mansouri Abdelbaki, Directeur général de l'Office National des Mines, portant sur les potentialités en substance utiles dans le Nord-Ouest et les opportunités d'investissement dans la région et M. Raouf Aouedi, analyste financier de Maxula Bourse, portant sur la promotion de l'investissement dans la région via le marché financier. Suivant l'intervention de M. Houcine Dellai la région recèle des potentialités de développement importantes. Représentant 11% de la surface du territoire national et 13% de la population totale, la région détient 75% des eaux de surface, 60% de légumineuses produites dans le pays, 57% des céréales (dont seulement 6% transformés dans la région), plus de 40% des forêts, 34% des forages, plus de 30% de la production de lait,…, et plusieurs potentialités touristiques. Vu ses produits agricoles et ses richesses naturelles abondantes, d'une part, et, la richesse de ses réserves naturelles en substances utiles et en matières premières, d'autres part, la région dispose de potentiel d'investissement en industrie agroalimentaire (conditionnement d'eau minérale, d'olive et d'huile d'olive, surgélation de légumes, séchage de tomates, produits de charcuterie , produits laitiers) et en industrie lourde (carrière de pierre marbrière, marbrerie, briqueterie, faïencerie, unité de fabrication de céramique), a souligné M. Raouf Aouedi dans son intervention. Toutefois, la région souffre de certaines faiblesses tels une croissance démographique négative (soit un taux de -0.1%), un poids démographique en régression et de faibles investissements réalisés dans la région par rapport au total des investissements (soit un taux de 8.8% de 1973 jusqu'à 2005).
Le 23 juillet: Un grand jour pour le Centre Le 23 juillet sera la date de la première conférence annuelle du Centre. Une date voulue pour qu'elle soit, pour le centre, celle de sa naissance réelle, mais aussi celle d'un jour national pour le développement de la région du nord-ouest. Le programme de cette première conférence sera consacré, notamment, à la stratégie de la transition démocratique et au développement régional. Y seront invitées un grand nombre de personnes de haut niveau et il est attendu de voir la participation de membres du gouvernement transitoire, de représentants des partis politiques, d'académiciens, d'hommes d'affaires et des médias.