Avec le démarrage de la deuxième phase du projet d'appui à la mise en œuvre de la Convention Cadre des Nations unies sur le changement climatique signé entre le ministère de l'Environnement et du Développement durable et l'Office Allemand de la Coopération Technique, de nombreux ateliers viennent d'être organisés en vue de l'examen des études stratégiques des divers secteurs. C'est ainsi que Kairouan a abrité les travaux d'un atelier sur la « gestion durable des ressources en eau et l'utilisation de l'énergie renouvelable pour le pompage de l'eau et le changement climatique dans le gouvernorat de Kairouan ».
Les exposés présentés au cours de la première partie de l'atelier ont donné un aperçu détaillé sur la situation actuelle des ressources en eau mobilisables, en eaux de surface ou souterraines. Les trois barrages du gouvernorat, à savoir celui de Sidi Saad, Sisseb et d'El Haouareb, auquels il faut ajouter 26 barrages collinaires et 29 lacs collinaires permettent la mobilisation de 315 millions de mètres cubes pour l'irrigation de 53 000 ha (14% des surfaces irriguées).
Au cours des exposés et des discussions, les divers intervenants ont mis l'accent sur les problèmes rencontrés concernant la rareté des ressources en eau, que ce soit des eaux de surface ou souterraines disponibles, alors que la demande en eau des divers secteurs ne cesse d'augmenter. Il a été en outre évoqué l'importance de la consommation d'énergie conventionnelle dans le secteur de l'eau, dont la part dans le coût d'exploitation du mètre cube d'eau est importante et varie de 25% et 45%.
M. Abdelmajid Jemai expert national auprès de la GTZ pour les changements climatiques a présenté à cet effet un aperçu sur la vulnérabilité des ressources naturelles en eau, face aux changements climatiques. Il a mis l'accent sur les divers aspects relatifs aux impacts probables des C.C à l'échelle des grandes régions naturelles du pays, en particulier l'augmentation des températures moyennes et la variation des précipitations mensuelles, avec des risques majeurs sur les ressources en eau en termes quantitatifs et qualitatifs.
Concernant la deuxième partie de cette journée qui a été consacrée tant aux options de l'utilisation de l'énergie renouvelable (photovoltaïque et éolienne) pour le pompage de l'eau, la question technique concernant les technologies photovoltaïque et éolienne pour le pompage des eaux destinées à l'agriculture, qu'aux mécanismes d'incitation pour l'utilisation des énergies renouvelables dans le pompage de l'eau, ont été longuement discutés. Ainsi au premier plan ont été examinés les avantages et les inconvénients ainsi que les conditions d'adaptation de ces technologies.
L'expérience tunisienne avec plusieurs projets financés par les coopérations allemande et japonaise pour le développement des énergies renouvelables dans les zones marginales du monde rural, a été analysée.
Le dernier exposé a été consacré aux mécanismes d'incitation pour l'utilisation des énergies renouvelables dans le pompage de l'eau. Les divers instruments d'encouragement financier au profit des utilisateurs ont été développés et faits l'objet de commentaires. Le représentant de l'Agence Nationale de Maîtrise de l'Energie (ANME) a rappelé que diverses études à caractère stratégique touchant les secteurs d'utilisation de ces énergies vont démarrer au cours des prochains mois pour définir les orientations futures de l'ANME en matière d'encouragement et d'incitation.
Les intervenants ont insisté notamment au cours des discussions sur la nécessité de renforcer les études et les recherches relatives aux changements climatiques dans le but d'une meilleure évaluation de leurs impacts directs sur les ressources hydrauliques de surface et souterraines. Les effets sur le ruissellement, la recharge des nappes, l'évapotranspiration des cultures mérite d'être appréciée en vue d'établir des bases pratiques de programmes d'adaptation dans les divers secteurs d'usage de l'eau. Des intervenants ont fait remarquer que des baisses de rendement ont été signalées sur des arbres fruitiers dont la floraison a été tardive. D'autres ont précisé que le seul arbre fruitier qui se soit comporté normalement est l'olivier. D'où la nécessité, pour certains, d'approfondir la connaissance sur ce point et de déterminer les variétés les mieux adaptées aux conditions spécifiques des régions.
Les discussions ont porté aussi sur les opportunités offertes pour le développement des énergies renouvelables dans le secteur agricole qui reste relativement marginalisé dans la politique générale de l'énergie en Tunisie. En effet, malgré les opportunités qui existent, le coût des énergies renouvelables reste encore très élevé en raison des investissements très lourds que doivent consentir les utilisateurs lors de l'établissement initial de leurs projets.
Les participants à l'atelier dont un nombre d'agriculteurs ont recommandé la révision de la loi et du texte réglementaire concernant les avantages accordés au titre de la maîtrise de l'Energie, afin de rapprocher davantage cette énergie propre des petits et moyens agriculteurs notamment dans le but de réduire les frais et investissements en vue de l'utiliser pour le pompage de l'eau.