Présente en Tunisie depuis quarante ans, l'ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel) a contribué d'une façon remarquable à la mise à niveau et le renforcement du tissu industriel tunisien pour faire face aux défis de la concurrence mondiale et pour renforcer le partenariat entre la Tunisie et l'UE d'une façon équitable. Avec une enveloppe de 5.600.000 Dinars, l'ONUDI, en tant qu'agence nantie d'une riche expérience internationale, s'est fixé plusieurs objectifs millénaires, entre autres les points suivants : promouvoir le développement, assurer un environnement durable et surtout créer un partenariat mondial pour le développement. Dans cette optique, on a recueilli une interview avec « Mme Monia Carco » la représentante de l'ONUDI en Tunisie.
L'Expert : Oừ se situe l'ONUDI par rapport aux différentes structures et intervenants dans le développement économique en Tunisie : la BAD, la CE, la BM ?
Mme Monia Carco : En tant qu'organisme qui relève de l'ONU, l'ONUDI, via ses programmes ambitieux, apporte l'aide et la contribution au développement économique durable dans 191 pays. En effet, nous avons fixé plusieurs objectifs en nous référant au « plan cadre des Nations Unies pour l'assistance au développement de la Tunisie 2007-2011 » finalisé en Septembre 2006 qui est la réponse du Système des Nations Unies aux priorités du Gouvernement. Ainsi, la Tunisie, membre des Nations Unies depuis 1956, consacre et encourage l'égalité et la dignité des êtres humains.
Dans cette optique, l'ONUDI a été mise à contribution lors de la Conception du Programme Tunisien de mise à niveau dans les années 1990, de concert avec la Banque Mondiale et la Commission Européenne.
La première phase du programme intégré, terminé en décembre 2008, a visé trois niveaux d'interventions en parallèle, à savoir le renforcement des capacités institutionnelles, le soutien aux structures sectorielles d'appui et aux centres techniques, et l'assistance aux entreprises à travers un programme de promotion des investissements. Trois secteurs-clés sont touchés par ce programme : le textile et l'habillement, le cuir et chaussures et l'agro alimentaire.
La deuxième phase a commencé en janvier 2009 et touche le renforcement des capacités dans le domaine environnemental, la création et le développement de l'entreprise et l'accès des pauvres au marché à travers le développement de la chaine de valeur.
Ainsi, l'ONUDI collabore et synchronise ses efforts en matière d'appui et d'assistance avec les différentes structures internationales et en matière de création d'emploi. Pour cela, on a établi une table de coordination avec nos partenaires institutionnels, les Agences Onusiennes, la Commission Européenne, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement ainsi que les Bailleurs de Fonds, présents en Tunisie.
L'Expert : On a constaté que les activités de l'ONUDI se sont articulées autour du diagnostic et de l'assistance technique Mais y- a-t-il un volet qui est lié aux IDE ?
Mme Monia Carco : Notre but consiste à assurer le bien – être du citoyen tunisien. Néanmoins, il faut instaurer tout d'abord un bon climat d'affaires en Tunisie. Pour cela, nos activités de diagnostic, d'assistance technique et de réalisation des études ont contribué d'une façon remarquable à améliorer la productivité et la compétitivité de l'industrie tunisienne. De ce fait, les donneurs d'ordres internationaux sont intéressés par la Tunisie qui présente une plate-forme d'IDE grâce aux compétences dont elle dispose. En effet l'ONUDI a contribué sensiblement à la mobilisation des IDE à travers l'Unité des Investissements Industriels, établie auprès de l'API en 1999.
Les IDE sont déjà là ! Et ils le seront grâce à la conjonction et la réunion des efforts déployés en matière de renforcement de capacité en matière de création d'emplois et modernisation de certaines filières industrielles en Tunisie, comme par exemple l'agro-industrie, qui a un potentiel remarquable en termes de production mais qui nécessite une action au niveau de développement de la valeur ajoutée et par la suite un soutien à l'exportation vers les marchés non traditionnels. Ainsi, on pourra certainement stimuler l'investissement tunisien et étranger. De plus, nous avons réussi la création et le démarrage de 18 consortiums d'exportation dans différents secteurs manufacturiers
A ce propos, l'ONUDI contribue d'une façon remarquable à la promotion de l'entrepreneuriat et de la culture entrepreneuriale en Tunisie. Dans cette orientation, l'ONUDI, en collaboration avec le CJD (Centre des Jeunes dirigeants en Tunisie) et l'API, a soutenu le programme PDE, en cours de réalisation dans plusieurs pays du Maghreb et du Mashrek et qui a pour objectif de stimuler la micro PME et de stimuler les échanges entre les jeunes entrepreneurs arabes. Ici il y a un potentiel énorme mais il faut savoir saisir les opportunités !
Nous croyons que le problème de chômage et de l'insertion professionnelle des diplômés de l'enseignement supérieur est un défi à relever. Il faut faire vulgariser l'information concernant les services offerts aux entrepreneurs en matière de financement, les lignes de crédits interieurs et extérieurs octroyés par les banques aux jeunes promoteurs tunisiens et les services non financiers disponibles sur le marché. On note que souvent la circulation de l'information est à la base des obstacles à la naissance des nouvelles entreprises par les jeunes Tunisiennes.
En collaboration avec les Agences Onusiennes, nous envisageons de réaliser un projet qui vise à engager les jeunes Tunisiens pour le développement des Objectifs millénaires pour une enveloppe de 3,12 millions de dollars américain assurés par le Fonds espagnol pour atteindre des Objectifs Millénaires de développement. Trois régions sont choisies : le grand Tunis, le Kef et Gafsa.
En outre, pour garantir les IDE, l'ONUDI a compté beaucoup sur l'aspect environnemental et énergétique. A cet égard, le programme de « Production propre » financé par la Suisse, pour un volume d'investissement de 1 million de dollars et le MED TEST (500 mille dollars), visent à renforcer le savoir-faire en Tunisie et ambitionnent d'œuvrir sur le respect des normes internationales en matière d'environnement et stimuler le transfert des technologies plus modernes.
L'Expert : Compte tenu de la Conjoncture internationale actuelle, caractérisée par une crise financière mondiale, L'ONUDI va-t- elle reporter ou annuler ses actions déjà envisagées ?
Mme Monica Carco : L'ONUDI, comme toutes structures internationales, s'est intéressée à ce sujet d'actualité à savoir la crise financière et ses répercussions. A ce propos, L'ONUDI a réalisé, en collaboration avec les experts, une étude concernant la perception des impacts et des solutions face à la crise financière. Cette étude a été faite dans une dizaine de pays à l'instar de l'Egypte, l'Argentine, la Tunisie… Les résultats de cette étude seront publiés prochainement mais la première indication sortie de l'étude montre une importante capacité économique de la Tunisie à « réagir et à agir » par rapport au contexte global.
L'ONUDI n'a l'intention ni d'annuler ni de reporter ses actions. Au contraire, nous pensons qu'on doit accélérer nos activités afin de renforcer le climat d'investissement industriel favorable et soutenir le développement du secteur privé. Il faut surtout travailler avec tous les partenaires pour renforcer le partenariat public-privé qui peut aider à mobiliser les ressources vers les régions de la Tunisie plus exposées au chômage et pour soutenir l'export des produits tunisiens de qualité et faciliter les IDE.