Il fut un temps où Tunisair, la compagnie aérienne nationale, était comptée parmi les plus florissantes, et qui égrenait les bénéfices même pendant les périodes les plus rudes de crise du transport aérien. Et voilà que depuis un certain janvier 2011, la Tunisair a commencé à avoir du plomb dans l'aile, grâce à l'acharnement de plusieurs parties, conduites par une centrale syndicale qui croyait certainement bien faire. Et du coup à force de recrutements, d'augmentations salariales, de rattachement de sociétés satellites, la compagnie se trouve actuellement dans une situation qu'il ne faudrait pas avoir peur de qualifier de désastreuse. La Tunisair qui se permettait jadis de « passer » des liquidités aux autres secteurs en difficulté, se trouve de nos jours, grâce à l'excellente gestion des gouvernements (amateurs) de la post-révolution, dans une situation où elle va être obligée de passer par le moulinet de plans de redressement et de restructuration douloureux. D'ailleurs, à ce sujet, il faudrait faire gaffe, et tirer les leçons de cette mise à mort programmée d'une compagnie nationale. Car sa gestion n'est en fait, qu'un modèle réduit de tout ce qui a été opéré à l'échelle nationale au niveau des grandes compagnies nationales (La compagnie des phosphates, par exemple) comme au niveau des entreprises et établissements publics, qui agonisent sous le poids des milliers de recrutements abusifs pour des fins partisanes, et de l'incorporation des bénéficiaires de l'amnistie générale, comme du recrutement intempestif des agents qui étaient employés par les sociétés de sous-traitance. Donc, cette « faillite » de la Tunisair, ne présage rien de bon pour le reste du pays. Et pour tenter une opération de repêchage, le ministère de tutelle a jugé opportun de désigner aux commandes de la compagnie deux hommes, en l'occurrence, Jalloul Ayed ex-ministre des finances sous BCE, dans le fauteuil de président du conseil d'administration, et Mokhtar Mnakri, actuel patron de Tunisie Télécom, au poste de directeur général. Or, ces deux messieurs ne vont pas avoir la vie facile aux commandes de Tunisair, puisqu'il leur incombera le rôle ingrat de procéder aux découpes dans le personnel et aux mesures douloureuses de redressement. Et puis le choix du ministère de tutelle sur ces deux hommes est-il le plus judicieux ? Notamment pour Mokhtar Mnakri qui risque de se retrouver hors de son milieu de prédilection, lui qui avait toujours évolué dans le milieu des technologies de communication entre Alcatel et Tunisie Télécom. D'ailleurs, au cours de son passage par la direction de cette dernière, on ne l'a pas vu opérer des changements conséquents après le départ de son prédécesseur. Saura-t-il, avec aisance, venir à bout des tâches colossales qui l'attendent à Tunisair. De toutes les manières, nous ne pouvons que croiser les doigts, et souhaiter beaucoup de chance et de courage à ces deux messieurs.