Elle fût une des premières à avoir épinglé l'absentéisme des députés de l'Assemblée Nationale Constituante. Amira Yahiaoui, présidente de l'assocation « La Boussole » (Al Bawssala) et leader de l'observatoire du travail parlementaire « Al Marssad » a dressé dans un entretien avec le journal en ligne « Rue 89″ le bilan de la constitution. Publié le 1er juin, le projet de la constitution doit encore être débattu article par article lors des séances plénières, ce qui laisse déjà poindre quelques remous. Considérant comme normal voire même comme « légitime » le temps pris dans le débat, Amira Yahiaoui a pointé le manque de vision des constituants qui ont « souvent raisonné en terme de calculs politiques à court terme » a-t-elle déploré. « Le préambule fait référence quatre fois à l'identité religieuse du peuple tunisien. C'est une surenchère identitaire où chacun veut montrer qu'il est plus musulman que l'autre » a-t-elle exposé et de poursuivre qu'«on a voulu apporter par la Constitution des réponses à des problèmes conjoncturels, comme si c'était une loi». Toutefois, elle a estimé que l'absentéisme des députés « aura un impact sur la constitution » et en la matière c'est les députés de l'opposition qui détiennent le record. Ils ont été les « moins assidus » a-t-elle affirmé. En concédant que le flou règne toujours sur la constitution, Amira Yahiaoui a affirmé que « tout est encore possible » et que la bataille engagée sur certains articles controversés comme ceux se référant au droit syndical ou au caractère islamique de l'état peut encore être gagnée. Elle a évoqué, en outre, le décalage du peuple par rapport à sa propre constitution et a épinglé en cela le président de l'ANC, Mustapha Ben Jâafer. « Le rêve que constituait cette Assemblée a été tué et c'est lui (Mustapaha Ben Jâafer) le premier responsable ». Abordant en dernier lieu les prochaines échéances électorales, Amira Yahiaoui a écarté l'hypothèse de la fin de l'année 2013. »Mon pronostic est qu'elles n'auront pas lieu avant le printemps 2014″ a-t-elle déclarée et de justifier »que les élections doivent être très bien organisées pour être inattaquables parce que le perdant va forcément dire qu'il y a eu fraude pour contester les résultats » a-t-elle conclu.