Sans être expert en droit, ce qui n'empêche pas d'user de bon sens pour en lire les énoncés dans la mesure où les textes juridiques relèvent avant tout de la logique et de la cohérence, le projet de loi portant création de chambres judiciaires spécialisées, habilitées exclusivement à statuer sur les affaires des martyrs et blessés de la révolution, interpelle à plus d'un titre. Les chambres judiciaires spécialisées ne sont-elles pas en fait des tribunaux d'exception ? Auquel cas, on pourrait conclure que la loi en question viole la Constitution, d'où son illégalité. A moins qu'il y ait une interprétation, une lecture ou un montage juridique permettant de contourner sinon lever ces lignes d'antinomie. En effet, l'Article 110 de la nouvelle Constitution stipule que » Sont interdites, la création de tribunaux d'exception et l'édiction de procédures exceptionnelles de nature à porter atteinte aux principes d'un procès équitable ». Sous cet angle constitutionnel, comment devrait-on lire les dispositions portant création de chambres judiciaires spécialisées ? En cas de compatibilité, la question ne se pose même pas. En revanche, si les textes en questions s'avèrent contradictoires, et compte tenu du principe de la hiérarchie des lois, il y a lieu de parler d'entorse à la Constitution. En tout état de cause, les hommes de loi et les spécialistes du droit sont appelés à plancher sur cet aspect et à livrer un point de vue tranchant sur ce qui pourrait être un imbroglio juridique. En outre, l'instance provisoire du contrôle de la constitutionnalité des projets de lois, prévue par l'article 148 de la Constitution, dont la loi vient d'être adoptée à l'ANC, n'est pas encore fonctionnelle. Ce qui ajoute une couche de confusion à la problématique, le cas échéant.