Le séisme financier de 2008 a eu aussi pour conséquence d'instruire le procès des excès du capitalisme. Tout au long de l'année écoulée, les débats se sont multipliés sur le fonctionnement du système parmi les ultralibéraux comme parmi ses plus farouches adversaires. Il est vrai que le G20 a su jouer les pompiers de service, de même que le sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, a plus débattu de la façon de vivre mieux (ou aussi bien) en consommant moins. Tout bouge, de plus en plus vite, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui préfèrent agir par eux-mêmes pour changer ce qui est en leur pouvoir de changer. Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006, fondateur de l'institution de microfinance, a forgé l'expression « social business » pour désigner la performance économique au service de l'intérêt général. Il s'agit de développer une entreprise au fonctionnement classique, dont la finalité est aussi de résoudre une problématique sociale ou sociétale. Il ne s'agit pas d'être en opposition avec le capitalisme, mais de construire une entreprise différente, non pas dans sa forme, mais dans ses buts... L'idée n'est pas neuve. L'économie sociale, avec ses coopératives et ses mutuelles, a voulu, au 21eme siècle, réparer les dégâts sociaux de l'exode rural et de la révolution industrielle. En créant Emmaüs, l'abbé Pierre a défriché le terrain de l'entreprise d'insertion autosuffisante. Aujourd'hui, de grands groupes mondiaux se sont lancés dans la démarche du "social business". Le plus connu est sûrement « Danone », qui s'est allié avec la Grameen Bank au Bangladesh pour créer une coentreprise, « Grameen Danone Foods », dont la finalité est d'apporter une alimentation (en l'occurrence, un yaourt) aux plus pauvres. Comme les critères occidentaux sont inapplicables, Danone a développé un "business model" différent : collecte du lait dans des petites fermes aux environs de micro-usines, avec un processus de production simplifié.. « Essilor », par exemple, , observant que plusieurs centaines de millions d'Indiens avaient besoin de lunettes qu'ils ne pouvaient pas acheter, a développé une chaîne de production à très bas coût, un système de distribution par camionnettes et un argumentaire adapté. L'entreprise semble être un succès si l'on en croit l'envie suscitée auprès d'autres partenaires, qui souhaitent soutenir l'opération.Ces initiatives originales bousculent les schémas de pensée traditionnels, mais sont en revanche très porteuses d'innovations. Un des objectifs du "social business" est de trouver des solutions innovantes à des problèmes sociaux. Le mouvement des entrepreneurs sociaux prend de l'ampleur à travers le monde. La crise a révélé une demande de sens chez les salariés. Les grandes écoles de commerce et de management l'ont bien compris en inscrivant le "social business" dans leurs cursus. Encourager l'entrepreneuriat social, est le besoin de construire une économie plus soucieux de l'homme et de son environnement n'est plus à justifier. La piste du "social business" est là et bien là, en passe de prendre le relais .