L'acte de vandalisme qui a touché hier dimanche, le petit monument érigé le jour même par des artistes, en la mémoire de Chokri Bélaïd, à l'endroit où il a été abattu dix jours auparavant, est un acte lourd de sens et de conséquences. En effet, les barbares qui se sont attaqués à un petit bout de bois, pas encore séché, savaient très bien, que tuer un homme ou saccager une statuette, ne viendra jamais à bout de la mémoire de l'homme, à jamais, incrustée dans la mémoire collective du peuple. Ils auront beau tuer l'homme, déchirer ses portraits, saccager sa statuette, tous ces actes ne feront que renforcer l'image et le rang de martyr atteints par le défunt. Par contre, ce à quoi aurait servi cet acte de vandalisme, c'est de montrer avec quelle aisance, on pouvait accéder au bas de l'immeuble où résident la veuve et les filles de feu Chokri Bélaïd. Les malfaiteurs ont donc eu loisir à se promener sous les fenêtres de l'appartement de Basma Belaïd, et de perpétrer leur forfait, ni vus ni connus. Ce qui démontre que la requête de Basma Belaïd de bénéficier d'une protection policière parce qu'elle se savait menacée, elle et ses filles, n'a pas été prise en considération par le ministère de l'intérieur. Et l'acte de vandalisme laisse prévoir le pire, dans le sens où, son impunité laissera la porte ouverte à d'autres exactions, et encouragera ceux qui en veulent toujours, à la mémoire de Chokri Bélaïd, à passer à des actes ô combien plus graves.