● En comparaison avec le 4ème trimestre de 2008, le PIB enregistre une croissance de 4.9%. Un résultat qui peut être interprété comme un début de sortie de crise ● Le secteur des télécommunications est celui qui a, encore une fois, tiré la croissance économique en Tunisie, enregistrant en 2009, une croissance de 15% Malgré une crise qui a érodé les fruits de la croissance économique mondiale, accumulés depuis des années, la Tunisie a réussi à surmonter ce choc et à enregistrer un taux de croissance positif au cours de 2009, alors que d'autres pays avancés sombrent dans la récession. Selon les chiffres de l'INS, la Tunisie a réalisé un taux de croissance de 3.1% en 2009. Un taux loin des prévisions établies avant la crise et qui tablaient sur une croissance de plus de 6%. Ce résultat est le fruit des mesures présidentielles prises pour soutenir les entreprises, surtout exportatrices, et ayant des difficultés financières. Ceci est aussi dû à la capacité acquise par l'économie tunisienne pour résister aux chocs et ce grâce à la solidité des bases économiques. Mais quels secteurs-clés ont tiré l'économie tunisienne durant cette première année de crise, et quel était le rendement des autres?
Le secteur des services prend le relais : Avec une croissance de 3.1% au cours de l'année écoulée, la Tunisie arrive à tirer son épingle du jeu, dans le cadre d'une crise placée sous le signe du «sauve qui peut». Au cours du 4ème trimestre 2009, l'économie tunisienne a enregistré une croissance de 1.9% par rapport au troisième trimestre. En comparaison avec le 4ème trimestre de 2008, le PIB enregistre une croissance de 4.9%. Un résultat qui peut être interprété comme un début de sortie de crise. En 2009, la production nationale a totalisé 25866 MD (aux prix constants), contre 25080 MD en 2008. Le secteur des services continue de dominer l'économie nationale avec 45.7% de la croissance enregistrée l'année dernière. Le secteur des services marchands a enregistré un taux de croissance de 5.4%, dépassant ainsi le rythme de croissance du PIB. De son côté, le secteur de l'agriculture et de la pêche a représenté plus de 10.8% du PIB national, et a enregistré une valeur ajoutée en croissance de 5.9%. Le secteur des industries manufacturières est le secteur qui a le plus souffert de la crise économique puisque sa valeur ajoutée a enregistré une baisse de -5.06%, soit la première baisse depuis des années. La baisse de la demande internationale ainsi que la chute du rythme de la production mondiale en sont la cause. Le secteur des télécommunications est celui qui a encore une fois tiré la croissance économique en Tunisie, enregistrant en 2009, une croissance de 15%. Il n'a été affecté par la crise que légèrement, vu qu'il n'est pas directement en relation avec le système productif. Le secteur a tout de même enregistré une baisse dans l'investissement suite à une saturation dans certains créneaux ou à un manque de liquidité. Les télécommunications représentent aujourd'hui le fleuron de l'économie tunisienne avec un rythme de croissance constant, mais la cadence est en baisse.
Croissance de la valeur ajoutée du secteur des télécommunications dans le PIB (aux prix constant). (%)
2006 2007 2008 2009 Evolution 21 20 17.7 15 Source : Budget économique 2010. Les deux principaux secteurs des services marchands, à savoir les transports et télécommunications, ont contribué à raison de 16.6% dans la production nationale, et ont enregistré une croissance de 10% en comparaison avec 2008. Ces deux secteurs continuent de tirer l'économie nationale surtout en périodes de crises. Du côté des baisses c'est le secteur des Industries mécaniques et électriques qui a contribué au ralentissement de la croissance économique en Tunisie. Souffrant d'une conjoncture difficile le secteur a enregistré une baisse dans sa valeur ajoutée de 8.7%, ne contribuant que de 886 MD dans la production nationale. Il représente ainsi plus de 3.4% du PIB. Depuis quelques années, les IME étaient une des « locomotives » de la croissance économique, enregistrant une croissance de la valeur ajoutée de 18.7% en 2006, de 15.1% en 2007, et de 8.4% en 2008. Les IME occupent une place de choix dans les exportations avec plus de 32% du total, et ont accusé une baisse de -3.7% au cours de l'année écoulée. La valeur ajoutée du secteur de l'industrie des textiles et habillement a suivi la même tendance avec une baisse de la contribution dans le PIB de 13.5%, passant de 1087MD en 2008 à 940MD en 2009. Le secteur a aussi enregistré une baisse de -8.9% dans les exportations. Ces deux secteurs qui totalisent à eux seuls, plus de 50% de nos exportations sont une des causes de la baisse du rythme de croissance de l'économie tunisienne en 2009, comme ils étaient les moteurs de cette même croissance au cours des dernières années. Le secteur de l'énergie continue d'être un des secteurs-clés de l'économie nationale, grâce surtout à sa contribution dans les exportations. Il a représenté 5% du PIB national aux prix constant, et sa contribution a augmenté de 1.6% en 2009. Il continue d'être très affecté par les cours mondiaux qui jouent « une valse à plusieurs rythmes ».
Produit Intérieur Brut par secteur d'activité aux prix constant de 1990, pour l'année 2009 – (MD) Secteurs 1er Trim 2ème Trim 3ème Trim 4ème Trim 2009 AGRICULTURE ET PECHE 701,7 701,8 708,5 700,9 2812,9 INDUSTRIES MANUFACTURIERES 949,7 987,7 1010,8 1058,8 4007 ,,,Industries agricoles et alimentaires 197,7 196,9 188,2 194,8 777,6 ,,,Industries des mat, construct, et verre 107,9 106,4 105,2 115 434,5 ,,,Industries mécaniques et électriques 198,8 229,9 233,3 224,4 886,4 ,,,Industries chimiques 79,7 97 92,3 97,4 366,4 ,,,Industries textiles, habillement et cuir 213,4 208,7 247 271,1 940,2 MINES 37,8 28,4 30,7 24,8 121,7 ENERGIE 328,9 319,9 322,1 322,8 1293,7 BATIMENT ET GENIE CIVIL 301,4 294 297,4 301,9 1194,7 SERVICES MARCHANDS 2816,6 2869,9 3027,3 3109 11822,8 ,,,Transports et télécommunications 976,9 1039,6 1109 1171,6 4297,1 ,,,Hôtels, cafés, restaurants 278,5 270,1 295,7 304,9 1149,2 ,,,Consommation intermédiaire non ventilée en services financiers -315,9 -327,6 -349 -403,1 -1395,6 ACTIVITES MARCHANDES 4820 4874,1 5047,7 5115,2 19857 ACTIVITES NON MARCHANDES 805,9 827,8 808,6 864,1 3306,4 P,I,B ( aux prix du marché) 6289,5 6381,1 6536,2 6659,9 25866,7 Source : INS+calculs de l'auteur.
Une solidité confirmée : La lecture des résultats de la production nationale en 2009 confirme encore une fois la diversité de l'économie nationale et qui est la source de sa force. En effet, le secteur des services a pris le relais sur l'activité industrielle, qui a enregistré une baisse importante à cause de la crise économique mondiale. Ce sont surtout les secteurs du transport et des télécommunications qui ont tiré la croissance économique en 2009, pour arriver à enregistrer un solde positif de 3.1%. Les secteurs traditionnels de croissance, surtout au niveau de l'exportation, à savoir les IME et le textile habillement, ont largement affecté le résultat de la production nationale en 2009. C'est pour cette raison qu'ils ont eu droit à des mesures de soutien exceptionnelles. Les résultats du premier trimestre 2010, au niveau des exportations, affichent des signes de retour à la normale pour ces deux secteurs, et principalement pour le secteur des IME. Le secteur de l'agriculture et de la pêche continue d'être dépendant des aléas climatiques, plutôt que de la conjoncture internationale. Sa valeur ajoutée dans le PIB n'arrive pas à trouver un rythme constant, ni même pour se positionner comme un secteur qui peut prendre le relais en cas de crises. Les mesures présidentielles prises au cours de l'ouverture du congrès de l'UTAP contribueront certainement à booster la valeur ajoutée de ce secteur, en mal de vitesse, dans la croissance économique. Selon les analyses, l'économie tunisienne est dotée de bonnes perspectives de croissance pour la prochaine période. En effet, le rapport du Fonds Monétaire International, sur les perspectives économiques, a crédité la Tunisie d'un taux de croissance de 4% pour cette année et de 5% pour l'année prochaine, ce qui conforte les choix stratégiques de la Tunisie en matière de sortie de crise.