Un président dans la peau d'un candidat à sa propre succession. On savait la difficulté qui incombait à un dirigeant politique à la double casquette d'un président en exercice à celle d'un candidat ayant la lourde responsabilité de défendre son propre bilan de 3 ans. Néanmoins, et grâce au concours de circonstances favorable dont jouit actuellement le président provisoire, Moncef Marzouki, on en viendrait presque à dire qu'il est aisé de s'exonérer de ses erreurs et turpitudes en tordant un tant soit peu la réalité et en invoquant la difficile transition à chaque passage. Désigné en 2011 par la majorité de l'Assemblée nationale constituante, le président de la République, Moncef Marzouki, dont la mission était pour l'essentiel honorifique, sera soumis au suffrage universel le 23 novembre prochain. Il s'était jusqu'à alors inscrit en porte à faux d'un attribut indispensable louable chez les hommes d'Etat à savoir le rassemblement. En divisant les tunisiens en deux catégories, en invectivant les journalistes, en promettant la potence à ses opposants sur des médias étrangers et en cédant aux relents, le président provisoire de la République avait dénommé clairement sa stratégie de président en campagne. Et face à un animateur pour le moins partial, Moncef Marzouki pouvait balayer toutes ces accusations d'un revers de main dans un parfait exercice d'auto blanchiment. Le spectre de l'enquête exclusive de M6 planait sur le plateau d'Al Hiwar Etounnsi. En deux semaines, le président sortant s'est offert deux tribunes pour enjoliver son bilan et s'extirper des épines qui lui restent, toutefois, dans le pied. Défendant son bilan, Moncef Marzouki a estimé que « la Tunisie a réalisé 50% des objectifs de la révolution en un temps record ». Sur la dégringolade économique, le président a répondu que la Tunisie devait d'abord s'atteler à la construction d'un état démocratique. La Tunisie en a jeté les bases en se dotant d'une constitution, a jugé le président sortant. « Il était impossible de construire quoi que ce soit sans consensus » a martelé Moncef Marzouki justifiant son alliance avec Ennahdha au sein de la Troïka. Le président s'est targué d'avoir permis une équation qui avait amené à un équilibre politique. Moncef Marzouki s'est, par ailleurs, insurgé contre le retour des caciques de l'ancien régime en appelant à les exclure par les urnes.