Tout le monde s'accorde à dire que la situation économique du pays est, on ne peut plus, catastrophique. Et tout le monde s'accorde pour dire qu'il devient plus qu'urgent d'entamer les actions à même de sortir le pays de ce bourbier. Faute de quoi, c'est la porte ouverte à toutes les éventualités, y compris les plus rocambolesques. Mais, malheureusement, force est de constater que le brillantissime gouvernement du non moins brillantissime Mahdi Jomâa, ne semble pas, le moins du monde, pressé pour entamer les vraies actions, en profondeur. Il se limite jusqu'à présent à des bribes de propositions qui ne sont aucunement de nature à résoudre le problème. Ce n'est certainement pas en augmentant les prix des produits de première nécessité, et rendre la vie encore plus intenable au citoyen, qu'on va pouvoir sauver l'économie du pays. Ni en annulant la caisse de compensation, au risque de jeter dans la misère et la famine des milliers de familles. Ni, non plus, en nous sortant la scène tragi-dramatique de l'héroïsme de Marzouki ou des ministres qui sont prêts à sacrifier une part de leurs salaires au profit des caisses de l'Etat. Il faudra bien que Mahdi Jomâa se réveille et qu'il se rende compte, enfin, qu'il est chef du gouvernement, donc, qu'il est habilité, et même appelé, à aller bien au-delà du diagnostic de la situation qu'il nous a lancé, comme çà, à la gueule, pour dire que le pays est en faillite. Il est d'abord appelé à chercher la cause de cet état de choses, à en identifier les responsables, quitte à leur demander des comptes devant tout le monde. Il faudra bien que ceux qui ont mis les caisses de l'Etat à sec rendent, un jour, des comptes à la nation. Et, à propos, le peuple en a marre de la ritournelle que Bourguiba et Ben Ali sont responsables de cette faillite, car tout le monde sait que malgré tout ce qu'on pourrait lui reprocher, Ben Ali a laissé les caisses du pays bien remplies, et les réserves pour les cas de force majeure bien nanties. Tout le monde concède que ce sont les milliers de recrutements abusifs, et les augmentations salariales intempestives qui ont déséquilibré les finances du pays. Sans compter les milliards qui ont été dépensés pour amadouer les partisans des partis au pouvoir, sous forme de compensations diverses, ni les milliards qui ont été détournés au profit d'organisations aux desseins aussi louches que leurs financements. Qu'attend le gouvernement pour secouer les dossiers qu'il a sur la table ? Tout le monde sait que la solution passe, obligatoirement, par l'investissement privé. Et ce n'est pas en faisant la quête auprès des citoyens qu'on va pouvoir faire redémarrer la roue de l'économie. C'est quoi cette manie de prendre au contribuable d'une main, pour lui redonner de l'autre ? Est-ce comme çà qu'on crée la richesse ? Il faudra, sans plus tarder, prendre à bras le corps, le problème des hommes d'affaires menacés de toutes les exactions. Il faudra régler leur situation, une fois pour toutes, et leur donner la possibilité de se racheter, si besoin est, en investissant dans les différentes régions du pays, selon les priorités de chacune d'elles. Et d'orienter ces efforts vers les secteurs porteurs, avec une forte employabilité et une bonne rentabilité sur le plan de la balance commerciale. D'ailleurs, les projets de ce type sont archi connus. Ils ont été préparés et ficelés depuis des années dans le cadre des plans quinquennaux. Ils ont été délibérément négligés par les ministres des gouvernements de la Troïka, qui se sont empressés de mettre la main sur les dossiers de ces projets, et de les prendre chez eux, en prévision de les sortir à l'occasion des prochaines échéances électorales. Certains de ces ministres ont, même, été pris de vitesse, par les décisions du dialogue national, et ils ont été obligés de rechercher ces dossiers de développement, au dernier moment, dans les tiroirs de leurs bureaux, pour les ramener « à qui de droit ».