Quatre personnes ont été tuées dans une embuscade terroriste à Jendouba le dimanche. Trois agents de la garde nationale et un civil, le premier depuis l'essor de ces mouvances extrémistes et la prolifération des actions terroristes. Plus qu'un acte de représailles, le traquenard mis en place par les terroristes de Jendouba scelle un nouvel modus operandi de ces groupes qui nous renvoie à ceux employés en Algérie à savoir les faux barrages. Le fléau du terrorisme franchit chaque jour un nouveau seuil plus pernicieux que les précédents. L'attentat de ce dimanche nous rappelle, que malgré les récents succès sécuritaire, ce cancer nous guette et nécessite plus que des opérations coups de poing pour son éradication. Enrayer le terrorisme est un combat de longue haleine où les volets sécuritaire, judiciaire, politique et culturel se pèlent mêlent. Car désormais nous en avons disséqué les causes, le terrorisme est une idéologie, une doctrine totalitariste, une nébuleuse dont les systèmes de financement sont inextricables. En Tunisie, l'islamisme a gagné du terrain quand l'islam en a perdu dopé par l'accession au pouvoir d'un mouvement islamiste, le quel a en deux ans instillé sa pensée mortifère en surfant sur la vague des questions ô combien clivantes de l'identité. Nourri par les affres de la marginalisation, de la pauvreté et de l'exclusion, l'islamisme est brandi comme l'ultime planche de salut de jeunes en désarroi, partant à la dérive. Des ligues s'autoproclamant garantes de la révolution, des associations promettant la vertu et prévoyant contre le vice, quelques médias faisant l'apologie du terrorisme pèsent de tout leur poids dans l'orientation et l'influence des présentes et futures générations. Le constat est sans appel, il est lourd et nombreuses ont été les failles qui ont permis à ces groupes de s'engouffrer dans la brèche. Beaucoup fustigent le laxisme, la connivence et les accointances des sécuritaires mais l'heure n'est plus aux reproches, aux procès et à la complainte. Un impératif s'impose. Il nous appelle tous à s'unir dans la lutte. Une lutte sur tous les fronts. Sécuritaire d'abord. Présents ce soir sur le plateau de Nessma Tv, les sécuritaires ont réclamé davantage de moyens dans une guerre qui s'annonce sans merci. Ils le martelaient depuis des mois. On ne traite pas les affaires liées au terrorisme comme celles se rapportant au droit commun. Un terroriste n'est pas un justiciable comme les autres. Dès lors qu'il porte les armes contre ses concitoyens, contre les soldats de la nation et menace même ses fondements, il devient un ennemi. Le terroriste n'est pas un criminel commun. Une loi et un juge anti-terroriste ont été présentés comme une des méthodes conformes pour la lutte contre cette gangrène. Aussi, la mise en place d'un service de renseignement s'adaptant aux dispositions internationales en la matière a-t-il été recommandé par plusieurs responsables sécuritaires et politiques. Néanmoins, l'approche sécuritaire de ce fléau ne doit pas maquiller le combat à long terme. Un combat politique, un combat de prévention et de sensibilisation contre un poison qui se distille doucereusement dans les écoles, les mosquées et partout dans la société. La dissolution des Ligues dites de la protection de la révolution, la neutralisation des mosquées et la révision de toutes les nominations partisanes au sein de l'institution sécuritaire ne figurent-elles dans les points fixés par la feuille de route ? Le gouvernement de Mehdi Jomâa a été élu afin de répondre à une urgence, il a reçu un préjugé favorable parce que remplaçant au pied levé une Troïka honnie et vouée aux gémonies par ses échecs. Les premières actions fortes se font attendre. Il s'agit de fixer un cap car la transition démocratique en Tunisie n'a pas encore triomphé de tous les écueils.