La Tunisie parie désormais sur la productivité pour améliorer sa moisson économique. Cependant, et malgré les efforts consentis en la matière, notre pays demeure encore loin des standards de nos concurrents directs, ceux de l'Europe. Pire encore, notre « gap » de productivité semble hélas s'élargir de plus en plus par rapport à celle de l'Europe. Et si le Président de la République vient d'ordonner à juste titre la formation d'une commission nationale de réflexion et de suivi sur ce sujet, cela réitère bien l'importance absolue de la productivité pour l'avenir de notre économie. En fait, nos concurrents européens travaillent non seulement plus, mais également mieux que nous grâce aux approches et systèmes de plus en plus performants d'optimisation et de rationalisation du processus de production. Ces nouvelles méthodes d'optimisation du travail tels que Refa, Kaisen, MTM, Time- management, Benchmarking, Coaching… constituent en effet un facteur d'accélération de la productivité et par conséquent des gains de l'entreprise. Dans un difficile environnement économique mondial où les entreprises sont à la recherche du moindre avantage concurrentiel, la productivité a désormais acquis le statut d'une arme majeure de compétitivité amenant souvent les chefs d'entreprise à définir de nouvelles orientations stratégiques. D'ailleurs, la productivité horaire, la durée moyenne de travail, le taux d'absentéisme et le nombre annuel des jours fériés… sont désormais des indicateurs de taille pour drainer l'investissement direct étranger IDE. Face à la mondialisation et pour rester dans la course économique internationale, il est impératif par conséquent de mieux gérer notre temps de travail et d'augmenter potentiellement notre productivité. Pour ce faire, il est nécessaire d'automatiser ou d'informatiser tout ce qui est répétitif et de rationaliser tous les processus liés à la logistique. Nos syndicalistes prétendent que le travailleur tunisien ait besoin plus de souffle matériel pour produire plus ; or, la vie n'est pas uniquement l'argent, mais c'est aussi la sécurité de l'emploi, la paix sociale et l'évolutivité de carrière… Facto, tout donne à penser que nos concitoyens ne travaillent pas assez. Et pour preuve, même lorsqu'ils sont effectivement au travail, ils ont un rythme professionnel beaucoup plus lent que celui de leurs homologues européens. C'est surtout le cas dans nos administrations et entreprises publiques... Pour relancer davantage notre productivité, et par voie de conséquence, notre croissance, il faudrait avoir les yeux rivés sur le travail réellement effectué et le comparer – sans complexes-- avec la concurrence étrangère. Cela fera forcément gagner à notre compétitivité et sécurisera l'emploi dans nos entreprises.
Etre productif passe par la formation La Chambre Tuniso-Allemande de l'Industrie et du Commerce (CTAIC) a fait dernièrement une étude auprès de 104 entreprises exportatrices allemandes installées en Tunisie. Les résultats de cette étude ont confirmé le fait que les avantages comparatifs de la Tunisie en tant que site de production consistent en : - La proximité géographique à l'Europe pour 85% - La stabilité politique pour 81% et - Les avantages fiscaux accordés aux entreprises exportatrices pour 81% Et si on se réfère aux inconvénients les plus cités, on relève d'après la même étude : - La réglementation excessive et la rigidité administrative pour 53% - Le manque de personnel qualifié pour 34% et - La faible productivité des salariés pour 33% Selon les statistiques avancées par cette étude, les écarts de productivité existent bel et bien. En effet, celle de l'industrie manufacturière nationale est inférieure de 25% à celle qui prévaut en Europe. De ce fait, le maillon faible de la chaîne de production est plutôt la faible productivité de nos ressources humaines. Quelles sont alors les suggestions ou les recommandations de ces entreprises pour que le Tunisien soit plus productif ? Tout d'abord, la formation continue, car l'on relève le manque d'expérience pratique des salariés tunisiens. Ensuite, améliorer l'infrastructure routière pour réduire le temps du transport qui continue hélas à poser un grand problème à notre productivité.
Plus de productivité par le « Benchmarking » Il s'agit pour les entreprises de comparer leurs processus de production, de gestion et de service avec ceux des entreprises les plus performantes du domaine, dites « les best in class » en auscultant leurs pratiques et stratégies. Le Benchmarking peut ainsi tout remettre en cause, voire obtenir des gains substantiels dans la productivité. Cela passe souvent par la réduction des effectifs (downsizing), la gestion rigoureuse du temps de travail et la responsabilisation des équipes à prendre elles- mêmes les décisions pour raccourcir les temps morts.
Bien qu'elle soit en perpétuelle évolution, la productivité en Tunisie reste en dessous des attentes et des aspirations des investisseurs. Malheureusement, plusieurs facteurs concourent à retarder sa progression. Tout d'abord, le tissu économique en Tunisie est composé à 75% de PME familiales dont les moyens matériels sont limités. En plus, l'amélioration de la compétitivité implique la mise en place de systèmes de veille économique, technologique et concurrentielle. Or, faute de moyens, notre économie ne peut pas se doter rapidement des mécanismes nécessaires pour intégrer ces systèmes dans leurs procédures organisationnelles en adoptant de nouveaux outils de management…