L'eau, denrée rare, sujet de toutes les convoitises, considérée de nos jours comme un bien économique et social de première importance, est au cœur des stratégies de développement durable des pays, soucieux de bonne gouvernance, de gestion rationnelle de l'acte productif, de prévention sanitaire et du bien-être de leurs citoyens. La Tunisie dispose de 4,7 milliards de m3 de ressources hydrauliques mobilisables mais ses besoins en eau potable sont estimés à 450 millions m3/an, ce qui place notre pays sous le seuil de pauvreté hydrique évalué, d'après les organisations internationales, à 500 m3/hab/an. Le climat semi-aride du pays l'a poussé à une gestion optimale pour éviter les pertes d'eau, minimiser les temps d'intervention et améliorer la régulation des actions des agents de la SONEDE sur le réseau pour donner l'exemple d'une attitude fondée sur la retenue, la responsabilité et le civisme. Le dessalement de l'eau des puits a constitué, dans une première étape, l'une des solutions pour satisfaire les besoins en eau potable dans notre pays. Mais, avec l'augmentation de la demande, le besoin s'est fait sentir de consolider les deux stations avec des ressources hydrauliques supplémentaires, grâce à l'adoption de nouvelles méthodes, notamment, la programmation en vue de la réalisation d'une station de dessalement de l'eau de mer à Djerba. De nombreuses mesures ont été prises portant sur l'exploitation de puits profonds et l'ouverture de nouveaux puits pour une exploitation provisoire, en coordination avec le ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques. Elles concernent, aussi, la consolidation du rôle des associations hydrauliques, la sensibilisation à l'économie de l'eau, le contrôle des infiltrations d'eau, l'entretien et la maintenance du réseau. Une commission de suivi a été constituée, à cet effet. Elle est composée des chefs de districts de la SONEDE et de ceux des services agricoles. La demande en eau potable, dans le gouvernorat de Médenine, est marquée par une augmentation palpable, au cours de l'été. Ainsi, dans l'île de Djerba, uniquement, la consommation a atteint des pics de 53 mille mètres cubes, par jour, durant l'été 2009. En raison de la rareté de l'eau et de sa salinité qui atteint 7 grammes par litre, la région a bénéficié de l'installation de deux stations de dessalement de l'eau des puits, l'une à Zarzis, en 2000, avec une capacité de production d'environ 15 mille mètres cubes par jour, et la deuxième à Djerba, produisant près de 20 mille mètres cubes au quotidien, depuis 2001. Il est attendu que cette station fournisse au quotidien 50 mille mètres cubes, avec des possibilités d'extension, en vue de pouvoir répondre à la demande, jusqu'à l'année 2025. La station de dessalement d'eau de mer à Djerba, première du genre en Tunisie, est d'une capacité globale de dessalement de 50 millions de litres par jour. Trois candidats pré-qualifiés sont en lice. Ils doivent soumettront des offres techniques et financières portant principalement sur le prix de vente de l'eau dessalée à la SONEDE. S'agissant des composantes fondamentales du projet, cette unité comportera deux principaux systèmes dont le premier sera dédié à la mobilisation et le pompage de l'eau de mer alors que le deuxième sera réservé au rejet de la saumure. Ainsi le premier système (de mobilisation d'eau de mer), renforcé par une conduite sous-marine pouvant aller jusqu'à 1500m dans la mer et une station de pompage à proximité de la ligne de rivage, permettra de pomper l'eau de la mer vers le site de la station de dessalement, qui se trouve à environ 2 km de la mer. Quant au système de rejet de la saumure vers la mer, il est consolidé par un émissaire marin entrant dans la mer jusqu'à 1000m dans le dessein d'assurer une meilleure dilution et atténuer, en conséquences les impacts environnementaux. Basé sur la technique de l'osmose inverse via les énergies classiques conventionnelles, le principe de l'opération de dessalement consiste à favoriser le passage d'une salinité de 40g/l, celle de l'eau de la mer, jusqu'à moins de 0,5g/l, soit celle de l'eau complètement dessalée. Cette eau sera partiellement reminéralisée avec l'ajout d'une faible proportion d'eau saumâtre (riche en oligo-éléments), pour produire finalement une eau potable dont la salinité est située au niveau de 1,5g/l conformément aux normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). A signaler que Djerba, ville touristique, compte près de 130.000 habitants et aura un besoin en eau de 58 millions de litres à l'horizon 2010.