Sitôt sa candidature déposée, sitôt Marzouki tombe dans les « couacs » de son équipe qui devient, décidément, par trop, brouillon. En effet, Adnène Mansar ex-porte parole de Marzouki, fraichement promu directeur de sa campagne électorale, s'est donné, aujourd'hui au cours d'une conférence de presse, beaucoup de mal pour assurer que Moncef Marzouki se présentait à ces élections en tant que candidat « indépendant ». Mansar qui donnait, à l'occasion, le coup d'envoi d'une campagne qui n'est, toujours, pas légalement supposée commencer, semble donner des signes de faiblesse, notamment en matière de mémoire. Car il semble avoir oublié qu'il avait annoncé il y a quelques semaines, au décours du dernier congrès du CpR, que Moncef Marzouki était officiellement et solennellement, « LE » candidat du parti. Mais il semblerait qu'après mures réflexions, Marzouki ait décidé de se défaire de ce lourd fardeau que risquait de représenter pour lui l'héritage de ce parti désormais honni de beaucoup de tunisiens, et de se présenter sous de meilleurs auspices en tant que candidat indépendant et libre. Libre, surtout, de ce sacré boulet qui allait assurément l'entraver. Et voilà, donc, le pauvre Adnene Mansar piégé par le manque de coordination et la hâte et la précipitation qui a (d'ailleurs, de tous temps) caractérisé la communication du CpR. Il aura fallu, donc, un coup de génie dont seul Mansar était capable, pour dépasser cette contradiction qui risquait d'en troubler plus d'un. C'est ainsi que Mansar a du étayer sa thèse du candidat indépendant, et effacer la proposition par le CpR de Marzouki, en prétendant que son parti allait soutenir plusieurs autres candidats aux présidentielles (?!). D'ailleurs il a affirmé que des députés du CpR avaient déjà soutenu la candidature d'Ahmed Najib Chebbi et de Hamma Hammemi soulignant que le parti n'est certainement pas favorable à la proposition d'un seul candidat consensuel. Çà c'était sur le plan des paroles. Mais sur le plan des faits, il en était tout autrement. En effet, pour accompagner le candidat Marzouki lors du dépôt de sa candidature, il y avait la crème du CpR, venue soutenir « SON » candidat, et, notamment, les députés Samir Ben Amor, Haythem Belgacem et Bechir Nefzi, Abdelwahab Maâtar, ancien ministre des gouvernements Jebali et Laârayedh, et Imed Daïmi, le secrétaire général du parti. Et pour donner plus de poids et de crédibilité à l'indépendance du candidat Marzouki, auquel on reprochait sa trop forte allégeance à Ennahdha, il y avait présents au moment du dépôt de la candidature, entre autres, Néjib Mrab, député d'Ennahdha, de même que Ridha Chaïbi, démissionnaire d'Ennahdha et fondateur du parti Al Binaa Al Watani (« La construction nationale ») qui avait, en effet, annoncé dans un communiqué publié hier, vendredi 19 septembre, qu'il soutenait la candidature de Moncef Marzouki pour l'élection présidentielle. Et peut-être même, qu'en y regardant de plus près, on aurait pu identifier quelques uns des « amis » relevant de certaines funestes ligues. Donc, finalement, Moncef Marzouki sera un candidat indépendant. Indépendant, surtout du CpR, dont les membres sont allés soutenir d'autres candidats, et indépendant d'Ennahdha dont aucun représentant n'était présent ce samedi au siège de l'ISIE.