L'Union pour la Méditerranée officiellement initiée voici près de deux ans se voulait une nouvelle tentative de partenariat, compte à ce jour 43 pays membres à part entière. Actuellement, les échanges entre les pays de la région ne représentent que 5 % des exportations totales avec le reste du monde. Or, plusieurs conditions sont réunies pour réussir une intégration régionale : espace de cultures et de langues commun, complémentarités des économies, proximité géographique. Il existe pourtant une défaillance : Les pays arabes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) souffrent d'un manque crucial d'accumulation du capital. Or, la majorité de ces pays sont liés à l'Europe par des accords bilatéraux et entretiennent relativement peu de relations commerciales entre eux. La Méditerranée reste une zone de clivage Nord / Sud. Au nord, se trouvent généralement des pays riches, avec des poches de pauvreté relative comme les Balkans. Depuis plusieurs années, de multiples tentatives ont été lancées pour créer des relations plus positives entre les deux rives: Dialogue euro-arabe, Dialogue 5+5, Processus de Barcelone, Politique européenne de voisinage… avec des résultats modestes. A l'est, Israël est une enclave du “Nord”, incapable de trouver une issue constructive à la crise israélo-palestinienne. Le conflit israélo-palestinien pèse de tout son poids sur l'UPM. Six mois après le Sommet de juillet 2008, Israël lance l'opération « plomb durci » sur la bande de Gaza, entre le 27 décembre 2008 et le 17 janvier 2009. Nul besoin d'être stratège pour comprendre que cela a tendu les relations entre pays membres de l'UPM. Les réunions ont été suspendues pendant plusieurs mois. Plus récemment, l'assaut des forces spéciales israéliennes - le 31 mai 2010 - contre une flottille cherchant à percer le blocus de Gaza est venu rappeler à tous que la crise israélo-palestinienne impacte les relations dans la région. Si les maladresses initiales semblent dépassées par la volonté politique, cela n'impose pas une solution à la crise israélo-palestinienne. Ce qui risque d'obérer le développement de l'UPM. L'UPM : une opportunité à investir Or, l'UPM est une opportunité à investir. Ce qui manque à la rive nord : (le dynamisme démographique, les marchés, l'énergie), on le trouve à quelques centaines de kilomètres au sud ; réciproquement tout ce qui manque au sud : notamment la technologie, l'organisation, et le cadre favorable à l'investissement et la productivité, on le trouve sur la rive nord. L'UPM peut être donc perçu comme un laboratoire du nouveau modèle de développement, valorisant la diversité de ses civilisations, faisant face ensemble au terrible défi climatique de la région, inventant l'énergie de demain. La Méditerranée est une source de croissance durable, et un nouveau modèle de développement et de relations internationales. L'Asie orientale a montré la voie : elle a su construire des relations internationales sur un modèle nouveau, dépassant les approches classiques d'échanges Nord-Sud fondés sur la domination, la délocalisation et le partage inégal. Les mutations en cours, commandent de mettre en oeuvre les projets dans le domaine de l'eau, de la dépollution, de l'énergie et notamment de l'énergie solaire, du transport, des technologies numériques, de la formation, de la santé, des mobilités circulaires. Cela passe prioritairement par la construction d'un espace financier qui assure aux pays du sud et de l'est de la Méditerranée le flot des ressources et d'investissements nécessaires à une véritable convergence économique accélérée des deux rives. Les pays d'Asie de l'Est ont donné l'exemple et ont construit un espace commun fondé sur une économie productive, gagnant-gagnant, partageant de plus en plus la valeur ajoutée.