Les Bourses de New York et Toronto évoluaient en forte baisse lundi en réponse à l'abaissement de la note des Etats-Unis, les investisseurs préférant se réfugier sur les actifs les moins risqués, dont le marché obligataire... Vers 13h30, le Dow Jones Industrial Average lâchait 330 points (2,88%), à 11 115 points. L'indice vedette a même perdu jusqu'à plus de 3%. Le Nasdaq, à dominante technologique, cédait 102 points (3.98%) à 2431 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 reculait de 3,82% (ou 46 points) à 1154 points.
À Toronto, le S&P/TSX reculait de 298 points (2,45%) à 11 864 points à mi-séance. Les secteurs des métaux (-6,4%), de l'énergie (-5,3%), de la santé (-3,2%) et des financières (-2,8%) plombaient le principal indice torontois. Le pessimisme a rapidement repris le dessus après l'annonce dès vendredi soir par l'agence de notation Standard and Poor's, d'un abaissement de la note des Etats-Unis d'un cran, de «AAA» à «AA+».
«Les marchés boursiers sont mis en danger, parce qu'ils étaient déjà en plein désarroi, et l'abaissement est un choc supplémentaire pour des investisseurs nerveux», a observé Nigel Gault, de IHS Global Insight.
Le marché obligataire, directement concerné par l'abaissement de la note américaine, semblait en revanche plus imperméable à la décision de S&P. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue à l'inverse des prix, reculait à 2,370% contre 2,558% vendredi soir, et celui du bon à 30 ans à 3,703% contre 3,823%, indiquant que le marché était en très forte hausse.
«La réalité est que la dette américaine est toujours un bon investissement. Les Etats-Unis sont l'économie développée la plus diverse, liquide et maléable et les bons obligataires détiennent la position enviable d'être le plus grand marché du monde», ont souligné les analystes de Briefing Research.
Le bon du Trésor à 10 ans a chuté en cours de séance jusqu'à 2,353%, son plus bas niveau depuis octobre. Wall Street de son côté sortait déjà d'une semaine déjà difficile au cours de laquelle le Dow Jones avait perdu 5,75%.
«Le marché boursier est bien plus susceptible de se replier massivement que le marché obligataire», a estimé de son côté Lindsey Piegza, de FTN Financial. Le repli récent des indices «a été provoqué par les craintes de voir l'économie américaine encore plus affaiblie au troisième trimestre», ce qui a tendance à favoriser les bons du Trésor.
Les investisseurs devaient faire face à un environnement très incertain d'une manière générale, en Europe également.
«Franchement, avec les problèmes persistants de la zone euro et l'affaiblissement des statistiques économiques aux Etats-Unis, il va être difficile d'isoler l'effet de cette décision dans les flux de capitaux dans les jours à venir», a observé Nicholas Colas, de ConvergEx.
Anticipant une forte volatilité sur les marchés, l'opérateur boursier NYSE Euronext a invoqué une règle peu utilisée avant l'ouverture afin de faciliter les échanges. La «règle 48» suspend certaines obligations auprès des courtiers juste avant l'ouverture afin de permettre que celle-ci se fasse plus rapidement.
Côté entreprises, Bank of America signait la plus forte baisse des composants du Dow Jones, avec une dégringolade de 13,95% à 7,03 dollars. L'assureur AIG (-7,33% à 23,26 dollars) va assigner l'établissement financier devant un tribunal de New York pour recouvrer les pertes liées à des titres adossés à des prêts hypothécaires que la banque et ses filiales ont vendus.
Les secteurs les plus touchés étaient une fois de plus l'énergie, l'industrie et la finance. AGENCE FRANCE-PRESSE