Au cours des dernières semaines, nombreux étaient les noms des médecins, plus ou moins illustres, qui, disait-on, étaient proposés pour occuper le siège du prochain ministre de la santé. Si ce cette obstination dans le choix d'un médecin pour le poste du ministre de la santé se révèle exacte, cela voudra, tout simplement, dire, que ces messieurs les « sauveurs » de la Tunisie, les limiers de la deuxième République, n'ont pas compris grand-chose aux maux, et donc, à leurs remèdes, qui rongent la société et l'administration tunisiennes. Car de l'avis de presque tous les spécialistes au niveau mondial, il est aberrant de confier la destinée du département de la santé à un médecin. D'ailleurs, parmi les recommandations les plus pressantes de l'Organisation Mondiale de la Santé, nous trouvons celle de ne pas confier la direction du département, ni même du moindre hôpital, à un médecin. Car ce ministre se trouvera, de fait, dans une situation de juge et parti, quand il sera question de trancher en faveur ou contre les intérêts de ses confrères. Ses décisions seraient plus dictées par des considérations d'intérêts propres au métier, que par des considérations d'intérêt général du ministère et de la nation. Mais mis à part tous ces avis et toutes ces recommandations, l'expérience en Tunisie a démontré que les deux seules périodes où les affaires de la santé publique ont pu décoller un tant soit peu du marasme dans lequel elles pataugent, çà a été au cours des mandats des ministres gestionnaires, dans le sens large de gestion des hommes et des dossiers, non médecins, en l'occurrence messieurs Dali Jazi et Mondher Zenaïdi. Par ailleurs, tout le monde sait, à force de l'entendre crier partout, que nos toubibs, en Tunisie ne manquent pas de compétence, ils en ont plutôt à revendre. Et ils feraient des jaloux, partout dans le monde ! Donc, le problème de la santé en Tunisie, car, entendons-nous là-dessus, il y a bien problème, est non pas un problème de compétences et de performances scientifique, mais plutôt, un problème de mauvaise gestion de ces compétences et des moyens matériels et financiers mis à la disposition de cette machine scientifique. Morale de l'histoire, ces messieurs qui sont en train d'assurer le « casting » des membres du futur gouvernement, feraient bien d'y penser par deux fois avant de confier le secteur de la santé, déjà mal en point, à un homme (ou une femme) en blouse blanche. Il leur suffirait, d'ailleurs, pour en être, une fois pour toutes, convaincus, de passer en revue les « performances » de ces Docteurs qui ont chapeauté le ministère de la santé en Tunisie, ces dernières années, pour se rendre compte qu'il vaudrait mieux chercher ailleurs l'oiseau rare qui pourrait sauver le secteur de la déliquescence qui le mine.