Dans un article publié dimanche 24 juin 2012, Abdelbari Atwan, rédacteur en chef du quotidien paru dans le journal “El Qods El Arabi”, a donné son avis à propos de l'affaire de l'extradition de Baghdadi Mahmoudi et ses répercussions sur la Révolution Tunisienne et la démocratie dans le pays. Selon lui,”la décision du Gouvernement tunisien d'extrader Baghdadi Mahmoudi, l'ex-premier ministre sous le régime de Kadhafi, représente une tache noire dans l'histoire de ce Gouvernement, car quels que soient les motifs, cette extradition constitue une violation des traités des droits de l'homme. Pour connaître la gravité de cette décision, imaginez si La Grande Bretagne a extradé Cheikh Rached Ghannouchi, qui y était en réfugié politique pendant l'ancien régime et qui a été accusé de terrorisme et de déstabilisation du pays. Il suffit de rappeler qu'Abdelhakim Belhadj, chef de l'armée de la ville de Tripoli, poursuit actuellement en justice le Gouvernement britannique et demande une indemnisation, après que les services de renseignements britanniques l'ont remis au Gouvernement du colonel Kadhafi, où il a été emprisonné et torturé pendant plusieurs années. Moncef Marzouki, qui a été pendant plus de 30 ans un fervent défenseur des Droits de l'Homme, a commis une faute fatale quand il n'est pas intervenu pour empêcher cette décision catastrophique qui a nui à la Tunisie et à sa Révolution. Le fait que Marzouki n'a pas signé la décision de l'extradition ne le dispense pas de sa responsabilité et il doit démissionner de son poste entant que Chef de l'Etat. Certes, Baghdadi Mahmoudi appartient à un système qui a violé les Droits de l'Homme et a torturé des innocents et a tué un grand nombre d'entre eux, mais la Révolution en Libye s'est déclenchée pour défendre les droits de l'homme, et pour construire un pouvoir judiciaire équitable et indépendant. Toutefois, la situation actuelle en Libye est chaotique et régie par les milices armées, ce qui constitue une contradiction avec la décision de l'Etat en Tunisie, pays sur la voie de la démocratie basée sur la préservation des droits de l'homme. Le Gouvernement tunisien aurait peut être procédé à l'extradition de Mahmoudi pour satisfaire le Gouvernement libyen de transition et d'acquérir des avantages économiques tels l'ouverture du marché du travail libyen devant les chômeurs qui ont atteint 1 million et afin d'obtenir des prêts et des aides financières, mais cela n'est pas justifié. Puisque dans les pays démocratiques, la préservation des Droits de l'Homme prédomine les considérations et les intérêts économiques. A rappeler que le Gouvernement britannique a rejeté les menaces saoudiennes d'annuler la convention «El Yammam» pour l'achat des avions militaires d'une valeur de plus de 45 milliards de livres (75 milliards de dollars), s'il n'expulse pas deux dissidents saoudiens de son territoire. Il s'agit de Mohammed Al Massaari et de Saad Al Faqih dont les vies auraient été mises en danger en cas de leur expulsion du territoire britannique. Le principe le plus important est la démocratie et la préservation des droits de l'homme ainsi qu'un système judiciaire indépendant et équitable” a rappellé Abdel Bari Atwan.