Le cauchemar de la crise mondiale continue et devient désormais une pandémie économique dont la contagion n'épargne aucun pays ni aucun secteur. Après les dinosaures des finances et les géants de l'automobile, la catastrophe économique touche aujourd'hui les PME qui assurent la majeur partie d'emplois… Le capitalisme semble être bel et bien déboulonné. Nos partenaires traditionnels européens vont mal : la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Angleterre, … : un recul de 6% de croissance, un taux de chômage à deux chiffres, un endettement annuel record de plus de 3% dépassant au total les 75% du PIB national global … Idem, dans les pays de l'Europe de l'Est, la monnaie vacille tellement que le pouvoir d'achat chute et l'économie est sérieusement fragilisée… Rien que la petite Lettonie, elle a été tellement ébranlée par la crise qu'elle a été placée depuis janvier dernier sous la tutelle du FMI. A quel scénario peut- on s'attendre pour l'année 2010 ? L'économie mondiale, renaît-elle dans les mois prochains de ses cendres et retrouve t-elle par la suite le chemin de la croissance ? Les anticipations des économistes montrent un redressement relativement long et en croissance douce ; ce qui exclut un rattrapage rapide de la perte de production enregistrée. Nos industriels le savent bien, eux qui achètent tant de machines et vendent tant de produits en Europe. Pour eux, aucun signe crédible de reprise n'est à l'horizon, ni pour le 2ème semestre de 2009 ni même pour 2010. Or, sans voir venir l'issue de la crise, le doute s'installe dans le monde entier et l'inquiétude grandit face à la dégradation économique qui se poursuit et la crise sociale qui inévitablement en découle.
La faute est à la bulle spéculative
L'actuelle crise économique mondiale est provoquée en Occident par une politique monétaire erronée (taux directeurs trop faibles ayant provoqué une bulle spéculative de surinvestissement) ; ainsi que par des erreurs de politique économique (par exemple mise en place du protectionnisme, nationalisation massive, déficit public excessif provoquant une chute de confiance des investisseurs, etc …) ou une confiance trop grande dans le caractère auto- régulateur du marché. Pour absorber le trop plein des marchandises produites et pour élargir les limites du marché, les multinationales ont eu essentiellement recours au crédit facile. Les banques qui ont prêté à tour de bras durant des années sont confrontées par la suite à des impayés de plus en plus massifs, ainsi qu'à des faillites d'entreprises laissant des ardoises qui se chiffrent au total en milliards de dollars. L'effondrement de la spéculation boursière et immobilière aggrave encore plus les bilans qui virent au rouge, les pertes s'accumulent, les faillites bancaires se multiplient ; ce qui fait, les banques ne peuvent plus prêter. Limiter les dégâts, freiner la plongée dans la catastrophe, c'est ce que tentent désormais les Etats. Dans une situation où les marchés se restreignent comme peau de chagrin et faute de crédit, la recherche de la compétitivité à coup de programmes d'austérité de plus en plus draconiens pour développer les exportations, est devenu le leitmotiv de toutes les entreprises. Ceci dit, la crise actuelle peut concerner un ou plusieurs secteurs de l'économie ou son intégralité qu'elle peut affecter par « effet de contagion ». En effet, une crise du secteur financier peut avoir des répercussions fortes sur le reste de l'économie, via les canaux du crédit. D'ailleurs, pour un secteur donné, un marasme peut résulter d'un surinvestissement dans ce secteur et d'une bulle spéculative telle que celle de l'immobilier (sub- prime) reposant sur de mauvaises réglementations ou des anticipations de hausse des prix.
Répercussions sur l'économie tunisienne Sur le plan macro- économique, notre pays va relativement bien par rapport aux autres pays émergents. La raison, c'est que nous sommes dotés de régulateurs et de déclencheurs d'alarmes économiques bénéfiques mis en place par l'Etat. Heureusement, les secousses européennes ne nous sont pas encore trop douloureuses. Au contraire, l'actuelle crise économique mondiale a le mérite d'amener un grand nombre d'entreprises tunisiennes à se repositionner et plus précisément à s'internationaliser et à penser global. En fait, l'économie tunisienne est historiquement liée à l'agriculture (blé, olives, dattes, agrumes et produits de mer), aux mines et à l'énergie (grand producteur de phosphates et dans une moindre mesure d'hydrocarbures), au tourisme (7,2 millions de touristes en 2007) et aux industries manufacturières (textiles, agroalimentaire et électro- mécanique) grâce surtout à un grand nombre d'entreprises industrielles totalement ou partiellement exportatrices. Ainsi, l'économie diversifiée distingue notre pays de celle de la plupart des Etats de notre région. Par rapport aux autres pays du Maghreb (Algérie et Maroc), notre pays se positionne à la première place pour le revenu par habitant. De plus, la Tunisie est, au même titre que le Maroc, l'un des seuls pays de sa région à être entré dans la catégorie des « pays à revenus moyens ». En plus, l'économie tunisienne, qui bénéficie désormais d'un degré d'insertion dans les échanges mondiaux parmi les plus élevés de sa région est distinguée au Forum économique mondial sur l'Afrique, comme la 1ère économie la plus compétitive d'Afrique, devançant l'Afrique du Sud, et se situe à la 29ème place sur 128 au niveau mondial. Néanmoins, l'entrée en récession des principaux partenaires commerciaux de la Tunisie pèsent en partie déjà sur les perspectives de production des industriels tunisiens sur les exportations, et forcément sur les importations. Mais face à une reprise lente de la demande extérieure émanant de la zone- euro, nos exportations retrouveront dans les mois prochains une progression tout juste suffisant pour retourner à leur niveau de croissance d'avant la crise, estimé à environ 5,5%. Pour ce faire et selon un rapport de l'INS, l'Etat est appelé à stimuler de façon pérenne notre productivité, qui est tributaire des efforts d'innovation et de la montée en gamme, des efforts en matière d'éducation, de formation, mais également d'investissements.