L'accent a été mis sur l'utilisation des biocarburants en tant qu'alternative pour limiter les impacts du réchauffement climatique. Deux brevets d'invention tunisiens pour la production de biocarburants à partir de la margine et des algues ont été présentés à cette occasion. Il existe d'importantes possibilités d'extraire du biocarburant à partir des déchets organiques dont la production annuelle atteint 6 millions de tonnes en Tunisie (déchets ménagers, boues liquides des stations d'épuration, fientes de volailles) ainsi que des végétaux. M. Karim Nefzi, ingénieur principal à la Direction des Energies Renouvelables à l'Agence Nationale pour la Maîtrise d'Energie, a indiqué que le projet pilote d'extraction du bio-gazoil à partir des huiles végétales usées, entrera en production fin 2010 avec une capacité de production de 5 mille tonnes par an. Ce séminaire, a été, l'occasion de présenter une étude intitulée "les potentialités agricoles et technologiques pour la culture du Soja", élaborée par l'étudiante Rahma Hammami de l'Institut National de Sciences Agronomiques de Tunis "INSAT". Les résultats de cette étude ont été exploités pour l'extraction du biodiesel de la plante du soja conformément aux normes internationales. Ce biodiesel a été utilisé avec succès dans la mise en marche d'un moteur pilote. Le chercheur Ali Sahli, professeur en bioclimatologie à l'INSAT, a indiqué, que cette réalisation, la première du genre au niveau national, a été concrétisée dans le cadre de la coopération entre l'Institut Préparatoire aux Etudes Scientifiques et Techniques de La Marsa, l'Ecole Supérieure des Industries Alimentaires de Tunis, l'Ecole Nationale d'Ingénieurs de Monastir et le pôle technologique de Borj Cédria. Cette étude a montré la possibilité de cultiver des variétés de soja, capables de s'adapter au climat, au sol et la qualité des eaux en Tunisie pour réduire l'importation des huiles de soja. A noter que les huiles du soja représentent 65% des huiles végétales importés par le pays. Les fourrages concentrés extraits du soja sont totalement importés. Les résultats de cette étude seront présentés dans le cadre de la semaine scientifique mondiale des sciences agricoles prévue du 29 août au 3 septembre 2010 à Montpellier en France. La Jatropha pour développer les biocarburants en Tunisie Des résultats d'études menées par des experts tunisiens et allemands ont été, également, présentés à cette occasion. Dans ces études, l'accent a été mis sur l'importance de développer la culture de la "Jatropha", une plante importée d'Asie et capable de produire de l'énergie, et pouvant être cultivée dans les terres marginalisées ou détériorées irrigués par les eaux recyclées. Ces études ont mis en évidence les différents champs d'application des biocarburants, les possibilités de leur développement ainsi que les orientations de la Tunisie en la matière (localisation des terres propices à la culture de la Jatropha) et l'exploitation des eaux traitées pour irriguer les cultures réservées à la production de biocarburants. En outre, le développement de la culture de la Jatropha pour la production des biocarburants va atténuer la pression sur les sources traditionnelles d'énergie et l'émission de gaz à effet de serre, tout en favorisant la préservation de la biodiversité, la lutte contre la désertification et l'exploitation, à bon escient, des eaux traitées. Ainsi, le volume des eaux usées qui a atteint dans la seule banlieue Nord de Tunis 200 mille mètres cubes par jour, atteindra, vers 2020, les 450 mille mètres cubes par jour. L'étude d'efficience technico-économique permettra de localiser les terres marginalisées pouvant être exploitées pour la culture de la Jatropha ainsi que l'estimation de la production du biocarburant, et ce, tout en tenant compte des besoins alimentaires des générations actuelles et futures. Toutefois, la prospection de nouvelles formes de production d'énergie notamment par le recyclage des ordures ménagères, de margine, de déchets avicoles et de réexploitation des eaux usées constitue un choix stratégique pour la Tunisie, l'ultime but étant de garantir au pays la sécurité énergétique et de le préserver des effets pervers de la pollution et des changements climatiques.
Les biocarburants en Tunisie: Innovation et Perspectives Les énergies renouvelables représentent actuellement moins de 0,5% de la consommation d'énergie primaire en Tunisie et le potentiel de valorisation de ces énergies peut être augmenté à 19 Mtep à l'horizon 2030, soit une part de 6, 5% de la consommation d'énergie (énergies éolienne, solaire thermique, photovoltaïque et biomasse). Les biocarburants sont des carburants d'origine végétale issus de la biomasse. On les produit à partir de végétaux ou de plantes cultivés dans ce but, ou de déchets organiques. Ils possèdent des propriétés proches de celles de certains dérivés du pétrole et peuvent parfois s'employer directement dans des moteurs diesel ou des moteurs à essence ; ils se substituent partiellement ou totalement (ex: avec les HVP, la terminologie européenne est «huile végétale pure») aux carburants pétroliers, notamment pour faire rouler les véhicules équipés d'un moteur «Flex Fuel» (ou « polycarburant»). Aujourd'hui les principaux biocarburants, en termes de production, sont le méthane, le bioéthanol et le biodiesel. Ils sont produits au Brésil aux Etats-Unis et en Europe à partir de canne à sucre, betteraves, blé, maïs, huile de colza, huile de tournesol, etc. Un des avantages des biocarburants est de réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux carburants conventionnels de 15 à 90 % avec les biocarburants purs utilisés. L'utilisation des biocarburants permet aussi de réduire les émissions de certains polluants locaux (SO2, NOx). Il reste que la production de biocarburants peut aussi s'avérer non «écologique» ou non durable, si les matières premières sont produites grâce à une agriculture intensive qui entraîne un épuisement des nappes phréatiques et la pollution des eaux par l'usage d'engrais et pesticides. D'autre part, et c'est le principal inconvénient de ces biocarburants dits de première génération, c'est qu'ils font concurrence à l'alimentation d'où l'augmentation du prix des produits alimentaires de première nécessité tels que le blé, l'orge et le maïs. Tenant compte de ces inconvénients et dans le cadre de la valorisation des produits naturels tunisiens, une équipe de chercheurs a réussi à extraire du bioéthanol à partir de végétaux ligniocellulosiques tunisiens tels que l'Agave Americana, les raquettes de figuier de barbarie nécessitant peu d'eau et pas du tout d'engrais ni de pesticides pour leur croissance. Dans d'autres cas, il s'agit de déchets tels que les pelotes de Posidonia Oceanica (végétal marin) que l'on trouve rejetés sur les plages ou un sous-produit de l'industrie oléicole : les grignons d'olive. Ces matières premières de nature lignocellulosiques et bien d'autres sont abondants dans les pays semi arides et en voie de développement comme la Tunisie; ils constituent une source d'énergie renouvelable. Le procédé déjà breveté par l'unité de recherches permet d'obtenir jusqu'à 16% de bioéthanol par rapport à la masse de la biomasse. Le passage à l'échelle industrielle de ce procédé doit se faire par des essais pilotes. La réussite d'un tel procédé pourrait générer une activité économique intense ainsi que la création d'emploi notamment dans le sud tunisien.